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mes ennemis, par un effet de votre miséricorde (12). » Ce n’est pas, dit-il, parce que j’ai rien mérité, mais à cause de votre clémence, que vous me délivrerez de ceux qui me font la guerre. Délivrez-moi de ceux qui m’entourent de pièges ; faites que je respire un peu dans mon affliction ; « et vous perdrez tous ceux qui persécutent mon âme, parce que je suis votre serviteur. » Vous voyez, ici encore, que la prière est justifiée ; nous n’avons, à vrai dire, aucun droit d’être exaucés ; mais il faut nous préparer de manière à mériter ce que nous désirons, il faut faire ce qui dépend de nous, avant de rien demander. Car, il ne suffit pas de la seule prière ; les Juifs aussi priaient, et s’entendaient dire : « Lorsque vous multiplierez vos prières, je ne vous écouterai point. » (Is. 1,15) Et qu’y a-t-il d’étonnant que les Juifs ne fussent pas écoutés, quand Jérémie lui-même, priant pour eux, est réprimandé, et s’entend dire, une fois, deux fois : « Ne priez point pour ce peuple, parce que je ne vous écoulerai point ? » (Jer. 7,16) ? Et qu’y a-t-il d’étonnant que Jérémie ne soit pas écouté ? « Quand même », dit le Prophète, « et Noé, et Job et Daniel, se trouveraient en ce pays, ils ne délivreraient ni leurs fils, ni leurs filles. » (Ez. 14,14,16) Instruits de ces vérités, ne nous contentons pas de prier ; mais, en même temps que nous prions, rendons-nous dignes de nous voir décerner, et les biens de la vie présente, et les biens à venir. Puissions-nous tous les recevoir en partage, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et l’empire, dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.


EXPLICATION DU PSAUME CXLIII.


« BÉNI SOIT LE SEIGNEUR MON DIEU, QUI APPREND A MES MAINS À COMBATTRE, ET MES DOIGTS À FAIRE LA GUERRE. »

ANALYSE.

  • 1. Le secours divin nous est nécessaire dans la guerre que nous avons à soutenir contre les démons. Nature de cette guerre. Si nous voulons obtenir miséricorde, donnons occasion à la miséricorde. Le secours de Dieu est encore nécessaire à ceux qui conduisent les hommes, pour les maintenir dans le devoir.
  • 2. De la présomption de certains hérétiques qui se vantent de connaître Dieu tel qu’il est. Dieu nous est inconnu, non pas dans son existence et ses attributs, mais dans sa substance.
  • 3. Comment doivent s’entendre tes expressions descendre et toucher, appliquées à Dieu. Ce qu’il faut entendre par la main de Dieu. Les vrais étrangers sont les infidèles. La charité ne connaît pas d’étrangers.