n’apporta point de consolations à celui qui, au temps de la lutte, n’avait eu pour lui que du mépris ; ainsi le voulait la justice.
7. Ce que j’en dis, c’est pour que, ni le pauvre ne déplore sa pauvreté, ni le riche ne se réjouisse de ses richesses. Êtes-vous dans l’opulence ? Périsse votre fortune, si vous n’apportez pas en commun la part qu’on attend de vous ! « Pétrissez vite trois mesures de farine. » Il courut ensuite, lui-même, à ces bœufs, et il immola le veau. Il devint un coureur, ce vieillard ; la vigueur des membres ne lui faisait pas défaut, mais il avait surtout le nerf quo donne la sagesse, et l’ardeur de l’âme triompha de la nature. Ce maître de trois cent dix-huit domestiques ne pliait pas sous le poids du veau qu’il portait ; l’ardeur dont son âme était pleine, rendait le fardeau plus léger. Ce vieillard courait, remplissait nu ministère fatigant, et sa femme s’associait à se s peines et à ses fatigues. Il ne leur suffisait pas de prodiguer l’argent, d’étaler une table somptueuse ; on les voyait s’assujettir à ce service, et c’était en servant les étrangers, de leurs propres mains, qu’ils honoraient leurs hôtes. Ils n’exerçaient pas l’hospitalité par l’entremise de leurs serviteurs ; ils soignaient leurs hôtes eux-mêmes, employant à ce service leurs mains et leurs membres, et l’on voyait l’épouse qui prenait les allures d’une servante. Et ils ne connaissaient pas leurs hôtes. Car je ne veux pas me lasser de le dire ; ils les prenaient pour des pauvres quelconques ; ou plutôt ils n’avaient pas cette pensée, ils ne voyaient en eux que des hôtes. Et tous les deux vendangeaient le raisin de l’hospitalité ; ils récoltaient la grappe que méritaient leur sagesse, leur amour de servir, leur affabilité envers les hôtes, leur activité, leur bon vouloir plein d’empressement, leur charité, leur zèle bien entendu, une attention qui n’oublie rien. Et la femme se tenait auprès de l’arbre ; un arbre était sa chambre ; le feuillage son toit ; et elle ne rougissait pas de paraître en public, car elle était là, belle de sa vraie parure, et récoltant le fruit de son service empressé. Or que e dit l’hôte d’Abraham ? « Je vous reviendrai voir en ce même temps, et Sara aura un fils. » (Gen. 18,10) Quel fruit de cette table hospitalière ! quel beau fruit, et comme il est venu vite ! comme la grappe a vite montré la maturité parfaite ! Cette parole, pénétrant dans les entrailles de Sara, y porta la fécondité ; voilà quels sont les fruits de l’hospitalité : attention à ce que je vais dire. Ensuite cet enfant grandit, le fruit de cette table. Lorsqu’il fut devenu un homme, ce fruit de l’hospitalité (car ce qui l’a produit, ce ne sont pas ces entrailles dont je parle ; ce qui l’a produit, c’est la table hospitalière ; avant tout, c’est la parole de Dieu) ; lors donc qu’il eut grandi, qu’il fut devenu un homme, quand vint le temps de le marier (faites bien attention à ce que je dis), le bienheureux patriarche Abraham, pensant que sa fin approchait, et voyant la dépravation des femmes, dans le pays corrompu qu’il habitait, fit venir son serviteur et lui dit : Les femmes de ce pays sont perverties, ces femmes des Chananéens. – Que demandez-vous donc ? – Allez-vous-en dans le pays où je suis né, et amenez, de ce pays-là, une épouse pour mon fils. Conduite nouvelle, étrange ! Vous savez tous et certes, s’il est une chose que vous sachiez parfaitement, c’est que, quand on veut marier son fils, le père et la mère ont ensemble des conversations, et on s’en va dans les maisons étrangères ; on flatte celui-ci ; on entoure de soins celui-là, et les femmes, et les hommes qui s’entremettent pour le mariage, sont en nombre infini ; promesses d’argent, grands soucis, de la part du père, de la mère, qui veulent traiter l’affaire eux-mêmes, et qui ne rougissent pas de prendre tarit de peines, et qui ne s’en rapportent pas à des serviteurs ; au contraire, si un hôte arrive : va, conduis-le en bas, va le recevoir. Abraham s’y prenait tout autrement : Quand il fallait faire une de ces actions élevées, que la sagesse commande, c’est lui-même qu’on voyait à l’œuvre. L’hospitalité, il ne la confie pas à un serviteur ; il en fait son affaire, et celle de sa femme, mais, quand il s’agit de choisir une épouse, et d’arranger un mariage : va, dit-il à son serviteur. Les femmes aujourd’hui agissent au rebours ; veulent-elles parler avec l’orfèvre, sans rougir elles y vont elles-mêmes ; elles vont le trouver, pour qu’on ne leur soustraie pas de l’or ; c’est l’avarice qui les porte ainsi à mépriser la décence, à oublier leur dignité. Abraham ne faisait pas de même : quand il voulait recevoir des hôtes, c’était lui qui les recevait ; lui, et sa femme ; quand il s’agissait d’un mariage, il employait son serviteur. – Mais pourquoi nous parler ainsi d’Abraham ? – C’est qu’il était riche ; pensez à Abraham, et vous ne mépriserez personne.
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