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Folie, délire, corruption : de là tous les maux dont nous sommes assaillis.
Tandis que ces hommes disent : « Qui est notre maître ? » d’autres confessent à la vérité, le Seigneur, mais suppriment le dogme du jugement et de la peine, courte satisfaction achetée au prix d’un terrible châtiment ! Ils veulent se consoler en oubliant l’enfer ; et ils ne voient pas que, par cette sécurité ils se précipitent eux-mêmes dans le gouffre de la perdition. Je vous en conjure donc, souvenez-vous de l’enfer, entretenez-vous de l’enfer ; façonnez, embellissez ainsi votre âme. L’utilité de ces propos est grande. Ce n’est pas sans intention que Dieu nous a menacés de la géhenne, et nous en a révélé, même ici-bas, l’existence c’est afin de nous corriger par la crainte. Aussi le diable n’épargne-t-il rien pour effacer de notre mémoire cette pensée. N’allez pas la perdre, ne dites point : pourquoi me tourmenter, hors de propos ? Hors de propos, dites-vous ? C’est dans l’enfer que vous souffrirez hors de propos. C’est le temps présent qui est opportun pour la souffrance, et non l’autre vie. – Témoin le riche de l’histoire de Lazare il souffre beaucoup, et n’y gagne rien. Si, au contraire, il avait su choisir le bon moment pour souffrir, il n’aurait pas été condamné à un pareil supplice. – « À cause de l’infortune des mendiants et des gémissements des pauvres, je vais me lever, dit le Seigneur. Je les mettrai dans un lieu de salut. J’agirai en cela avec une entière liberté (6). » D’après un autre : « Je rendrai leur salut manifeste. »
Apprenez quel est le pouvoir de l’humilité. C’est la force des pauvres (parce mot j’entends ceux qui ont le cœur contrit), c’est leur soutien dans les épreuves. David ne parle pas ici de vertu, de sagesse ; le malheur, dit-il, voilà ce qui excite Dieu à se lever, ce qui le porte à sévir, à, venger. Tel est le mérite attaché à la patience de l’opprimé, telle est la sollicitude de Dieu pour ceux qui sont persécutés, le malheur même devient le plus efficace des appuis pour les malheureux. Grand est le pouvoir des gémissements, ils font descendre la grâce d’en haut. Tremblez, vous qui maltraitez les pauvres. Vous avez la puissance, l’argent, l’opulence, la faveur des juges ; mais de leur côté, ils ont une arme plus forte, les gémissements, les pleurs et leur oppression même, qui leur procure les secours d’en haut. Cette arme-là ruine des maisons, en bouleverse les fondements, elle détruit des villes, elle anéantit des nations entières ; je parle du gémissement des opprimés. Dieu honore leurs bons sentiments, lorsqu’au milieu de l’adversité, ils s’interdisent toute parole condamnable et se bornent à gémir, à se lamenter sur leurs propres infortunes. Que veut dire ceci : « Je les mettrai « dans un lieu de salut, j’agirai en cela avec « une entière liberté ? » Entendez manifestement, publiquement, de sorte que tout le monde en soit instruit. N’est-ce donc point toujours manifestement que Dieu nous sauve ? Non, c’est quelquefois en secret, attendu qu’il n’a que faire de l’admiration des hommes. Mais dans la circonstance présente, comme les ennemis de ces pauvres devaient évidemment les insulter, les injurier, les accuser d’être privés du secours divin, Dieu, afin de corriger ces méchants mêmes et de les pousser à s’amender, en les convainquant de l’appui prêté par le Seigneur, annonce alors qu’il rendra manifeste la délivrance des opprimés. « Les paroles du Seigneur sont des paroles pures ; c’est un argent éprouvé au feu, purifié dans la terre (7). » Quelle est donc la suite des idées ? Elle est parfaite et continue. N’allez pas croire, veut-il dire, que ce soient là de vaines paroles, de stériles menaces ; les paroles de Dieu sont pures, dégagées de tout mensonge. De même que l’argent éprouvé au feu ne conserve plus aucun élément étranger ni emprunté, de même les paroles de Dieu, une fois proférées, ne peuvent manquer de s’accomplir. De là ces mots : « Un argent éprouvé au feu, purifie dans la terre. » Suivant un autre :« Éprouvé au feu, qui passe dans la terre. » En hébreu : Baalil laares, c’est-à-dire : Passé à l’entonnoir, coulant dans la terre. « Sept fois affiné. ».
4. Voyez-vous comment il insiste au moyen d’une image matérielle, sur cette parfaite et absolue vérité ? Il en est des promesses de Dieu comme du métal passé au creuset et au feu, et cela à plusieurs reprises, dégagé de toute substance étrangère, purifié avec minutie. « Vous, Seigneur, vous veillerez sur nous et vous nous protégerez contre cette génération et pour toujours (8). » Il y a d’autres traductions : « Vous veillerez sur eux ou vous veillerez sur ces choses et vous nous, protégerez contre cette génération et pour toujours », ou « durant la génération éternelle. » « Les impies marchent en tournant. » « Marcheront