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« Car nous avons appris que l’arche a été à Ephratha, et nous l’avons trouvée dans les champs de la forêt (6). » Ici, l’auteur du psaume rapporte des faits anciens, pour indiquer que l’arche a précédemment erré pendant longtemps, allant de place en place ; c’est ce que signifie : « Car nous avons appris qu’elle a été à Ephratha », c’est-à-dire : nos pères nous ont raconté, nous savons par ouï-dire, que déjà, après avoir erré de tous côtés, dans les plaines et les campagnes, elle s’était ensuite fixée : eh bien ! puisse la même chose arriver encore aujourd’hui ! Par Ephratha, il entend ici la tribu de Juda, où elle avait été amenée après ses nombreux voyages. « Nous entrerons dans les tabernacles du Seigneur, « nous l’adorerons dans le lieu où se sont tenus ses pieds » Vous novez de quelles expressions matérielles il s’est servi, à cause de l’extrême grossièreté de ses auditeurs, en leur parlant de tabernacles de Dieu, de ses pieds, et d’un lieu, où ses pieds se sont tenus. Il désigne par tous ces mots l’endroit où était l’arche, parce que c’était de l’arche que sortaient des voix terribles qui, dans les affaires des Juifs, dissipaient les obscurités, et qui prédisaient l’avenir. « Lève-toi. Seigneur, pour te rendre au lieu de ton repos, toi et l’arche de ta sanctification (3). » Ou autrement : « De ta force. » Autrement encore : « De ta puissance. » Du reste, les deux sens sont conformes à la vérité. Car c’était de l’arche que Dieu envoyait la sainteté, et les paroles écrites qui y étaient placées procuraient à la fois et ! a sainteté et la force.
3. L’auteur du psaume a donc bien dit : oui, Dieu fit éclater une grande puissance par le moyen de l’arche, non pas une ou deux fois, mais souvent, comme par exemple lorsqu’elle fut prise par les habitants d’Azot, lorsqu’elle renversa les idoles, lorsqu’elle frappa ceux qui l’avaient prise, lorsqu’ayant été restituée elle arrêta le fléau ; enfin, par d’autres merveilles encore qu’elle opérait là où elle était alors, elle manifestait sa vertu. Et que signifient ces mots : « Lève-toi pour te rendre au lieu de ton repos ? » C’est-à-dire, mets un terme à nos marches errantes, aux déplacements de ton arche que nous portons avec nous et fais enfin qu’elle se repose. « Tes prêtres se revêtiront de justice (9). » Suivant une autre version : « Que tes prêtres s’enveloppent de justice », et suivant une autre encore : « Que tes prêtres se revêtent de justice », ce qui est certainement plus clair, car ce sont ici les paroles, non d’un homme qui prophétise, mais d’un homme qui prie et qui demande la possession de la vertu. Il appelle justice les cérémonies saintes, le sacerdoce, le culte, les sacrifices, les offrandes et aussi la régularité de la conduite, car c’est surtout des prêtres qu’elle doit être exigée. « Et tes saints seront dans l’allégresse », lorsque ces choses arriveront. Voyez, il n’ambitionne ni la reconstruction de la ville, ni l’abondance des vivres, ni les autres genres de prospérité ; ce qu’il cherche c’est la dignité du temple, le repos de l’arche, la perfection des prêtres, les cérémonies sacrées, le culte, le sacerdoce. Puis, comme les Juifs demandaient aussi tout cela, mais qu’ils étaient coupables de beaucoup de péchés, il s’autorise encore de celui dont il descend. « À cause », dit-il, « de David ton serviteur, ne repousse pas le visage de ton christ (10). » Pourquoi dit-il : « A cause de David ton serviteur ? » Ce n’est pas seulement, veut-il dire, en faveur de la vertu de David, ni parce qu’il a montré tant de zèle pour la construction du temple, mais encore parce que tu as fait un pacte avec lui. « A cause de David ton serviteur, ne repousse pas le visage de ton christ. » Quel est ce christ ? Celui qui, ayant reçu l’onction sainte, gouverne maintenant le peuple et est à la tête de la nation. « Le Seigneur a juré à David la vérité et il ne la démentira pas. Je placerai sur ton trône quelqu’un qui viendra du fruit de tes entrailles (11). » En effet, après avoir évoqué le souvenir de David et de sa vertu, ainsi que de son zèle relativement au temple, après avoir rappelé les événements d’autrefois et réclamé auprès de Dieu pour que le temple reparût avec ses premières institutions, l’auteur du psaume met en avant ce qui est pour lui l’objet capital, en reproduisant les conventions établies par Dieu. Et quelles sont-elles ? « Je placerai sur ton trône quelqu’un qui viendra du fruit de tes entrailles. » Toutefois ce pacte n’a pas été fait purement et simplement, mais avec une certaine restriction. Quelle est-elle donc cette restriction ? Écoutez, l’Écriture ajoute : « Si tes fils gardent mon alliance et ces témoignages que je leur enseignerai, et si leurs fils les gardent dans la suite des siècles, ils seront assis sur ton trône (12). » Dieu ayant établi ces conventions avec les fils