d’être célébré, par nos louanges, par nos chants, par nos hymnes. Et maintenant, il n’est pas seulement digne de louanges, mais « infiniment digne ; » aussi ajoute-t-il, « infiniment. » Mais, maintenant, dans l’impossibilité de rendre, par des paroles, jusqu’à quel point le Seigneur est digne de louanges, il ajoute : « Et sa grandeur n’a point de « bornes. » Un autre interprète a dit : « Et sa grandeur ne se peut trouver ; » ce qui revient à ceci : puisque tu as un Seigneur qui est grand, toi aussi, élève ton esprit, dégage-toi des choses de la vie présente, conçois des sentiments au-dessus de la bassesse des choses présentes ; je ne te dis pas, laisse-toi égarer par le délire d’un vain orgueil, je te dis, fais-toi une âme grande, une âme élevée. Autre chose en effet est l’arrogance, autre chose la grandeur d’âme. L’arrogance consiste à se vanter sans sujet, à s’étaler, à mépriser ses compagnons d’esclavage ; l’élévation de l’âme au contraire consiste dans l’humilité de la pensée, qui regarde comme un pur néant les pompes de la vie présente.
2. Où sont-ils maintenant ceux qui prétendent connaître Dieu aussi bien que Dieu se connaît ? Qu’ils entendent la parole du Prophète : « Sa grandeur n’a point de bornes », et qu’ils rougissent de leur délire. « Les générations et « ensuite les générations loueront vos œuvres (4). » Le Psalmiste, ici, est fidèle à son habitude. Après avoir admiré la grandeur et la gloire de Dieu, il célèbre ses œuvres ; ce qu’il fait par ces paroles : « Les générations, et ensuite les générations loueront vos œuvres. » Il montre la grandeur qui éclate dans les ouvrages. Il veut dire : ces ouvrages n’ont pas une courte existence, ce ne sont pas des productions éphémères, de deux ou de trois années ; ces œuvres s’étendent, subsistent dans toute l’étendue des âges, de sorte que chaque génération les pourra contempler. C’est là en effet ce que signifie : « Les générations et ensuite les générations : » ce qui veut dire la génération présente, et celle qui suit et celle qui viendra encore après, et la suivante encore, et toute la série des générations. Et maintenant, la création s’étend et persiste, semblable à elle-même, dans toute la durée des temps ; à savoir, le ciel, la terre, la mer, l’air, les lacs, les fontaines, les fleuves, les semences, les plantes, les herbes, les bienfaits qu’elles nous transmettent ; le cours de la nature qui ne s’interrompt jamais ; les pluies, la succession inaltérable des saisons, la nuit, le jour, le soleil, la lune, les astres, tout le reste ; et, en outre, tout ce qui se fait chaque jour en vue de chaque génération, et en particulier et en public, pour la correction, pour le bien de la race universelle des hommes ; les merveilles qui éclataient sans cesse aux yeux des Juifs, les signes qui manifestaient la Providence, soit qu’elle rendît la terre féconde, soit qu’elle accordât des victoires, soit qu’elle éclatât de mille autres manières ; tout ce qui a paru à l’avènement du Christ ; tout ce qui s’est montré au temps des apôtres, au temps des persécutions ; signes bien plus nombreux et plus considérables que les signes antiques ; ajoutons-y encore ce qu’a vu notre génération. Car il n’est aucune époque où Dieu ne manifeste, en dehors de tous ces signes communs, un signe particulier de sa providence. « Et publieront votre puissance. » Elles la publieront soit par les bienfaits, soit par les châtiments. Dieu ne cesse jamais, en aucun temps, de pourvoir, par tous les moyens, aux besoins de notre nature, qu’il gouverne dans tous les temps. « Elles parleront de la magnificence de votre gloire et de votre sainteté et raconteront vos merveilles » Un autre texte : « Elles raconteront la beauté de votre louange, et les paroles de vos étonnantes merveilles. »
Le Psalmiste a montré la puissance, il montre maintenant la supériorité, l’excellence de cette puissance. Car elle n’a pas produit simplement des œuvres vulgaires, mais tout ce qu’elle a fait, est tellement merveilleux, surprenant, que ces œuvres dépassent la nature humaine, qu’on y trouve partout des raisons d’admirer, de glorifier l’ouvrier. Considérez donc les événements de l’Égypte, les événements de la Palestine, au temps d’Abraham, d’Isaac et de Joseph ; en Égypte encore, ce qui a éclaté au temps de Moïse, et dans le désert, et après l’entrée dans la terre promise ; et maintenant, ce qui s’est passé dans la captivité, sous Nabuchodonosor ; ce qu’on a vu dans la fournaise ; ce qu’on a vu dans la fosse ana lions, et au retour de la captivité, et à l’époque des prophètes ; toutes ces œuvres proclamaient la puissance de Celui qui les a faites, sa gloire, sa majesté ; œuvres éminemment destinées à frapper de stupeur et d’admiration. « Elles publieront la puissance de vos œuvres,
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