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Le Christ, afin de vous prouver que nos victoires ne sont pas une conséquence de l’ordre des choses, ruais qu’elles sont, au contraire, en contradiction avec cet ordre et avec la nature. L’Église est plus solide que le firmament.
Mais peut-être le gentil m’accuse-t-il d’orgueil : qu’il attende ma démonstration, et il se convaincra alors de la force de la vérité : il saura qu’il est plus aisé d’éteindre le soleil que d’anéantir l’Église. Qu’est-ce qui proclame cela ? dira-t-on. Celui qui l’a fondée : « Le ciel et la terre passeront : mais mes paroles ne passeront point. » (Mt. 24,35) – Il ne s’est pas borné à faire cette prédiction ; il l’a réalisée. Pourquoi a-t-il établi l’Église plus solidement que le ciel ? Parce que l’Église est plus auguste que le ciel. Pourquoi le ciel a-t-il été fait ? Pour l’Église, et non pas l’Église pour le ciel. Le ciel existe pour l’homme, et non l’homme pour le ciel. C’est ce qui résulte des actes du Christ lui-même, qui ne s’est pas revêtu d’un corps céleste. Mais de peur de laisser, aujourd’hui encore, une dette à payer, si nous prolongions trop ce discours, hâtons-nous d’acquitter celle que nous avons contractée hier. C’est en considération des absents que j’ai différé jusqu’à ce jour. Mais puisqu’ils se sont rendus aujourd’hui où les appelait leur devoir, et que leur présence nous permet de ne rien épargner pour notre festin, il est temps de servir le repas : pour être d’hier, il n’en sera pas plus mauvais. En effet, il ne s’agit pas ici de viandes sujettes à se gâter, mais de pensées dont la fraîcheur est éternelle. Les viandes se corrompent, comme tout ce qui tient au corps : mais le temps ne fait que donner plus de saveur aux pensées.
Qu’est-ce donc que nous disions hier ? Car nous nous sommes hier déjà, assis à la table mais les absents n’y perdront rien. « Et il arriva dans l’année où mourut le roi Ozias, que je vis le Seigneur assis sur un trône élevé et sublime. » Qu’est-ce qui dit cela ? Isaïe, le contemplateur des séraphins : il était marié ; ce qui n’éloigna pas de lui la grâce. Vous avez écouté, vous avez entendu ce que nous dit aujourd’hui ce Prophète : « Sors, toi, et Jasub ton fils. » – Ne passons pas légèrement là-dessus. Sors avec ton fils : Le Prophète avait donc un fils ? mais s’il avait un fils, il avait donc une femme ? Apprenez par là que le mariage n’est pas un mal : le mal, c’est la fornication. Cependant, venons-nous à dire à certaines personnes : pourquoi ne pas vivre comme il faut ? pourquoi ne plus mener une existence régulière ? On nous répond : le puis-je, à moins de renoncer à ma femme, à mes enfants, à mes affaires ? Que dites-vous ? Est-ce donc un obstacle que le mariage ? Votre femme vous a été donnée comme une auxiliaire, et non comme une ennemie. Le Prophète n’était-il pas marié ? Mais son mariage n’empêcha point l’Esprit de le visiter : il habitait avec une femme, et néanmoins il était prophète. Et Moïse, n’avait-il pas une femme ? Cependant il brisait des rochers, il commandait aux airs, il s’entretenait avec Dieu, il apaisait la colère divine. Et Abraham, n’était-il point marié ? Néanmoins des nations lui durent leur origine, ainsi que l’Église : il avait un fils, Isaac, et ce fils devint pour lui une occasion de bonnes œuvres. N’offrit-il pas ce jeune enfant, fruit de son mariage ? Ne fut-il pas à la fois et père et homme religieux ? Ne fit-il pas taire son cœur paternel pour devenir sacrificateur ? La piété chez lui ne triompha-t-elle pas de la nature ? N’étouffa-t-il pas le cri de ses entrailles pour faire éclater sa religion ? Ne vit-on pas la paternité vaincue et la piété couronnée ? N’est-il pas vrai qu’il aimait à la fois de tout son cœur et son enfant et Dieu ? Et son mariage fut-il un empêchement ?
Et la mère des Macchabées ? n’était-elle pas mariée ? n’a-t-elle pas donné sept enfants au chœur des saints ? ne les a-t-elle pas vus martyrs, sans être ébranlée, pareille à un roc n’était-elle pas là, souffrant le martyre dans chacun d’eux, mère de martyrs, martyre elle-même sept fois ? On les torturait : mais les coups allaient jusqu’à elle. Car ne croyez pas qu’elle demeurât insensible ; elle était mère, et la nature révoltée lui faisait sentir sa force néanmoins elle ne cédait pas. Elle était sur une mer orageuse : mais le courroux des flots s’apaise, et de même la crainte de Dieu réprimait dans son cœur l’instinct de la nature. De quelle huile avait-elle frotté leurs corps ? quelle éducation leur avait-elle donnée ? comment avait-elle réussi à en faire sept temples consacrés à Dieu, sept statues d’or, ou plutôt quelque chose de bien plus précieux que l’or ?
3. Non, l’or n’est pas comparable à une âme de martyr : voyez plutôt. Le tyran était là : il se retire, vaincu par une femme. Il l’attaquait avec des armes : elle le vainquit avec sa ferveur. Il avait allumé une fournaise ; elle eut