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réprimandes, mais, de plus, je m’opposerai à leurs convoitises. Tant s’en faut que j’accepte leur compassion, qu’au contraire j’opposerai ma prière à leurs désirs ; car c’est là ce que signifie cette expression : « Ma prière subsistera pendant leurs plaisirs. Leurs juges ont été précipités, absorbés, contre la pierre. » Un autre texte : « Seront brisés dans une main de pierre (6). » Le Psalmiste montre ici combien il est facile d’exterminer le péché, comme le vice est près du gouffre. Les chefs mêmes, dit-il, qui dévastaient tout, ont péri. Et maintenant, il ne dit pas, ont péri, mais : « Ont été absorbés », montrant par là qu’il ne reste plus d’eux aucune trace ; c’est ce qu’il dit encore de l’impie. « J’ai passé, il n’était plus ; je l’ai cherché, et je n’en ai plus trouvé la place. » (Ps. 36,36) Qu’est-ce à dire, « Contre ? » C’est-à-dire « auprès. » Ces paroles reviennent à ceci : De même que la pierre jetée dans la mer ne reparaît plus, ainsi leur prospérité s’abîme, ne reparaît plus. C’est une destruction complète. Si vous voulez, voici ce qu’il dit. C’en est fait absolument de leur nom, de leur gloire, ou encore : de leur force, de leur puissance, si solidement établie. C’est là en effet ce que signifie le second texte : « Ils seront brisés dans une main de pierre. Ils écouteront mes paroles, parce qu’elles sont a devenues agréables. » Un autre texte. « Parce qu’elles sont puissantes ; » un autre texte : « parce qu’elles sont fortifiées d’une garde puissante ; » un autre texte : « Parce qu’elles sont devenues recommandables par l’apparence ; » c’est-à-dire, l’expérience leur apprendra la douceur de mes exhortations et de mes conseils : comment cela ? c’est le fruit de la réprimande des justes, et leur enseignement apporte un grand plaisir.
9. Telle est en effet la vertu : pour une peine d’un instant qu’elle demande, elle procure un bien-être sans fin. « Comme une terre compacte que l’on rompt et que l’on répand sur le champ, nos os ont été brisés et dispersés le long du sépulcre. » Un autre texte : « De même qu’il arrive, quand le laboureur fend la terre, ainsi nos os ont été brisés à la bouche de l’enfer ; » un autre texte : « De même que le fer qui brise et découpe la terre, nos os ont été brisés dans l’enfer ; » un autre texte : « De même que celui qui s’entend à cultiver et à creuser la terre, nos os ont été brisés près de l’enfer (7). » Après avoir dit que ses paroles renferment le vrai plaisir, il rappelle les antiques calamités. Quoique nous ayons, dit-il, souffert les derniers malheurs, comme une terre déchirée, labourée, creusée ; quoique nous ayons été tous dispersés, que nous ayons péri, que nous soyons arrivés aux portes mêmes de la mort, cependant, même ainsi traités, nous préférons la réprimande et la correction des justes à la compassion des pécheurs. En effet, quoi qu’il nous soit arrivé, nous sommes suspendus à l’espérance qui nous vient de vous, et rien ne nous arrivera qui puisse nous empêcher de regarder vers vous.
Ce qui fait qu’il ajoute : « Parce que vers vous, Seigneur, Seigneur, se sont élevés mes yeux ; j’ai espéré en vous, ne m’ôtez pas la vie (8). » Malgré, dit-il, les calamités sans nombre qui fondent sur nous, malgré les guerres, malgré les batailles, malgré les morts, malgré les portes de l’enfer, nous ne lâchons pas l’ancre sainte, nous nous attachons à l’espérance que vous combattrez avec nous, et, répudiant les armes et les combats, nous espérons la délivrance qui nous viendra de votre secours. « C’est en vous que j’ai espéré, ne m’ôtez pas la vie. » Autre texte : « Ne rendez pas vide ma vie », c’est-à-dire ne souffrez pas que je m’en aille sans avoir rien fait. » « Gardez-moi du piège qu’ils m’ont dressé et des embûches de ceux qui commettent l’iniquité (9). » Il ne parle pas ici seulement des haines déclarées, mais des perfidies secrètes, cachées, difficiles à observer, à connaître, dont on ne peut se préserver que par le secours d’en haut. Et maintenant, il termine son discours par la prière qui l’a commencé ; il montre que, pour ce qui dépend de lui, il l’apporte, l’espérance en Dieu, des regards tournés sans cesse vers Dieu, l’aversion pour la société des méchants, la haine des désirs coupables, et maintenant, il attend de Dieu la force, le secours qui fait supporter facilement ce qui est le plus insupportable, et rend supérieur à tout. Voilà en effet, ce qui forme le tissu complet de la vertu ; notre zèle d’une part, d’autre part, le secours de Dieu. « Les pécheurs tomberont dans le filet, pour moi, je suis seuil jusqu’à ce que je passe (10). » Dans quel filet tomberont-ils ? Dans le filet de Dieu ; c’est-à-dire, ils seront vaincus, ils seront pris. En effet, le propre des justes est de se redresser, de voir leur sagesse se ranimer ; les pécheurs, au contraire, dont le mal est sans remède, vont jusqu’