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que nous venons jeter à vos pieds nos prières suppliantes. » (Dan. 9,48) Car vous nous avez « sauvés de ceux qui nous opprimaient, et vous avez confondu ceux qui nous haïssent. » Suivant une autre version : « Parce que vous nous avez sauvés. » Pourquoi, veut dire ici le Prophète, parler des événements anciens, arrivés à nos ancêtres ? Nous avons nous-mêmes bien des gages de vos desseins à notre égard, nous pouvons compter de brillants trophées, et une suite de victoires admirables, extraordinaires. C’est ce qui lui fait dire : « Vous avez confondu ; » par ces mots il proclame ceci : ô Dieu ! vous ne nous avez pas simplement délivrés et arrachés à nos persécuteurs, mais vous l’avez fait en les couvrant de honte. « Nous serons loués en Dieu tout le long du jour ; et nous rendrons gloire à votre nom dans l’éternité (9). »
6. Une autre version porte : « Nous chantons chaque jour des hymnes à Dieu. » En effet, veut dire le Prophète, si le temps de la victoire est passé, celui des actions de grâces nous reste. Par l’expression atout le long du jour », il entend toute la vie. En effet, nous ne cessons, ô Dieu ! de faire de vos secours le sujet de nos chants et de notre honneur. Car c’est là notre gloire, notre orgueil, c’est de cela que nous sommes fiers auprès de tous les hommes ; ce n’est pas d’avoir une cité grande et admirable, ni d’être les premiers à remporter la victoire, ni de l’emporter parla force du corps ; mais c’est d’avoir le vrai Dieu, voilà notre orgueil ; et, non pas seulement lorsque vous nous assistez, mais lors même que vous nous abandonnez. Car, voilà ce que signifie : « Tout le long du jour ; » comme dit encore saint Paul : « Pour moi, à Dieu ne plaise que je me glorifie, sinon dans la croix de Jésus-Christ ! » (Gal. 6,14) En effet, il n’y a point, non, il n’y a point d’autre gloire pareille à celle-là. C’est ce qui lui fait dire aussi : « Et non seulement cela, mais encore nous glorifions en Dieu. » (Rom. 5,11) C’est que nul sujet de gloire n’égale celui-là. Que personne ne tire donc vanité de ses richesses, ni d’aucune chose de cette vie, mais uniquement de ceci, d’avoir Dieu pour maître. Cela est préférable à toute liberté, cela vaut mieux que le ciel même. Car si l’on a souvent pu trouver à se vanter, devant les hommes, de servir tel ou tel personnage, songez quelle gloire il nous reviendra d’être les serviteurs de Dieu. C’est pourquoi saint Paul aussi compte cela comme un grand titre d’honneur, lorsqu’il dit : « Or, ceux qui sont au Christ, ont crucifié leur chair (Gal. 5,24) ici une « pause » dans le psaume. Un autre interprète, au lieu d’y voir cette indication, traduit le mot par : Toujours. Dans l’hébreu il y a : « Sel » (Selah). « Et maintenant, vous nous avez repoussés, vous nous avez couverts de honte. » (Ps. 43,10) Selon une autre version : « Quoique vous nous ayez repoussés. » Suivant une autre : « Et toutefois vous nous avez repoussés. » Suivant un autre encore : « Et après cela vous nous avez rejetés. « Et vous ne sortirez pas, ô Dieu ! pour venir au milieu de nos puissances. » Un autre interprète traduit : « Et vous ne vous avancerez pas au milieu de nos expéditions. » C’est qu’eu effet, quand Dieu nous a repoussés, nous ne tardons pas à être couverts de honte, et en butte aux mauvais traitements de tous. Il appelle ici puissances leurs armées, parce que c’est en elles que consiste la force d’un prince, et Dieu encore ici a bien réglé les choses, de manière qu’il y ait un lien entre le gouvernant et les gouvernés. Le prince a besoin de ses sujets, ceux-ci en même temps ont besoin de leur chef, et ils se sont mutuellement d’une grande nécessité. Car afin de prévenir l’infatuation des princes, Dieu a voulu que les grands eussent fréquemment besoin des petits. Il en a disposé ainsi, même dans l’ordre matériel. Souvent un simple caillou, placé soles une colonne qui chancelle, l’empêchera de tomber, et un petit gouvernail dirige et soustrait, au danger, un vaisseau qui porte des milliers de personnes. Et que signifie : « Quoique vous nous aviez repoussés ? » C’est-à-dire, même après de telles souffrances, nous ne nous sommes pas séparés de vous, nous avons continué à vous glorifier, à chanter vos louanges, à mettre notre orgueil en vous. « Vous nous avez fait retourner en arrière à la vue de nos ennemis. Et ceux qui nous haïssent nous dépouillaient à loisir. » Suivant un autre interprète : « Vous nous avez mis au-dessous de tous nos adversaires (11). » Voyez comme il grandit leurs souffrances par ses expressions, comme il amplifie leur malheur, pour faire voir que, bien qu’ils fussent de grands pécheurs, ils avaient subi toutefois un châtiment suffisant !
7. C’est avec cette même redondance que parlèrent les jeunes hébreux dans la fournaise,