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victoire, aux couronnes, aux exemples de ses ancêtres qui se sont signalés. Vous aussi, quand la trompette spirituelle sonne, résistez avec le courage d’un lion : qu’on vous oppose le fer ou le feu, avancez. Les éléments eux-mêmes savent respecter les mâles courages. Les bêtes féroces, elles aussi, ont coutume de craindre les hommes valeureux, et malgré la faim. malgré la nature qui les aiguillonne et les excite, elles oublient tout en présence du juste, elles mettent un frein à leur courroux. Soyez donc remplis d’une sainte ardeur et vous ne craindrez pas les flammes, quand même vous les verriez s’élever jusqu’au ciel. Vous avez un chef généreux et tout-puissant qui d’un simple signe peut faire disparaître tout ce qui vous importune. Il tient tout en son pouvoir : le ciel, la terre, la mer, les animaux sauvages, et le feu. Il peut tout transformer, tout mouvoir à son gré. Je vous demande donc d’où peuvent venir vos craintes, sinon de votre lâcheté et de votre nonchalance personnelle. La mort n’est-elle pas le plus grand de tous les maux ? Eh bien ! ce n’est cependant qu’une dette que nous payons à la nature. Pourquoi ne travaillez-vous pas à vous la rendre profitable ? Puisqu’il faut bon gré, mal gré, avancer dans cette vie, pourquoi ne serait-ce pas à notre avantage ? Aux rudes épreuves de ce monde succéderont les biens de l’éternité, qui seront une source de jouissances infiniment au-dessus de la douleur présente. Que si ces épreuves vous paraissent insupportables, songez à ceux qui, sans aucune récompense, se consument à la longue, en proie à une faim continuelle, à des maladies incurables et longues qui leur font souvent souhaiter la mort. On en a vu qui se sont poignardés, d’autres qui se sont pendus pour en finir avec la vie. Pour vous, qui avez devant les yeux et le ciel et les biens qu’il renferme, vous ne craignez pas, vous ne tremblez pas d’être mous et lâches, surtout quand vous avez un aide aussi puissant ! Écoutez donc le Prophète qui vous crie : « Ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur sont fermes comme la montagne de Sion ; » voulant nous faire entendre par cette montagne, que notre confiance cri Dieu doit être immuable, solide, invincible et inexpugnable. Car, de même que les machines les plus nombreuses et les plus puissantes ne sauraient ni renverser, ni ébranler cette montagne, ainsi celui qui a placé en Dieu son espérance, résistera à toutes les attaques : il n’y a pas de montagne, en effet, dont la force puisse être comparée à la confiance en Dieu. – « Celui qui demeure dans Jérusalem ne sera jamais ébranlé. » Une autre leçon porte – « Il sera inébranlable à tout jamais celui qui demeure près de Jérusalem. »
Mais quoi ? Daniel et les trois enfants ne lurent-ils pas ébranlés ? – Nullement, car s’ils furent expatriés, conduits en captivité, ils ne furent pas ébranlés un seul instant. Et au milieu d’une si grande perturbation de toutes choses, malgré la violence des flots, ils étaient immobiles comme le rocher et restaient tranquilles dans le port, sans éprouver rien de pénible. N’appelez pas ébranlement, l’émotion causée par les événements de la vie. Être ébranlé, c’est donner la mort à son âme, perdre sa vertu ; ce qui n’a pas lieu pour ceux qui sont sobres et vigilants au milieu des périls ; leur sagesse au contraire, y puise une nouvelle vigueur et ils en sortent avec plus d’éclat. Si vous voulez entendre dans un sens anagogique ces paroles : « Celui qui demeure dans Jérusalem ne sera jamais ébranlé », représentez-vous la cité céleste. Ceux qui y sont parvenus sont à l’abri des épreuves. Il n’y a rien qui puisse les faire déchoir, ni passions, ni plaisirs, ni occasion de pécher, ni douleur, ni ennui, ni danger : tout cela est bien loin. – « Jérusalem est environnée de montagnes et le Seigneur est autour de son peuple pour le défendre dès maintenant et pour toujours (2). » Ces paroles signifient que Jérusalem tire un grand secours de sa position même, mais le Prophète ne veut pas qu’elle s’y confie, et il l’élève jusqu’à un autre secours inexpugnable, qui est Dieu.
2. Sans doute, dit le Psalmiste, les montagnes la défendent, mais il lui faut encore un protecteur qui la rende inexpugnable, selon cette parole d’un autre interprète : « Le Seigneur environne son peuple. » En d’autres termes, ne vous fiez pas à la hauteur des montagnes, car ce qui rend Jérusalem inexpugnable, c’est que « le Seigneur ne laissera pas toujours le sort des justes sous la verge des pécheurs(2). » Montrant ainsi aux justes un motif légitime d’attendre le secours de Dieu, et de s’y confier. Quel est ce motif ? C’est que le Seigneur ne laissera pas les biens des justes aux mains des pécheurs : paroles bien propres à nous faire confier dans l’assistance divine et