Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/381

Cette page n’a pas encore été corrigée

quand même ils n’en subiraient pas la peine ici-bas, sachent bien qu’ils n’échapperont pas. Serait-il raisonnable en effet que ceux qui, avant le temps de la grâce, de la loi, des prophètes, ont péché, souffrissent tant de maux, tandis que les pécheurs qui les ont suivis, après avoir été l’objet d’un si vif amour sans qu’un tel exemple les ait rendus plus sages, ce qui certes aggrave leur péché, éviteraient le châtiment réservé à leurs fautes ? Pourquoi donc n’ont-ils pas encore été punis ? Pour vous apprendre qu’ils sont réservés à un châtiment bien plus terrible.,
10. Qu’il y ait des châtiments plus terribles que ceux de Sodome, le Christ nous l’apprend en ces termes : « Il y aura moins à souffrir pour Sodome et pour Gomorrhe au jour du jugement que pour cette ville. » Donc, que les femmes qui se parent aujourd’hui, si elles ne souffrent pas ce que souffrirent les femmes qui se paraient alors, n’en soient pas plus frères. La patience et la longanimité préparent un feu plus ardent et une flamme plus grande. C’est ce qui arriva à Ananie et à Saphire. C’est au commencement de cette époque où l’Évangile se répandit que, coupables de mensonges, ils moururent immédiatement, tandis que par la suite beaucoup qui commirent le même crime ne souffrirent rien. Pourrait-on donc expliquer comment un juge si juste et qui use envers tous de la même mesure punirait ceux qui sont moins coupables, tandis qu’il laisserait échapper ceux qui ont péché plus grièvement ? N’est-il pas évident que, puisqu’il a fixé un jour où il doit juger l’univers, il ne retarde le châtiment de ces derniers qu’afin que tant de patience tes rende meilleurs ou que, s’ils persévèrent dans les mêmes fautes, ils n’en soient que plus terriblement châtiés ? Lors donc qu’après nos péchés nous ne sommes pas punis comme ceux qui autrefois commirent les mêmes fautes et en subirent la peine, n’en soyons pas plus tranquilles, mais au contraire que notre crainte augmente. C’est pour ainsi dire la promulgation d’une loi de Dieu que leur supplice : il nous avertit tous st nous dit : J’ai puni celui qui a péché dès le principe afin que, si tu pèches après lui, tu saches ce qui t’attend, tu te convertisses et deviennes meilleur. Car aux mêmes fautes sont réservés les mêmes châtiments, bien qu’ils ne suivent pas immédiatement. Ce n’est pas sans motif que je me suis arrêté sur ce passage : car ce mal effrayant a pénétré dans nos maisons, grâce à la mollesse des femmes, je veux dire les raffinements de la toilette qui augmentent les dépenses, qui précipitent dans des prodigalités inopportunes, qui deviennent chaque jour l’occasion de luttes, de discordes, de procès, qui font mourir de faim les pauvres. Car lorsque l’épouse a forcé soir époux à dépenser tout son avoir et même plus pour la honte de son corps (car cet or qui brille sur elles, c’est leur honte), la main ne peut plus s’ouvrir pour l’aumône. Et de là bien d’autres espèces de péchés ; mais laissons cela pour que l’expérience l’apprenne à ceux qui s’exposent à ces maux, et parlons de ce qui suit. Après avoir dit quelle sera la captivité et avoir déclaré qu’elle ne venait que pour punir le luxe effréné ses femmes, il achève la peinture du malheur en disant : « Et le plus beau de tes fils, celui que tu aimes, tombera par le glaive, et les puissants d’entre vous tomberont par le glaive. » Voilà qui est plus effrayant que la captivité : car il est des cas où la vie est plus dure que la mort. Lorsque, outre la captivité, ils auront encore à gémir sur des morts prématurées, imaginez-vous quel sera leur malheur, puisqu’une série non interrompue de maux vient ajouter souffrances sur souffrances. S’il n’y avait que la servitude, ce serait déjà un mal insupportable, et lorsqu’un tel malheur arrive à des hommes qui vivaient libres, c’est une vie plus cure que la mort. Mais voici, dit-il, que les deux choses seront réunies. Mais plutôt ne faut-il pas dire que c’est un double, un triple, un quadruple malheur quand c’est un fils, le plus beau d’entre tous, le plus chéri qui meurt, et cela de la main des barbares et non par la loi commune de la nature ? Et ajoutez que tous ceux du même âge périront aussi ; de sorte qu’ils n’ont plus d’espoir, quant à ce qui regarde du moins le secours et l’aide des hommes. « Et ils seront humiliés. Et les vases où sont renfermés les fards dont tu relèves ta beauté pleureront, et on te laissera seule et tu seras étendue par terre. » Autant de traits qui complètent ce lugubre tableau, inspire la crainte, et rendent plus vive l’anxiété. Le Prophète met sous les yeux les malheurs, il fait la peinture des fléaux, allant partout et recueillant les détails de cette calamité, et cela, à cause de l’insensibilité des auditeurs. Il eût été