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ne seront pas effectuées, mais de plus que celui qui promet périra. Que fait ensuite le Psalmiste ? Après vous avoir détournés de l’espérance fondée sur l’homme, il vous montre le port assuré, la citadelle inexpugnable et il vous donne un conseil. Voilà la meilleure de toutes les exhortations. Éloigner de ce qui est faible et conduire à ce qui est solide, détruire ce qui est vain, établir ce qui est vrai, repousser ce qui trompe et montrer ce qui est utile. « Heureux celui de qui le Dieu de Jacob se déclare le protecteur et dont l’espérance est dans le Seigneur son Dieu (5). » Comprenez-vous le conseil, l’exhortation ? Cette félicité dont il parle, comprend tous les biens et montre l’espérance pleine de sécurité. Après avoir attesté le bonheur de celui qui espère en Dieu, il exprime ensuite la puissance de Celui qui est le véritable secours ; l’autre était un homme, il s’agit maintenant de Dieu ; l’autre meurt, Dieu dure ; et non seulement Dieu dure, mais ses œuvres avec lui. Et voilà pourquoi le Psalmiste ajoute : « Qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et toutes les choses qu’ils contiennent (6). »
2. Que si ses œuvres sont éternelles, à bien plus forte raison, est-il lui-même éternel et tout-puissant. Ce qui le prouve, ce sont ses œuvres, qui révèlent sa force. Mais maintenant supposons qu’il est éternel et puissant, mais qu’il n’ait pas la volonté. Grand nombre d’insensés tiennent ce langage ; mais voyez comme le Psalmiste extermine ce soupçon. Après avoir dit : « Qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et toutes les choses qu’ils contiennent », il ajoute : « Qui garde à travers les siècles la vérité, qui fait justice à ceux « qui souffrent la justice (7). » Ce qui revient à dire : l’ouvrage ordinaire de Dieu, son habitude, ce qui le distingue au plus haut point, c’est de ne pas négliger ceux qui souffrent de l’injustice ; c’est de faire attention à ceux qu’on outrage, c’est de tendre la main à ceux qu’on persécute, et cela, continuellement. Aussi le Psalmiste dit-il : « A travers les siècles », pour montrer qu’il en est ainsi, et ce n’est pas seulement cette expression qui le montre, mais encore la suite : « Qui donne la nourriture à a ceux qui ont faim ; le Seigneur délie ceux qui sont enchaînés, le Seigneur éclaire ceux qui sont aveugles. » Un autre texte : « Le Seigneur illumine. Le Seigneur relève ceux qui sont brisés, le Seigneur chérit les justes, le Seigneur garde les étrangers, il prendra en sa protection l’orphelin et la veuve, et il détruira les voies des pécheurs (8, 9). » Voyez-vous comme il montre que la divine Providence s’exerce de toutes les manières ; qu’elle s’occupe de délivrer des malheurs, d’apporter un remède à la faim, de faire tomber les chaînes ? ce que peuvent en partie les hommes, mais pour ce qui suit, il n’en est pas de même. En effet, Dieu corrige ce que la nature a de vicieux ; il relève ceux qui sont tombés, il célèbre les hommes vertueux ; ceux qui n’ont pas de protecteur, il les conserve, les orphelins et les veuves dans l’affliction, il les console, il les ranime. Ensuite, comme le Psalmiste a dit : « Dieu chérit les justes, » il montre aussi le Seigneur secourable à un grand nombre, uniquement parce qu’ils sont malheureux. En effet ceux qu’il nourrit, il les nourrit parce qu’ils ont faim, non pas parce qu’ils sont vertueux ; ceux qui sont enchaînés, il les délivre, non pas parce qu’ils sont vertueux, mais parce qu’ils sont dans l’affliction, les aveugles, il les illumine, parce qu’ils sont aveugles ; il n’a pas égard à leurs bonnes œuvres, mais à leur affliction. De même encore pour celui qui est brisé, pour le voyageur, pour l’orphelin, pour la veuve. S’il est secourable pour ceux qui souffrent, a bien plus forte raison, l’est-il pour ceux qui cherchent la vertu ? Eh bien ! donc, puisqu’il a le pouvoir et la volonté, puisqu’en lui tout est durable, puisqu’il accueille la vertu, puisque les souffrances attirent sa compassion, pourquoi ne pas négliger l’être périssable, l’être faible, l’être soumis à la mort et chercher votre refuge auprès de Celui qui est fort, (lui est invincible, qui ne reproche pas à l’infortuné son malheur, mais lui porte secours et peut tout ce qu’il veut ? Et maintenant, considérez le soin avec lequel le Psalmiste choisit ses dernières paroles. Il ne dit pas : Dieu détruira les pécheurs, mais : « Les voies des « pécheurs », c’est-à-dire leurs actions. Car Dieu n’a pas d’aversion pour les hommes pécheurs, c’est le péché qu’il poursuit de sa haine. « Le Seigneur régnera dans tous les siècles ; votre Dieu, ô Sion, régnera dans toutes les générations (10). » Qu’il règne sans interruption, qu’il règne éternellement, c’est ce qui est incontestable. Et s’il n’accorde pas ici même la rémunération, c’est qu’il la