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pour l’écorce et le bois, mais pour le fruit qu’il en attend. « Votre encens m’est en abomination. » Le voyez-vous ? Il se réjouit moins de la nature de ce qu’on lui apporte que des dispositions de ceux qui offrent. Aussi il appelle la fumée et l’odeur qui s’élevaient du sacrifice de Noé un agréable parfum, et ici il donne à l’encens le nom d’abomination. Car comme je le disais, il regarde moins à la nature des dons qu’aux dispositions de ceux qui donnent. « Vos néoménies et vos sabbats « (14). » Remarquez qu’il ne rejette rien de ce qui est nécessaire, mais seulement ces rites que le Christ descendu parmi nous a fait disparaître. Aussi saint Paul, qui parlait avec véhémence lorsqu’il combattait les Juifs, rappelle non seulement ces choses, mais d’autres encore, et il dit que ceux qui n’ont en eux-mêmes aucune vertu, gardent inutilement ces observances. « Si tu portes le nom de juif et que tu te reposes sur la loi, et que tu te glorifies en Dieu, et que tu connaisses sa volonté ; et que, instruit par la loi, tu saches discerner ce qui est utile. » (Rom. 2,17, 18). Et encore : « À la vérité, la circoncision est utile si tu observes la loi ; mais, si tu la violes, ta circoncision devient incirconcision. » (Id. 25) Et il dit que, si la loi leur a été confiée, leur incrédulité n’en sera pas pour cela moins punie ; c’est aussi ce que David fait entendre en ces termes : « Dieu dit au pécheur : Pourquoi racontes-tu mes justices ? » (Ps. 49,16) Les voyant s’enorgueillir d’entendre lire la loi, eux qui étaient vides de toute bonne œuvre, saint Paul abat leur orgueil en disant : « Toi qui instruis les autres, tu ne t’instruis donc pas toi-même ! Toi qui cries aux autres de ne pas voler, tu voles ! » (Rom. 2,21) De même David quand il dit : « Si vous voyiez un voleur, vous couriez avec lui et vous faisiez alliance avec les adultères. » (Ps. 49,18) « J’ai en abomination vos grands jours », La Pentecôte, veut-il dire, la fête des Tabernacles, la Pâque et les autres fêtes. « Vos jeûnes, votre repos, vos fêtes, mon âme les hait. » Il leur parle comme le ferait un homme. « Vous m’êtes devenus à charge », un objet de dégoût, de haine. Voyez son indicible longanimité, de les avoir supportés malgré leurs nombreux péchés et de ne s’être vengé que quand ces pécheurs l’eurent provoqué par l’excès de leurs iniquités. « Je ne pardonnerai plus vos péchés. » Je ne les souffrirai plus. David dit la même chose : « Vous avez fait ces choses et je me suis tu. »(Ps. 49,21) « Lorsque vous étendrez vos mains vers moi, je détournerai mes yeux de vous, et lorsque vous multiplierez vos prières, je ne vous écouterai point (15). » D’où il est évident que la prière ne sert de rien, quelque longue qu’elle soit, si celui qui prie reste dans ses péchés. Rien n’est égal à la vertu et au témoignage que rendent les couvres. « Vos mains sont pleines de sang », c’est-à-dire meurtrières ; mais au lieu de meurtrières, il a dit pleines de sang, pour montrer qu’ils font de l’iniquité leur occupation et toujours avec ardeur.
6. C’est encore une preuve de sa douceur, de le voir donner la raison de ces menaces ; car il dit pour quelles causes il regrette la prière. « Lavez-vous, soyez purs (16). » Comment, après avoir dit : « Je ne pardonnerai plus vos péchés », donne-t-il ce conseil et comment, après leur avoir montré qu’ils sont incorrigibles, demande-t-il qu’ils se corrigent ? Dieu, quand il menace, fait désespérer du salut, afin d’augmenter la crainte, et loin de garder le silence, ensuite, il tâche de rendre l’espérance pour amener ainsi au repentir. Partout on peut voir la même conduite. À l’égard des Ninivites, il fit la même chose non point par les paroles, mais par les effets. Dans ses paroles il n’avait rien promis de bon, au contraire, il n’avait laissé voir après la menace que le seul châtiment ; et quand ces barbares eurent donné ce qu’ils pouvaient, sa colère s’apaisa bientôt. C’est ce que dit encore David dans le psaume 49\sup e\sup* ; car j’ai dit plus haut que ce psaume ressemble entièrement à ce début d’Isaïe ; et de même qu’Isaïe dit après avoir rappelé les menaces du Seigneur. « Lavez-vous, soyez purs », de même David, après avoir dit : « Je vous reprendrai, je placerai devant vous vos iniquités », ajoute : « Le sacrifice de louange m’honorera et c’est la voie par laquelle je leur montrerai le salut de Dieu (Ps. 49,21, 23) », appelant louange la gloire qu’on lui rend par les œuvres et la connaissance des choses divines.
Et afin que par ces mots « lavez-vous, soyez purs », ils n’entendent point leurs purifications habituelles, il ajoute : « Ôtez de devant mes yeux la corruption de vos âmes, et corrigez, « vous de vos péchés. » Il montre par là que la vertu est facile et que la volonté est libre,