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fruits toujours fleurissants, jamais flétris, ses biens immortels, impérissables, sans fin. Puissions-nous tous en jouir, par la grâce et par 1a bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire et l’empire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.


EXPLICATION DU PSAUME CXXXIX.


1. « DÉLIVREZ-MOI, SEIGNEUR, DE L’HOMME MÉCHANT, DÉLIVREZ-MOI DE L’HOMME INJUSTE. »

ANALYSE.

  • 1 et 2. Une, volonté dépravée rend l’homme pire que les bêtes féroces. Rien ne peut nuire à l’homme que le péché. Le démon est nommé absolument le mauvais. Le méchant se nuit à lui-mème. Il ne faut pas craindre les méchants, mais les plaindre ; ne pas les insulter, mais les éviter
  • 3 et 4. L’affliction ramène à Dieu. La méchanceté réfléchie est la pire. Le vice entraîne naturellement avec soi sa peine. Nécessité de modérer sa langue, qu’il ne faut pas demander compte à Dieu de ce qu’il fait.


1. Où sont-ils maintenant ceux qui disent A quoi bon les bêtes féroces ? à quoi bon les scorpions ? à quoi bon les vipères ? Voici qu’on vient de trouver un animal plus méchant, non par nature, mais par choix, l’homme. Aussi, le Prophète oublie tous les autres animaux méchants, c’est de l’homme qu’il veut être délivré. Eh bien ! répondez-moi, je vous en prie : parce que l’homme est méchant, valait-il mieux qu’il n’y eût pas d’homme ? Dire oui, ce serait le comble de la démence. Rien n’est nuisible à l’homme que le péché ; le péché disparaissant, tout devient facile, plus d’embarras, c’est la tranquillité, c’est la paix ; avec le péché, partout les écueils, et les tempêtes, et les naufrages. Et maintenant, que nul ne nous condamne, si nous disons que l’homme vicieux est plus méchant qu’une bête féroce. Si la nature a refusé à celle-ci la douceur, en revanche il est facile de tromper sa cruauté : ce qu’elle est naturellement, elle le fait voir ; tandis que l’homme qui médite le crime, qui se cache sous mille masques, est la bête féroce dont il est le plus difficile de se défendre. Sous la peau de la brebis souvent se cache le loup, et la foule imprudente se laisse prendre. Or, comme les bêtes féroces de ce genre ne sont pas faciles à surprendre, le Prophète a recours aux prières, et c’est le secours de Dieu qu’il implore pour être préservé de leurs attaques. En effet, le démon s’insinue souvent dans de pareils monstres, et c’est ainsi qu’il frappe ses coups ; il y en a donc un grand nombre, qui de toutes parts nous tendent leurs pièges. Le méchant nous assiège, le démon furieux nous fait la guerre, la tentation nous accable et nous