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mais, dit-il, selon que vous pouvez comprendre l’immensité de cette grandeur, vous devez la louer, dans la mesure de vos forces, autant qu’une louange, digne de Dieu, de cette incomparable grandeur, peut sortir de la bouche d’un homme. Nul en effet, ne peut dignement louer Dieu. Avez-vous compris la passion de cette âme sainte ? avez-vous compris le feu qui la brûle, qui la tourmente, qui l’excite, qui lutte pour surmonter la naturelle faiblesse ; pour s’élancer de la terre au ciel ; l’ardeur de l’âme attachée à Dieu, qu’un désir brûlant jette dans le sein de Dieu ? « Louez-le, au son de la trompette ; » un autre texte : « Au son de la trompe. Louez-le, avec le psaltérion et la harpe ; » un autre : « Avec le nablum, (espèce de harpe), et la lyre ; louez-le avec le tambour, et dans les chœurs ; louez-le avec le luth et avec l’orgue ; » un autre texte : « Avec des cordes et avec la harpe ; « Louez-le, avec des cymbales harmonieuses ; « louez-le avec des cymbales de jubilation. » Un autre : « Avec des cymbales de signification, « Que toute haleine loue le Seigneur. » Un autre texte : « Que toute respiration. » Il excite tous les instruments ; il veut les entendre tous offrir à Dieu leur mélodie, il leur communique à tous la chaleur qui le brûle ; il les réveille tous.
Eh bien donc ! de même qu’il ordonne aux Juifs de louer Dieu par tous les instruments, de même il nous prescrit, à nous, de le louer par tous nos membres : par nos yeux, par notre langue, par nos oreilles et par nos mains ; ce que Paul, de son côté, exprime ainsi : « Offrez vos corps comme une hostie vivante, sainte, agréable à Dieu, pour lui rendre un culte raisonnable. » (Rom. 12,1) La louange qui vient de l’œil, ce sont des regards dont rien n’altère la pureté ; la louange de la langue, ce sont les psaumes ; la louange de l’oreille, c’est l’ignorance des chants impurs, des discours qui accusent le prochain ; la louange que fait la pensée, c’est la simplicité qui ne connaît pas la ruse, et n’admet que la charité. Les pieds louent le Seigneur, lorsqu’ils ne courent pas au vice, mais aux bonnes œuvres ; les mains louent le Seigneur, quand elles ne s’abandonnent ni au vol, ni aux rapines, ni aux coups, ni aux violences ; quand elles s’emploient à l’aumône, à la défense des opprimés. L’homme devient alors une harpe harmonieuse d’une mélodie ravissante, spirituelle, qui s’élève à Dieu. Maintenant, ces instruments dont nous avons parlé, furent permis aux Juifs, à cause de la faiblesse de leur esprit ; on voulait les maintenir dans la charité, dans la concorde, les exciter à faire avec ardeur ce qui leur procurerait le salut. Dieu voulait, en leur permettant les plaisirs de ce genre, les amener à des désirs plus élevés. Dieu comprenait combien ces Juifs étaient grossiers, lâches, déchus, et il voulait les réveiller, les consoler de l’assiduité qu’il leur demandait, par les douceurs de la mélodie. Et maintenant que veut dire, « Les cymbales de la signification ? » Ce sont les psaumes. Et en effet, ils ne frappaient pas simplement les cymbales, ils ne jouaient pas simplement de la harpe, mais, autant que faire se pouvait, par les cymbales, par les trompettes, par la harpe, ils montraient le sens des psaumes, et le travail, et le zèle dont ils faisaient preuve dans ces exercices, leur était d’une grande utilité. « Que toute haleine « loue le Seigneur. » Après avoir invité au concert de louanges les créatures célestes ; après avoir réveillé le zèle du peuple, excité tous les instruments, il s’adresse à la nature entière, il invite tous les âges à ce concert vieillards, hommes faits, jeunes gens, adolescents, femmes, et généralement, sans exception aucune, tous les habitants de la terre ; il jette déjà les premières semences du Nouveau Testament, en s’adressant à ceux qui sont répandus sur toute la surface de l’univers. Donc ne nous lassons pas de louer Dieu, de lui rendre, pour toutes choses, des actions de grâces, et par nos paroles, et par nos actions. Voilà, en effet, notre sacrifice, notre oblation ; voilà le ministère par excellence, le digne emploi d’une vie réglée sur le modèle des anges. Et si nous persévérons ainsi à louer Dieu, nous passerons, sans aucune offense, la vie présente, et nous acquerrons lesbiens à venir. Puissions-nous tous nous les voir accordés, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.