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tendu des filets pour me surprendre, et ils ont mis près du chemin de quoi me faire tomber (5). » Rien de plus injuste que ceux qui s’adonnent au vice, qui, avant de nuire aux autres, commencent par se blesser dans l’âme ; ils sont des sujets de scandale, ils sont cause que la gloire de Dieu est décriée par les insensés qui voient leurs crimes impunis ; ils ont reçu leur âme et leur corps de la bonté de Dieu ; ils oublient la reconnaissance qu’ils lui doivent ; pour tant de gloire et de bienfaits ; ils rendent à leur bienfaiteur tout le contraire de ce qu’ils lui doivent. Où trouver plus d’injustice, plus d’ingratitude ? Et, ce qui est plus grave et surpasse tout crime, ils s’efforcent aussi de nuire aux autres : « Ils ne pensent qu’à me faire tomber. » Si leurs pensées n’ont pas été suivies d’effet, il faut l’attribuer à la souveraine clémence de Dieu. C’est Dieu qui déjoue leurs conseils impies.
3. Or, maintenant voyez combien le crime était médité, avec quelle application les pièges étaient dressés. Ils se sont cachés, ils ont tendu leurs pièges, et cela, près de la route, afin de s’aider de la longueur du chemin, et des ténèbres, et de la proximité, pour mieux saisir celui qu’ils voulaient prendre et réduire sous leur pouvoir. C’était une œuvre de la perversité, que de tendre partout des pièges, uniquement pour perdre un homme. Voulez-vous voir comment le démon tend ses filets ? Voyez encore ce qui arrive à Job. Quoi de plus large, quoi de plus long, quoi de plus rapproché que le piège ? Ce n’est pas seulement dans la personne de ses parents, et de ses amis, et de sa femme, c’est dans son corps même, qu’il a tendu le piège. « J’ai dit au Seigneur, vous êtes mon Dieu ; exaucez, ô Seigneur, la voix de ma prière ; Seigneur, Seigneur, qui êtes toute la force de mon salut (7). » Un autre texte : « La puissance de mon salut. » Après avoir parlé de la guerre et des pièges, et montré que les maux sont insupportables, il se réfugie auprès de l’invincible auxiliaire ; c’est le ciel qu’il implore, pour obtenir le secours qui peut seul l’affranchir.
C’est la preuve d’une âme généreuse, c’est la marque d’un esprit sage, de ne pas chercher son refuge, dans de pareilles circonstances, auprès des hommes ; de répudier les pensées de la terre ; de lever les yeux au ciel ; d’invoquer le Dieu partout présent ; de ne se, laisser abattre par aucun trouble ; de triompher de tous les vertiges. Voyez maintenant la convenance des paroles. Il ne dit pas : Dans telle circonstance, dans telle autre, j’ai fait le bien ; ni, j’ai opéré telle action juste ; mais que dit-il ? « Vous êtes mon Dieu », exprimant par là la raison qui le détermine à demander du secours ; c’est qu’il se réfugie auprès du, Seigneur, auprès du suprême ouvrier, auprès du roi. « Exaucez, ô Seigneur, la voix de ma supplication, Seigneur, Seigneur, qui êtes la force de mon salut. » Il dit, « la force ou la puissance de mon salut », montrant par là, que c’est aussi la puissance qui décerne les châtiments et les supplices. Mais vous m’avez fourni, dit-il, la force du salut ; vous pouvez, en effet, et faire du mal et exterminer ; mais c’est toujours à mon salut que vous avez fait servir votre puissance. Voyez maintenant l’affection qui respire dans ces paroles ; ces mots répétés, cette expression qu’il ajoute, « de mon salut », tout marque l’heureuse disposition de son cœur. « Vous avez mis ma tête à couvert sous votre ombre, au jour du combat. » Voyez-vous l’expression de la reconnaissance ? Il rappelle ce qui s’est passé, que Dieu l’a mis en sûreté. C’est là, en effet, ce qui signifie cette expression, « vous avez mis ma tête à couvert sous votre ombre. » Et maintenant, voyez de quelle manière il montre comme il est facile à Dieu de protéger. En effet, il ne dit pas : avant le jour, mais : Au jour même ; quand les malheurs étaient suspendus sur moi, quand les ennemis étaient rangés en bataille, quand j’étais au milieu des plus grands dangers, c’est alors que vous m’avez iris en sûreté. C’est qu’en effet Dieu n’a besoin ni de préparatifs, ni d’aucune exhortation, lui qui connaît le présent, l’avenir, le passé ; lui qui peut tout, présent toujours, et toujours prêt à secourir. Le Psalmiste montre ensuite la victoire éclatante, la sécurité complète ; il ne dit pas : vous m’avez sauvé, mais que dit-il ? « Vous avez mis ma tête à couvert sous votre ombre », c’est-à-dire, vous m’avez garanti de la moindre importunité ; je n’ai pas même senti la chaleur ; sécurité parfaite, sécurité, plaisir, repos, voilà ce que vous m’avez procuré à tel point que je n’ai pas même senti de chaleur importune ; j’étais agréablement à l’ombre, hors de toute atteinte, libre. De là cette expression, « Vous avez mis ma tête à couvert sous votre ombre. » Et par ce troyen il montre encore la promptitude, la