facilement d’être sauvée des maux qui peuvent l’assaillir. Mais ce n’est pas tout : elle se garantit encore de la manière la plus efficace contre le retour de semblables infortunes. Car si elle conserve dans sa mémoire le souvenir du bienfait reçu, il est clair qu’elle ne saurait pas davantage oublier les épreuves dont le bienfait l’a tirée. – Dès lors, gardant souvenir de ses maux, on se remémore avec soin quelle a été l’origine, la cause d’une pareille infortune ; et grâce à ces réflexions, on se fortifie de toutes parts pour l’avenir, de manière à ne pas retomber dans de semblables adversités. – Et en même temps que l’on règle ainsi, que l’on amende sa conduite, on témoigne une vive reconnaissance à son sauveur, en le priant de devenir le gardien de celui dont il a été le libérateur.
Imitons cette manière d’agir, et si nous nous sommes laissé entraîner à quelque faute, ayons hâte de revenir à nous, faisons de notre chute un motif de sûreté, une raison de ne plus faillir. Comment donc faire ? Vous avez un maître en David. Vous avez péché ? Ne vous endormez point sur votre péché ; levez-vous, songez aussitôt que Dieu a détourné de vous son visage, qu’il vous a oublié ; après cela pleurez, gémissez, baignez chaque nuit votre lit de vos larmes, fuyez loin de ceux qui opèrent l’iniquité. Telles sont les leçons nouvelles que vous pouvez encore recevoir de David. Dites avec lui : « Jusques à quand, Seigneur, m’oublierez-vous toujours ? Jusques à quand détournerez-vous votre visage de moi ? » Dites cela, non des lèvres, mais avant tout du cœur. Dites encore tout ce que David fait valoir à l’appui de sa prière. Quand vous aurez tout dit, espérez dans la miséricorde de Dieu ; espérez, ne doutez pas. « Celui qui doute », est-il écrit, « ressemble au flot de la mer qui est battu des vents. Que celui qui est tel, ne pense pas obtenir quelque chose de Dieu. Car c’est un homme irrésolu, inconstant dans toutes ses voies. » Espérez donc dans la miséricorde divine, sans jamais douter, et vous ne manquerez pas de voir votre prière exaucée, et une fois exaucé ne devenez pas ingrat, n’oubliez pas votre bienfaiteur, consacrez le souvenir de son bienfait par un monument, par un hymne de reconnaissance au Seigneur. Peut-être êtes-vous incapable d’en composer un vous-même. Eh bien ! convoquez les pauvres, empruntez leurs langues et servez-vous-en pour cet usage. Sachez bien que l’hymne de David a été moins agréable à l’oreille de Dieu, que ne le sera celui que ces voix-là feront entendre en votre nom. En effet, de même que l’harmonie produite par des sons divers fait une musique plus agréable que n’est une simple mélodie, ainsi les voix des pauvres charmeront Dieu comme un délicieux concert. Élevez donc, et à Dieu et à vous-même, un pareil monument, afin de rappeler sa bienfaisance et, tout à la fois, de marquer votre reconnaissance et votre gratitude, par ce signe du souvenir éternel qui doit rester au fond de votre cœur et, de là, diriger votre vie. Oui, dirigeons tous ainsi notre vie, afin que nous devenions dignes, nous aussi, de l’héritage des biens éternels, en J.-C. N. S, à qui gloire et puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduit par M. X***.
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