de vie ? Voyez-vous la force invincible ? Voyez-vous l’incomparable supériorité ? Voyez-vous la force, à qui rien ne fait obstacle ? Voyez-vous la facilité absolue, que rien tic gêne ? car, dit-il, le Seigneur a fait tout ce qu’il a voulu. » Où cela ? répondez-moi. « Dans le ciel et dans la terre ; » c’est-à-dire, non seulement ici-bas, mais dans le ciel même ; non seulement dans le ciel, mais sur la terre ; non seulement sur la terre, mais de plus, « dans les mers et dans tous les abîmes. » Abîmes signifie ici les parties les plus profondes de la terre, de même que « dans le ciel », signifie les parties les plus élevées des cieux. Eh bien ! ces immensités n’ont rien qui embarrasse sa volonté ; elle franchit tous les espaces ; et, voyez la merveille ! Il a tout fait, et pour cela il ne lui a fallu ni peine ni fatigue, il n’a pas même eu besoin de commander, sa simple volonté lui a suffi pour tout faire, il a seulement voulu et l’œuvre a suivi. Voyez-vous comme le Psalmiste montre la facilité de l’œuvre, le luxe intarissable des ouvrages, la puissance qui ne connaît pas d’obstacle ? Ensuite, cessant de parler du ciel et de la mer, il montre les ouvrages qui en dépendent, il ne les nomme pas tous, mais, franchissant rapidement ce qui est dans le ciel,.quoiqu’il y ait là des merveilles, il parle de ce qui est autour du ciel. Pourquoi ? C’est que ces premières merveilles, si éclatantes qu’elles fussent, étaient ignorées d’un grand nombre ; les autres, quoique moins admirables, étaient pourtant visibles, tous en avaient le spectacle. S’adressant à des hommes moins touchés de l’invisible que du spectacle étalé sous leurs yeux, il commence son enseignement par les merveilles visibles ; le conseil qu’il donne, il le met lui-même en pratique. Que conseille-t il donc ? De louer Dieu par ses œuvres, en les passant en revue l’une après l’autre, et de lui rendre gloire pour chacune de ses œuvres. En donnant le conseil de louer Dieu, il ne cessait pas de répéter : « Louez le nom du Seigneur ; louez le Seigneur, vous qui êtes ses serviteurs. » Et maintenant il montre comment il faut le louer ; en parcourant la création tout entière, en admirant, en exaltant la sagesse de Dieu, sa providence, sa puissance, sa sollicitude. Par là, nous apprenons que notre nier n’est pas la seule qui existe, mais qu’il y en a beaucoup d’autres, et d’une étendue immense. En effet, le Psalmiste dit : « Dans les mers, et dans tous les abîmes. » La mer Caspienne, la mer des Indes, et la mer Rouge sont séparées de la nôtre ; et, en dehors, enveloppant tout le reste, est l’Océan. « Il fait venir les nuées de « l’extrémité de la terre (7). » Autre version : « Il fait monter ; » autre version : « Il attire des dernières limites ; » autre version : « Du bout du monde. » C’est encore ce qu’on voit dans Job : « C’est lui qui enserre les eaux dans les nuées. » (Job. 25,8) Et Salomon : « Contenant l’eau comme dans un vêtement. » (Prov. 30,4) Le Psalmiste ici parle d’une autre merveille. De laquelle ? De celle qui a lieu lorsque l’air devenu plus lourd s’élève néanmoins, et, nonobstant le corps pesant qu’il porte, suit une marche ascendante, et contraire à celle que suivent naturellement les corps graves. Voyez que de merveilles ! l’eau est contenue dans l’air ; et, ce qui est bien plus admirable encore, l’eau est contenue dans un corps plus léger qu’elle qui la porte ; mais ce qui est encore plus incroyable, c’est que l’eau contenue dans cet air, une fois répandue hors du nuage, n’est plus retenue par l’air qui est au-dessous, mais s’écoule en divers sens, de tous côtés, et se précipite sur la terre. Si elle était contenue dans le nuage naturellement, il faudrait qu’elle fût aussi contenue dans l’air. Supposons dans l’air, une outre peine d’eau, supposons que cette outre soit portée par l’air, nécessairement l’air portera aussi l’eau contenue dans l’outre, si cette eau vient à en sortir ; voilà la conséquence naturelle des faits. Mais parce que toutes ces œuvres sont des merveilles faites pour confondre la pensée humaine, elles sont supérieures aux lois ordinaires de la nature comme à la raison de l’homme. Comment ! ce qui est contenu dans l’air du nuage n’est plus contenu dans l’air qui suit le nuage ? Avez-vous compris ce qu’il y a là de merveilleux, et comment un fait inférieur à tant d’autres merveilles, est encore une merveille ? Le Psalmiste montre, de plus, un autre prodige, en disant : soit de « l’extrémité de la terre », soit des « limites de la terre. » En effet, non seulement les nuées montent, mais de plus elles voyagent ; et ce n’est pas où elles ont d’abord paru, qu’elles envoient la pluie, elles franchissent souvent de grands espaces, versant ailleurs leurs eaux, par-delà les cités et les peuples. La merveille n’est donc pas seulement qu’elles montent, mais qu’elles marchent aussi solidement que sur un plancher,
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