Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/407

Cette page n’a pas encore été corrigée

à partir de ce jour il vous faut craindre et trembler : car cette armée s’avancera et viendra contre vous, si vous ne changez. Et il dit : A partir de ce jour Dieu les amènera. Car ce ne fut pas en même temps que les Israélites que les deux tribus furent enlevées ; mais l’intervalle ne fut pas long.
8. Voici donc ce qu’il dit : Ces jours étaient fixés ; mais Dieu attendait, prenait patience bien que leurs fautes méritassent dès lors châtiment : souvent, quand le jour de la punition est fixé, Dieu attend, il temporise encore, preuve bien évidente de sa charité pour les hommes, signe bien manifeste contre ceux qui ne veulent pas profiter de sa longanimité. Déjà, dit le Prophète, la menace est faite, déjà la sentence est portée, déjà la colère de Dieu s’allume, il leur montre la vengeance, pour ainsi dire, à leurs portes, pour les exciter au repentir, les rendre meilleurs, leur imprimer une vive crainte par la ruine des autres, et pour empêcher qu’en se voyant épargnés par le châtiment qui en avait frappé d’autres ils ne devinssent encore plus négligents que par le passé.
« Et en ce jour-là, le Seigneur fera venir d’un coup de sifflet les mouches qui dominent sur l’extrémité du fleuve de l’Égypte (18). » Vous le voyez, j’avais raison en disant que c’est pour augmenter leur frayeur que Dieu leur fait dès ce jour ses menaces. Ce qui suit produit le même effet, il accroît par ses paroles leur terreur en leur montrant ces armées qu’ils redoutaient tant, cette invasion si facile (ce qui devait les épouvanter), le grand nombre de ces barbares, ce qui devait leur faire perdre toute assurance ; toutes ces choses, il les indique dans ce qui va suivre. Voyez : « En ce jour-là le Seigneur fera venir d’un coup de sifflet les mouches. » Il appelle mouches les Égyptiens, à cause de leur impudeur et de leur effronterie, et aussi parce que repoussés continuellement ils revenaient continuellement à la charge, sans les laisser respirer, leur tendant mille pièges, les harcelant sans cesse dans l’infortune, comme les mouches s’attaquent aux blessures. Dieu, dit-il, les amènera. Mais au lieu de dire il les amènera, il dit : « Il les fera venir d’un coup de sifflet », pour faire voir combien sera facile cette invasion, combien est invincible la puissance de Dieu, à qui il suffit de faire signe pour que tout le suive. Et c’est avec raison qu’il profite de cela pour les menacer des maux qu’ils ont éprouvés déjà. « Et l’abeille qui est au pays d’Assur. » Le syrien et l’hébreu lisent, diton, non pas les « abeilles, mais les guêpes. » Comme les Juifs ne connaissaient pas bien ces peuples, le Prophète leur imprime par cette figure une plus vive crainte, leur faisant voir par cet animal combien les ennemis seront terribles, effrayants, inévitables, combien leurs blessures seront profondes et leur présence soudaine.
« Ils viendront et se reposeront tous dans les gorges de ce pays, dans les creux des rochers, dans les cavernes, dans tous les trous, sur tous les arbres (19). » Après avoir annoncé combien la présence des ennemis sera effrayante et leur marche rapide, il dit quelle sera leur multitude. Il ne dit pas, ils camperont, mais « ils se reposeront », non comme s’ils étaient venus dans un pays ennemi, mais comme s’ils habitaient leurs propres demeures, non comme s’il leur fallait travailler et combattre, mais comme s’ils couraient au-devant d’une victoire certaine et d’un butin assuré. C’est pour cela qu’il dit : « Ils viendront et se reposeront », ce qui ne convient qu’à des vainqueurs, à des hommes qui ont remporté une victoire, et qui reposent après des luttes et des fatigues nombreuses. Et ce ne sera pas dans les plaines seulement qu’ils se reposeront ; mais comme cette multitude est innombrable et que le pays ne suffit pas à la contenir, abîmes, rochers, montagnes, forêts, tout, en un mot, est un asile pour ces barbares. Quand même les ennemis ne seraient pas si terribles ni les Juifs si faibles, il suffirait de ce grand nombre pour les effrayer ; mais quand ces deux choses se trouvent réunies, la multitude et la puissance, quand (chose plus redoutable encore) c’est la colère de Dieu qui les conduit, quel espoir de salut peut-on conserver ? Ces mots « dans tous les trous, sur tous les arbres » renferment une hyperbole : car ils n’allaient pas se reposer sur des arbres ; mais, comme je l’ai indiqué plus haut, il y a tout à la fois hyperbole et continuation de la métaphore tirée des guêpes.
« En ce jour-là le Seigneur se servira comme d’un rasoir enivré (20). » Il vient d’imprimer une vive crainte de ces armées ; il la renouvelle maintenant, en faisant agir le ciel même, en montrant que ce ne sont pas quelques barbares Égyptiens ou Perses, mais Dieu lui-