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produit les créatures, mais encore il prend soin de ce qu’il a fait naître, il prend soin des hommes, et, sans exception, de tout ce qui existe. Voilà pourquoi Paul disait : « C’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être. » (Act. 17,28) Et ailleurs : « Toutes choses subsistent en lui. » Et David : « Toutes les créatures attendent de vous, que vous leur donniez leur nourriture, lorsque le temps en est venu ; lorsque vous la leur donnez, elles la recueillent, et, lorsque vous ouvrez votre main, elles sont toutes remplies de votre bonté. Mais si vous détournez d’elles votre face, elles seront troublées. » (Ps. 103,27-29) Et encore : « Lui qui regarde la terre, et la fait trembler. » (Id. 32) Et Isaïe « Qui tient le globe de la terre. » (Is. 40,22) En ce qui concerne la vertu : « Si le Seigneur », dit le Psalmiste, « ne bâtit une maison, c’est en vain que travaillent ceux qui la bâtissent. » (Ps. 126,1) Et ailleurs : « Qui donne, à celle qui était stérile, la joie de se voir, dans sa maison, la mère de plusieurs enfants. » (Ps. 112,9) Et voilà pourquoi il secoue la terre, touche les montagnes, et en fait sortir la fumée. (Ps. 103,32) « Et il obscurcit le soleil, au point de le faire défaillir, afin de montrer par là que c’est lui qui est l’ouvrier. » (Is. 38)
Vous voyez, dans l’Écriture, le soleil qui recule, et la lune avec lui. (Jos. 10,13) Et beaucoup d’autres miracles. Lorsque la connaissance de Dieu n’était pas encore répandue, ces prodiges avaient lieu ; mais il n’est plus besoin d’un enseignement de ce genre, aujourd’hui que les choses mêmes crient, et montrent le Seigneur. Vous rappelez-vous les ténèbres de l’Égypte, et la conversion des éléments ? Si l’on dit que l’absence de la lumière ne fut alors qu’un événement naturel, et n’arriva pas par l’ordre exprès de Dieu, qu’on m’explique les ténèbres, lorsque le Christ fut attaché à la croix. Et en effet, le soleil ne disparut pas, à un moment déterminé d’avance, mais quand cette disparition était le moins conforme à la nature, puisque c’était alors le quatorzième jour de la lune, et l’époque de la pleine lune. (Mt. 27,45) Or les éclipses ne se font pas dans ces conditions ; mais les contradicteurs se trouvent à court d’explications. C’est pourquoi il est manifeste qu’ainsi que tout ce qui arrive, de même toutes ces éclipses se font par l’ordre du grand ouvrier. « Hâtez-vous, Seigneur, de m’exaucer, mon âme est tombée dans la défaillance (7). » Que dites-vous ? vous pressez le médecin de vous guérir ? nullement. Mais, ici encore, c’est l’habitude des âmes dans l’affliction, comme des hommes que les malheurs éprouvent, de faire venir les médecins, même quand rien ne presse, et de pourvoir vite à la délivrance. Voilà pourquoi le Psalmiste aussi ajoutait : « Mon âme est tombée dans la défaillance. » Or, si Dieu peut réveiller, même au sein de la mort, à bien plus forte raison le peut-il, avant que la mort ait frappé. Mais, comme je l’ai dit, c’est par là qu’éclate la faiblesse de notre nature. Le Psalmiste savait bien que, pour Dieu, tout est facile, mais l’homme ne peut pas résister à ses maux. « Ne détournez pas de moi votre visage, de peur que je ne sois semblable à ceux qui descendent dans la fosse. » Autre texte : « Ne cachez pas votre visage loin de moi. » Or, d’où vient que Dieu détourne son visage ? Dieu lui-même le dit par l’organe d’Isaïe : « Est-ce que ma main s’est raccourcie ? ce sont vos iniquités qui font la séparation entre moi et vous. » (Is. 59,1-2) Donc, quand nous faisons quelque action mauvaise, il se détourne. « Vos yeux sont purs », dit un prophète, « pour ne point souffrir le mal, et vous ne pouvez regarder l’iniquité. » (Hab. 1,13) Et voilà pourquoi encore il se détourne des arrogants. « Sur qui jetterai-je les yeux, dit le Seigneur, sinon sur l’homme doux et paisible qui écoute mes paroles avec tremblement ? » (Is. 66,2) Appliquons-nous donc à cette vertu, afin d’attirer sur nous les regards du Seigneur ; afin de ne pas tomber dans le gouffre du vice, rempli d’épaisses ténèbres. Ceux mêmes qui sont tombés peuvent remonter, il faut donc que ceux qui tombent ne restent pas couchés contre la terre.
Maintenant, la fosse où sont les bêtes féroces et qui est pleine de ténèbres, c’est la nature du péché. Sachons donc y jeter les cordages des Écritures pour lier notre volonté, et, si nous tombons, nous nous relèverons promptement. Et maintenant dans quelle pensée entreprendrons-nous de remonter ? quand nous serons tombés, pas de dégoût, pas de désespoir, mais chantons, pour notre usage, ces paroles du Prophète : « Quand on est tombé, est-ce qu’on ne se relève point ? » (Jer. 8,4) Et encore : « Si vous entendez aujourd’hui sa