EXPLICATION DU PSAUME CXXXV.
1. « LOUEZ LE SEIGNEUR PARCE QU’IL EST BON, PARCE QUE SA MISÉRICORDE EST ÉTERNELLE. »
ANALYSE.
- 1. Dieu toujours miséricordieux. Les miracles de Dieu ne sont pas seulement des miracles de puissance, mais encore de bonté et de clémence.
- 2. Quelques-uns prétendent qu’il n’y eut pas qu’une seule voie ouverte dans les eaux de la mer Rouge, mais qu’il y en eut une pour chaque tribu du peuple d’Israël.
- 3. De l’admirable providence que Dieu exerça sur son peuple depuis sa sortie d’Égypte, jusqu’à son établissement dans la terre de Chanaan. Du grand mérite de l’humilité.
1. Après avoir parlé des bienfaits de Dieu envers les hommes, le Psalmiste réfléchit sur la grandeur de sa miséricorde ; il ne la mesure pas, ce qui est impossible ; mais, jaloux de montrer l’infini de cette grandeur, il invite les hommes à glorifier Dieu, et il les appelle tous à la fois, par ces paroles : « Louez le Seigneur », c’est-à-dire rendez-lui des actions de grâces, bénissez-le « parce que sa miséricorde est éternelle. » Qu’est-ce à dire, Est éternelle ? C’est-à-dire qu’on ne le voit pas, un jour, vous accorder un bienfait ; un autre jour, se retirer de vous ; un jour, vous prendre en pitié ; un autre jour, se montrer sans miséricorde. Ces variations se rencontrent chez l’homme, dont l’âme est troublée par les passions, sans consistance, distraite, embarrassée, offusquée par divers accidents, gênée dans sa condition. Dieu n’est pas de même ; sa miséricorde ne s’interrompt pas ; il ne cesse jamais de l’exercer, quoiqu’il l’exerce diversement, avec une grande variété de moyens. Il est toujours miséricordieux, et jamais il ne cesse de combler les hommes de bienfaits. Le Psalmiste, après avoir dit que cette miséricorde ne s’interrompt jamais, en montre les preuves, qu’il puise dans les choses visibles. Comme il veut conduire les Israélites à la vraie religion, voyez ici encore la comparaison qu’il fait de Dieu avec les dieux des Gentils ; c’est pour s’accommoder, comme nous l’avons déjà vu, à la portée de ses auditeurs. Car que dit-il : – « Louez le Dieu des dieux », et, chaque fois, il ajoute : « Parce que sa miséricorde est éternelle ; » et, « louez le Seigneur des seigneurs. » Dans le psaume précédent, il le montrait supérieur à tous les dieux ; ici l’expression est plus forte, « il est leur maître et leur Seigneur », soit que vous entendiez par là les idoles, soit que vous pensiez aux démons. En effet, quoique les démons l’aient offensé, malgré l’opprobre, l’ignominie qui les flétrit, ils n’en sont pas moins ses esclaves et ses sujets. Donc, pour cette raison, dit-il, louez, confessez que vous avez le Dieu supérieur à tous ; le Dieu à qui nul ne ressemble ; qui est le maître de tous, le Seigneur de tous. Mais Dieu s’appelle le Dieu de ceux qui lui plaisent, comme lorsqu’il dit : « Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. » (Ex. 3,6) Comment donc peut-il dire ici, le dieu des démons ? C’est qu’il faut entendre cette parole ici d’une manière, et là, d’une autre manière ; d’une part, elle signifie le lien d’affection qui attache Dieu