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lapidait quand on lui donnait la mort, dans ce moment même, il ne pensait, par sa prière, qu’à soustraire ses ennemis à la colère à venir, à la punition de leur péché ; il dit : « Ne leur imputez point ce péché. » (Act. 6,59) Quel pardon mériteront-ils donc, que diront-ils pour se défendre, ceux qui souhaitent du mal à leurs ennemis dans leurs prières ? et le moyen que Dieu exauce des prières qui violent ses lois ? Donc, ne tenons jamais de pareils discours ; il ne suffit pas de ne pas prier contre ses ennemis, il faut encore éteindre sa colère contre eux, et voilà pourquoi l’Apôtre dit : « Je veux que les hommes prient en tous lieux, levant des mains pures, sans colère, et sans contention (1Tim. 2,8) ; » c’est-à-dire, quoique vous ayez un ennemi qui vous poursuive, éteignez votre colère, avant de vous approcher du Seigneur ; et, non seulement gardez-vous, dans votre prière, de rien dire contre lui, mais encore purifiez votre âme du poison qui la souille. Si telle est votre prière, si vous invoquez Dieu avec un zèle ardent, vous n’aurez pas fini votre prière, que vous serez exaucé. C’est ce que demande le Psalmiste par ces paroles : « Écoutez ma voix, lorsque je pousserai mes cris vers vous. » Par là, en effet, il rappelle la promesse de Dieu même : « Vous parlerez encore, et je vous dirai : me voici. » (Is. 58,9) « Que ma prière s’élève vers vous, comme la fumée de l’encens en votre présence (2). » Autre texte : « Que ma prière se présente comme l’encens, en votre présence ; » autre texte : « Se dispose. » « L’élévation de mes mains est le sacrifice du soir ; » autre texte : « Est le don du soir ; » autre texte : « L’oblation du soir. »
Que veut nous enseigner le Prophète, en nous parlant du sacrifice du soir ? C’est qu’il y avait autrefois deux autels, l’un d’airain, l’autre d’or ; le premier était public, recevant les offrandes de presque tout le peuple ; l’autre était situé dans le sanctuaire, et derrière le voile. Et, pour être plus clair, nous essayerons de tout reprendre dès le commencement. Les Juifs avaient autrefois un temple, long de quarante coudées, large de vingt ; dans cette longueur, il y avait dix coudées, derrière le voile, d’interceptées, et ce qui était intercepté s’appelait le saint des saints. Ce qui était au-dehors s’appelait simplement le saint. Et maintenant tout était resplendissant d’or dans le saint des saints.
3. Quelques-uns ont prétendu qu’en dehors du saint des saints les poutres aussi avaient des clous d’or. Le grand prêtre seul entrait dans le saint des saints, une seule fois dans l’année ; là, se trouvait l’arche avec les chérubins ; là aussi se trouvait l’autel d’or, où s’offrait l’encens, et qui servait uniquement au sacrifice. Ce sacrifice ne s’accomplissait qu’une fois l’an. C’était donc, dans le temple extérieur, que se voyait l’autel d’airain, sur lequel chaque soir s’offrait l’agneau que l’on brûlait ; c’est ce qui s’appelait le sacrifice du soir. Car il y avait de plus un sacrifice du matin, et, deux fois par jour, il fallait allumer l’autel ; sans compter les autres offrandes apportées par, le peuple ; car il était prescrit par la loi, et ordonné aux prêtres, de prendre, sur ce qui leur appartenait, en l’absence de toute autre offrande, une fois le matin, et une fois le soir, un agneau, que l’on sacrifiait et que l’on brûlait. Et cela s’appelait le sacrifice du matin, le sacrifice du soir. Or, Dieu avait prescrit ces sacrifices, pour montrer qu’il faut toujours l’honorer, et quand le jour commence, et quand le jour finit.
Ce sacrifice était donc toujours accueilli, ce genre d’offrandes n’était jamais refusé. Quant à ce qui s’offrait pour les péchés, tantôt le sacrifice était accueilli, tantôt il ne l’était pas, selon que ceux qui le présentaient, se distinguaient par leurs vertus ou par leurs vices. Quant aux sacrifices offerts, non pour obtenir la rémission des péchés, mais parce qu’ils étaient ordonnés par la loi, prescrits pour le culte, ils étaient absolument accueillis. Le Psalmiste demande donc que sa prière ressemble à ce sacrifice que ne souillaient en aucune manière les péchés de celui (lui l’offrait ; il demande que sa prière ressemble à la sainteté, à la pureté de l’encens, et sa demande nous enseigne que nos prières doivent être pures, et d’une odeur agréable. Telle est, en effet, l’odeur de la justice ; le péché au contraire a une odeur fétide, dont le Prophète veut parler dans un autre endroit, disant : « Mes iniquités se sont élevées sur ma tête, et elles se sont appesanties sur moi, comme un fardeau insupportable ; mes plaies ont été remplies de pourriture et de corruption. » (Ps. 37,5, 6) L’encens est bon de soi et odoriférant, mais pour qu’il développe sa bonne odeur, il faut qu’il soit brûlé ; de même la prière est bonne de soi, mais elle est meilleure, et d’une odeur plus suave, quand