désirable que, touchées de ces menaces, les filles de Sion se fussent relevées courageusement, pressentant les calamités qui allaient fondre sur elles. Aussi ajoute-t-il (ce qui certes doit faire comprendre leur malheur), qu’elles verront vicies les vases d’or, souvenir de leur ancienne prospérité, afin que cette vue vienne sans cesse leur rappeler leur malheur. Car les malheurs nous font sentir surtout leur aiguillon lorsque nous les mettons en parallèle avec notre félicité d’autrefois, et cette comparaison rend la blessure plus profonde. C’est ce qu’autrefois disait Job dans ses douleurs : « Qui me donnera d’être comme aux jours d’autrefois ? » (Job. 29,2) Et il fait l’énumération de toutes ses richesses, des biens qui affluaient vers lui de toutes parts, des honneurs, des revenus, de tout l’éclat dont il jouissait, afin que cette comparaison montre mieux la gravité des malheurs qui l’accablent. C’est ce que fait le Prophète, quand il parle de ces vases, et que non content d’en parler, il ajoute qu’ils pleurent. Rien de plus éloquent que jette manière de parler qui personnifie les objets inanimés. Déjà il fait voir les vignes et le vin gémissant, pour mieux toucher ses auditeurs et piquer leur insensibilité. Qu’est-ce à dire : « On te laissera seule ? » Tu seras privée, veut-il dire, du secours de tes alliés et de la bienveillance de Dieu, dénuée de toute ta splendeur, entourée de tous côtés par tes ennemis, cernée au milieu des barbares. Ensuite, pour montrer l’excès de son humiliation, il dit : « Et tu seras étendue par terre. » Il ne dit pas, Tu tomberas, ni, Tu seras précipitée, mais c’est à un terme bien plus propre à montrer toute l’étendue de son humiliation qu’il a eu recours.
CHAPITRE QUATRIÈME.
« EN CE JOUR-LÀ SEPT FEMMES PRENDRONT UN HOMME ET ELLES LUI DIRONT : NOUS NOUS NOURRIRONS NOUS-MÊMES ET NOUS NOUS ENTRETIENDRONS NOUS-MÊMES DE VÊTEMENTS. AGRÉEZ SEULEMENT QUE NOUS PORTIONS VOTRE NOM ET DÉLIVREZ-NOUS DE NOTRE OPPROBRE. »
ANALYSE.
Continuation des vengeances de Dieu. Consolante assurance de l’avènement du Messie.
Il veut montrer combien par l’effet de la guerre les hommes seront devenus rares et à quel petit nombre sera réduit le peuple juif. Car ces femmes ne disent pas qu’elles ont besoin de l’assistance que les femmes reçoivent ordinairement des hommes, elles ne demandent simplement qu’à être délivrées de la viduité, et elles seront contentes. C’est ce que signifie : « Délivrez-nous de notre opprobre. » Car autrefois on considérait la viduité comme un opprobre. « En ce jour Dieu brillera dans le conseil avec gloire sur la terre pour exalter et glorifier ceux d’Israël qui auront été sauvés (2). » Après les avoir effrayés par la menace de malheurs, avoir suffisamment représenté leurs infortunes, et longuement détaillé ces maux terribles, il en vient désormais il parler de choses meilleures. Il est d’un bon médecin non seulement de couper et de brûler, mais aussi d’adoucir par des remèdes convenables les douleurs que ces opérations ont causées : c’est ce que fait Isaïe. Il ne dit pas que toute cette histoire aboutira à un triste dénouement, mais que quand les maux auront disparu, les biens viendront à leur tour ; et non seulement les maux cesseront, mais un grand éclat et une grande gloire entourera les survivants d’Israël. C’est ce qu’il entend par « le Seigneur brillera », sa lumière fera disparaître les ténèbres de la tristesse ; ramènera le