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HOMÉLIES Sur cette Parole du Prophète David : « NE CRAIGNEZ POINT, EN VOYANT UN HOMME DEVENU RICHE, ET SA MAISON COMBLÉE DE GLOIRE » (Ps. 48,17), ET SUR L’HOSPITALITÉ.

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.



Les deux homélies qui suivent, titrent prononcées toutes deux à Constantinople, sous l’influence des grandes catastrophes, des révolutions soudaines qui étonnaient si souvent ta cité ; elles se ressemblent encore parce qu’elles commentent également le même verset du même psaume : Ne craignez point, en voyant un homme devenu riche, et sa maison comblée de gloire. (Ps. 48,17)
Quelle bonne terre j’ai à cultiver, quel plaisir de vous faire entendre la parole ! Après avoir ainsi salué les fidèles présents dans l’église, le saint orateur demande vivement : les absents, où sont-ils ? que font-ils ? Ah ! oui, au forum, ou ailleurs, à la poursuite de la fortune ! De là, sur les richesses, la vanité, l’instabilité des biens de la terre ; les vaines préoccupations ; les prétextes insensés pour négliger le salut ; les flatteurs du riche, qui le trompent ; les déceptions méritées ; les douleurs de ce monde, sans cesse tourmenté parce qu’il ne poursuit que des ombres ; la distinction de la richesse prétendue, et de la richesse vraie ; sur ta vertu, sur la simplicité des mœurs, sur l’hospitalité, une conversation animée, variée, piquante, naïve, élevée, où se retrouvent les beaux mouvements qu’on admire dans les discours sur la disgrâce d’Eutrope, et l’inépuisable abondance d’une éloquence, toujours nouvelle et toujours jeune, parce que, si les pensées sont les mêmes, le sentiment que ces pensées inspirent est toujours, dans l’âme de l’orateur, vrai et profond, toujours jeune et toujours nouveau. On remarquera, dans cette première homélie, les vifs retours que l’orateur fait sur lui-même, sa manière aimable, originale, saisissante, de témoigner de son zèle.
La seconde homélie contient le développement d’une pensée singulièrement chère à saint Jean Chrysostome : voulez-vous, pour vos capitaux, nu bon placement ? placez-les dans les mains des pauvres.

PREMIÈRE HOMÉLIE.


1. Il est doux pour l’agriculteur, quand la charrue a purgé la terre, quand le sillon est tracé, quand les épines ont été arrachées, de jeter la semence, de n’avoir pas à craindre des épines qui étoufferaient les germes. Il est bien plus doux, pour celui qui vous parle, de jeter les pensées divines dans des âmes que rien ne trouble. Aussi quel plaisir pour nous de commencer à vous entretenir le champ est purifié, nous le voyons bien. Sans doute notre regard ne pénètre pas dans votre pensée ; mais vos yeux bien ouverts et votre attention qui se dresse, nous manifestent la tranquillité de votre intérieur. Je ne puis entrer dans votre conscience, mais vos yeux fixes et brillant d’une flamme céleste ont une voix pour rite dire : il n’y a pas de trouble au dedans ; on plutôt votre ferveur me crie : jetez-nous les semences ; ce que vous jetez, nous le recueillons, clans l’espérance du fruit ; toute inquiétude terrestre, nous l’avons chassée. Et voilà pourquoi je m’attache toujours à des pensées