Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/294

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour chanter les cantiques ; aujourd’hui au lieu d’instruments nous pouvons nous servir de notre corps ; nous pouvons en effet chanter par nos yeux et non seulement par notre langue ; nous pouvons chanter par nos mains, par nos pieds et par nos oreilles. En effet, quand chacun de ces organes fait ce qui est, pour Dieu, un sujet d’honneur et de gloire, quand l’œil n’a pas de regards impudiques ; quand les mains ne s’allongent pas pour la rapine, mais se déploient pour l’aumône ; quand les psaumes, quand les discours spirituels trouvent des oreilles prêtes à les recevoir ; quand nos pieds courent à l’église ; quand notre cœur ne devient pas un atelier de ruses, mais un foyer de charité, les membres de notre corps forment un psaltérion, une lyre, et chantent un nouveau cantique, non seulement de paroles, mais un cantique d’actions. « Qui donnez le salut aux rois (10). » Et en effet, ce ne sont pas les forteresses, les nombreux soldats, les satellites, les gardes du corps, mais le secours de Dieu qui les conserve. « Qui sauvez David votre serviteur. » Après avoir parlé en général, le voici qui parle de lui en particulier, et il ne dit pas qui avez sauvé, mais « qui sauvez », montrant la perpétuité de la providence de Dieu.
5. Et ensuite il renouvelle la prière déjà faite, conjurant, suppliant pour être délivré des méchants, et il dit : « Sauvez-moi du glaive meurtrier, retirez-moi d’entre les mains des enfants étrangers dont la bouche profère des paroles vaines et dont la droite est une droite pleine d’iniquités (11). »
« Leurs fils sont comme de nouvelles plantes dans leur jeunesse » Il décrit ici les prospérités et les richesses de ce monde, et il place au premier rang, comme il est juste, d’avoir des enfants à qui tout prospère, tressaillant de joie, des enfants des deux sexes ; il ajoute donc : « Leurs filles sont parées et ornées comme des temples. » Il montre ici, avec la jeunesse, l’excès du luxe, les bandelettes, l’attirail de la coquetterie des femmes, ce qui est le fruit d’une grande prospérité. Ensuite, ce qui paraît au second rang, ce qu’aujourd’hui peut-être on mettrait au premier, c’est la richesse, qu’il dépeint par ces paroles : « Leurs celliers sont si remplis qu’ils regorgent les uns dans les autres (13). » Qu’est-ce que cela veut dire : « Qu’ils regorgent les uns dans les autres ? » Les celliers trop petits, dit-il, ne peuvent pas contenir leurs richesses : « Leurs brebis sont fécondes, et leur multitude se fait remarquer quand elles sortent ; leurs vaches sont grasses (14). » Ce qui ne paraissait pas alors indifférent pour la prospérité. Les anciens, en effet, faisaient consister les richesses en brebis, en troupeaux de gros bétail, en toute espèce de troupeaux, en semences ; on n’avait pas encore trouvé la lâcheté et la mollesse de nos jours. « Il n’y a point de brèche dans leurs murailles, ni d’ouverture par laquelle on puisse passer ; » ce qui veut dire que leurs champs sont cultivés avec toute espèce de soin et de zèle, qu’ils ont des trésors de fruits ; que leurs haies se tiennent ; que leur vigne est, de toutes parts, bien plantée, et bien défendue. « Et l’on n’entend point de cris dans leurs places ; » un autre texte : « Dans leurs vestibules ; » autre espèce de prospérité,.mais que toute espèce de richesse ne donne pas, à savoir la paix, la tranquillité, la sécurité. Il n’est personne pour leur préparer des pièges ; personne pour leur faire la guerre ; aucun tumulte, aucune confusion : « Ils ont appelé heureux le peuple qui possède tous ces biens ; mais plutôt, heureux le peuple, qui a le Seigneur pour son Dieu (15). » Voyez-vous la vertu du fidèle ? Il a fait comparaître toutes les richesses ; il les a toutes nommées, il a dit ensuite ce qu’en pense le vulgaire, et pour lui, il n’en retire aucune impression humaine. Et il ne regarde pas comme heureux les possesseurs de ces biens, mais, les négligeant tous, c’est sur le véritable trésor qu’il fait reposer son bonheur. Les autres, dit-il, ont appelé heureux ceux qui possèdent ces biens, mais moi, je regarde comme heureux le peuple qui a le Seigneur pour son Dieu. Et, par cette seule expression, il fait voir en quoi consiste tout bonheur, toute espèce de biens, toute puissance. En effet, ces biens de la terre s’écoulent et passent ; notre bonheur, au contraire, demeure éternellement ; à la place des brebis, des fils, des bœufs, des haies, des vignes, c’est la béatitude de Dieu qui sera notre trésor, notre sécurité, notre mur inexpugnable. Donc, en entendant ces paroles, ne vous laissez troubler par aucun des attachements de la terre ; allez, et laissant loin de vous les ombres, saisissez-vous de la vérité. En effet, il a débuté en disant que l’homme est semblable à la vanité, et que ses jours sont comme l’ombre qui passe. Donc, si vous voyez quelques-uns de ces heureux, comblés