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de David, leur en remit l’acte entre les mains ; et ceux-ci disaient en réponse : « Nous ferons et nous écouterons tout ce qu’a dit le Seigneur. » (Ex. 24,7) Puis, comme l’auteur du psaume voit que plusieurs d’entre eux ont transgressé les conventions, il reprend ta suite de son discours, il met tout en couvre pour trouver des paroles de consolation, et voici ce qu’il dit : « Car le Seigneur s’est choisi Sion, il l’a adoptée de préférence pour être a sa demeure (13). Elle est, dit-il, mon lieu de a repos dans la suite des siècles. C’est là que « j’habiterai, parce que je l’ai choisie de préférence (14). » Ce qui signifie, ce n’est pas un homme qui a choisi ce lieu, c’est Dieu même qui l’a désigné par condescendance pour leur faiblesse. Voici donc le sens : ce lieu que vous ayez choisi, que vous avez élu, que vous avez désigné, que vous avez jugé convenable, ne le laissez pas tomber en ruines, ne le laissez pas périr. Car vous avez dit : « J’y habiterai. » Mais il avait parlé ainsi aux conditions précitées. Quelles conditions donc ? « Si tes fils gardent mon alliance. Je comblerai sa chasse[1] de mes bénédictions (15). » Un autre interprète traduit : « Sa nourriture. » Le mot chasse signifie ici l’abondance des vivres, des récoltes, ainsi Dieu souhaite que tout leur afflue comme de source. En effet, les Juifs étaient autrefois dans de telles conditions d’existence qu’ils ne ressentaient pas les nécessités physiques ; lorsqu’ils avaient Dieu pour eux, il n’y avait chez eux ni disette, ni famine, ni peste, ni mort prématurée, ni aucun de ces fléaux tels qu’il en arrive souvent parmi les hommes : tout leur affluait comme de source, la main de Dieu corrigeant la faiblesse des choses humaines. L’auteur du psaume dit donc ici : Vous avez promis de bénir la chasse de Sion, c’est-à-dire, de lui fournir avec toute garantie l’abondance des choses nécessaires. « Je rassasierai ses pauvres de pains (15). Je revêtirai ses prêtres de salut et ses saints tressailleront d’allégresse (16). C’est là que je ferai paraître la puissance de David, j’ai préparé un flambeau a pour mon christ (17). Je couvrirai ses ennemis de confusion et sur lui fleurira ma sanctification (18). »
Voyez la prospérité résultant de toutes les conditions réunies, aucune des choses nécessaires ne leur manque, les prêtres sont en sûreté, le peuple dans la joie et le roi plein de force. Car ce qu’il appelle ici le flambeau promis au roi, c’est, ou la protection divine, ou le salut, ou la lumière, et ces avantages sont accompagnés du genre de prospérité le plus insigne. Quel est-il ? Les ennemis seront couverts de honte et personne ne viendra corrompre tant de biens. Et l’auteur du psaume ne dit pas seulement la ruine, mais la honte, il veut que, restant en vie ; ils soient couverts de confusion, qu’ils se cachent et que par les maux qu’ils endureront, ils témoignent de la force et de la prospérité de ce peuple. « Et sur lui fleurira ma sanctification. » Que signifie : « Et sur lui ? » Cela veut dire : Sur le peuple. « Ma sanctification. » Un autre interprète a mis : « La puissance ; » un autre « Sa distinction ; » et un autre : « Ce qui le distingue. » Quelle est en définitive le sens de ce passage ? Je crois que cela signifie le succès, la sécurité, la force, la royauté.
Les dons que je lui ai réservés dès le commencement, veut dire l’auteur du psaume, demeureront florissants et en pleine vigueur ils ne se flétriront ni ne dépériront ; mais tout cela aura lieu, si la condition dont nous avons parlé plus haut continue à être observée. Quelle condition ? « Si tes fils gardent mon alliance. » Car les promesses de Dieu, toutes seules, ne nous procurent pas les différents biens, si, de notre côté, nous ne faisons pas ce qui dépend de nous, et nous ne devons pas, comptant sur ces promesses, nous relâcher et nous endormir. Car il y a beaucoup de biens que Dieu a promis et qu’il ne donne pas, parce qu’il trouve que ceux qui en ont reçu les promesses en sont indignes ; de même qu’il ne donne pas leur effet aux maux dont il nous avait menacés, lorsque ceux qui l’avaient irrité se convertissent ensuite et désarment sa colère. Instruits de ces vérités, ne nous laissons pas aller à la tiédeur en nous fiant aux promesses de Dieu, afin de ne point faire de chute, et en même temps, ne nous décourageons pas sous l’impression des menaces, mais convertissons-nous. Car c’est ainsi que nous pourrons obtenir les biens futurs, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


  1. Comme cette version diffère notablement, par suite du changement d’une seule lettre grecque, du sens que l’on est habitué à voir à ce verset, il n’est pas inutile de remarquer, avec la bible de Vence et l’édition Migne de saint Jean Chrysostome, que Θήραν, venationem, est la vraie leçon, quoique plusieurs exemplaires, même anciens, des Septante, portent déjà χήραν viduam. L’hébreu porte (צידה), qu’Aquila traduit par ἐπισιτισμόν, cibum. (E. M)