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d’Athènes si paisible et si sage, Socrate, fils de Sophronique, parut, jusqu’à deux fois sur les champs de bataille. Et le plus illustre de leurs orateurs, Démosthènes, descendit bien souvent de la tribune pour aller combattre. Mais si la loi n’exemptait ni les orateurs ni lus philosophes, il n’y en avait clone guère qui jouissent de cette exemption. Aujourd’hui vous ne voyez plus les mêmes faits se produire. Depuis que le Soleil de justice a brillé sur nous, cités, peuples, nations, tous sont tellement éloignés de la guerre et de ses dangers qu’ils ne savent plus manier les armes ; mais tranquilles au sein de leurs villes et sous la protection de leurs murs, ils entendent raconter les guerres lointaines, tout le peuple vit en paix, n’ayant plus à s’occuper de ce terrible devoir. S’il y a encore aujourd’hui des guerres, c’est aux extrémités de l’empire romain, et non plus, comme autrefois, dans chaque ville, dans chaque province. Alors, comme je l’ai dit, dans une même nation il y avait continuellement des séditions nombreuses et des guerres de partis ; mais maintenant tout ce que le soleil éclaire, depuis le Tigre jusqu’aux Îles Britanniques, et en outre, la Libye, l’Égypte, la Palestine, en un mot tout ce qui est soumis au sceptre des Romains vit en paix ; vous savez que les villes jouissent d’une profonde tranquillité et qu’elles ne connaissent plus la guerre que pour en entendre parler. Le Christ pouvait faire disparaître ces derniers restes de guerre ; mais il a permis, pour le châtiment des ces indolents que la paix endormirait, il a permis, dis-je, les incursions des barbares. Les paroles du Prophète, pour ceux qui les comprennent bien, annoncent (je l’ai déjà dit) qu’il n’y aura plus que des séditions de peu d’importance. Car il n’a pas dit : « Il n’y aura plus « de guerre ; » mais : « Un peuple ne tirera plus l’épée contre un autre peuple », et il montre ensuite combien les peuples seront libres, « ils ne s’exerceront plus aux combats », sauf quelques hommes Noués, à cette profession. « Et maintenant, maison de viens et marchons dans la lumière du Seigneur « Il a rejeté son peuple, la maison de Jacob (6). » Après avoir achevé sa prophétie sur l’Église il revient à l’histoire, comme pour reprendre la suite de ses paroles. Car c’était la coutume des prophètes d’envelopper d’ombre les prophéties soit par les termes dont ils se servaient, soit en passant brusquement d’un sujet à un autre. Ainsi interrompant tout à coup sa prophétie, et sans transition, comme s’il continuait le même sujet, Isaïe en vient à donner des avertissements aux Juifs : « Maintenant, maison de Jacob, viens et marchons dans la lumière du Seigneur », c’est-à-dire, dans ses commandements, dans sa loi : car « le précepte de la loi est une lampe, une lumière, la vie, une réprimande et une discipline (Prov. 6,23) ; » David dit aussi : « Le précepte du Seigneur est rempli de lumière, il éclaire les yeux (Ps. 18,9) ; » et encore : « Votre loi est une lampe qui éclaire mes pieds et une lumière dans mes sentiers. » (Ps. 118, 105) Partout vous verrez ce même nom donné à la loi. C’est ainsi que saint Paul dit : « Tu te flattes d’être le guide des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, le docteur des ignorants. » (Rom. 2,19-20) Les rayons du soleil n’éclairent pas les yeux de notre corps comme les préceptes de la loi illuminent les yeux de notre âme.
6. Pour montrer que même avant la récompense, avant le jour des rémunérations, les préceptes apportent leur récompense, dans le temps même où on les accomplit, il les appelle lumière. Car de même que l’œil se fortifie par cela seul qu’il est éclairé, de même notre âme, par cela seul qu’elle obéit à ta loi, en retire le plus grand fruit ; elle y est purifiée, éloignée du mal et portée à la vertu. Et au contraire les prévaricateurs, même avant le jour des vengeances, sont punis par cela seul qu’ils prévariquent, puisqu’ils sont dans une pire condition que des hommes plongés dans les ténèbres, qu’ils sont remplis de crainte, de frayeur, de remords, qu’en plein midi ils craignent tout le monde, ceux qui connaissent leur péché, comme ceux qui ne le connaissent pas. « Il a rejeté son peuple, la maison de Jacob » c’est-à-dire, il l’a laissé aller, l’a abandonné, méprisé, privé de sa bienveillance. Ensuite, après les avoir effrayés, il leur dit la cause de cet abandon, afin qu’ils corrigent ce qu’ils ont fait de mal. Quelle est cette cause ? « Parce que leur terre, comme la terre des étrangers, est couverte de leurs augures. » En premier lieu il leur a reproché leur fraude, leur avarice, leur mépris des veuves ; il leur reproche ici leurs croyances mauvaises et ces restes d’impiété qui les entraînaient peu à peu au faux culte des démons. Ensuite, dans l’intention