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puisqu’il était en leur pouvoir de se convertir. « Apprenez à faire le bien (17). » Ainsi leur malice était si grande qu’ils ne connaissaient même plus la vertu. C’est ainsi que David dit : « Venez, enfants ; je vous enseignerai la crainte du Seigneur. » (Ps. 33,12) De toutes les sciences c’est la plus sublime et celle qui demande le plus d’application, parce qu’elle a à surmonter bien des obstacles, les résistances de la nature, la torpeur de la volonté, les embûches du démon et le tumulte des affaires. Baruch dit de même : « Celui-ci est notre Dieu ; nul ne lui est comparable ; il a trouvé toutes les voies de la science. » « Recherchez la justice (Bar. 3,36-37) ; » c’est-à-dire à venger ceux qui éprouvent des injustices, ce qui demande beaucoup de soins et une âme vigilante. C’est pourquoi il dit : « Recherchez. » Il y a bien des choses qui obscurcissent le droit, par exemple, les dons, l’ignorance, la puissance, la honte, la peur, l’acception des personnes : aussi faut-il beaucoup de vigilance, « Délivrez l’opprimé. » Ceci enchérit sur ce qui précède ; il demande non seulement qu’on se propose, mais qu’on exécute ce qui est juste. « Jugez l’orphelin, et faites justice à la veuve. » Dieu prend soin que personne ne soit maltraité, particulièrement parmi ceux qui, outre ces mauvais traitements, ont à supporter un autre malheur. La veuve et l’orphelin sont bien infortunés ; mais quand ils sont maltraités par les autres, c’est comme un double naufrage : « Venez et entrons ensemble en discussion ; dit le Seigneur (18). » Il est remarquable que partout dans les prophètes, Dieu ne cherche rien tant qu’à venger les opprimés. Il en est ainsi autre part encore que dans Isaïe par exemple dans Michée, lorsque les Juifs disent : « Lui sacrifierai-je pour mon impiété mon premier-né, et pour l’iniquité de mon âme, le fruit de mon sein ? » Le prophète ajoute : « Je vous dirai, ô homme, ce qui est bon, et ce que le Seigneur attend de vous, rien autre chose que d’agir selon la justice et d’aimer la miséricorde et d’être prêt à suivre le Seigneur votre Dieu. » Et le prophète David dit aussi : « Je chanterai devant vous la miséricorde et la justice, Seigneur. »
« Venez. » Ce n’est qu’après les avoir munis des moyens de se justifier, qu’il les entraîne au tribunal, et qu’après leur avoir appris comment ils peuvent se dépouiller de leurs crimes, qu’il leur fait rendre compte, de peur que les trouvant sans excuse il ne soit obligé de les condamner. « Et entrons en discussion ; » comme s’il disait, commençons le jugement. Ce bon juge se fait avocat et médecin. Ensuite pour montrer que, quelles que soient nos bonnes actions, nous avons cependant toujours besoin de sa charité pour être délivrés de nos péchés, il dit : « Quand vos péchés seraient comme l’écarlate ; je vous rendrai blancs comme la neige ; » vous le voyez, il prend des qualités diamétralement opposées, et promet de changer l’une en l’autre. « Et quand « ils seraient comme du vermillon, je les rendrai blancs comme la laine. » Elle est donc bien méritoire la protection que l’on accorde aux veuves puisque d’une âme si corrompue qu’elle est comme teinte de l’iniquité elle fait une âme non seulement pure, mais brillante à ce point. « Si vous voulez m’écouter, vous mangerez les biens de la terre (19), et si vous ne voulez pas m’écouter, l’épée vous dévorera : car c’est le Seigneur qui l’a prononcée de sa bouche (20). » Parce que ces hommes grossiers regardaient comme moins désirable et moins doux de se délivrer de leurs péchés que de jouir des prétendus biens de la vie présente, avec la première chose il promet la seconde, et fait dépendre celle-ci de celle-là.
7. Ensuite pour montrer combien la vertu est facile, il la place dans la volonté seule. Mais comme l’espérance de ces biens aurait pu amollir les esprits, il termine par des choses effrayantes pour rendre plus frappante la puissance de celui qui a fait ces révélations. « Comment est-elle devenue une prostituée, la cité fidèle de Sion ? » Cette question montre et la douleur de celui qui la fait et l’insensibilité des Juifs et ce qu’il y a d’inattendu dans cet événement. Saint Paul fait aux Galates une question analogue : « Je m’étonne que vous changiez si vite », ce qui est comme une accusation et une exhortation pour porter à la vertu. Cette parole étonne sans doute : mais, comme elle est entremêlée de louanges, une nouvelle accusation vient fortifier l’autre. Nous ne cherchons pas tant à corriger ceux qui ne valent rien ; qui n’ont jamais mené qu’une vie abjecte, que ceux qui, après s’être montré d’abord vertueux, se sont ensuite tournés vers le mal. Il l’appelle prostituée, non qu’il veuille parler de la prostitution du corps,