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il y eut plusieurs myriades de croyants : les apôtres avaient été pris parmi eux. Le Psalmiste a eu bien raison de dire : « À nos yeux. » Car ce prodige ne brille pas à tous les regards. Qui ne serait étonné, ravi, en songeant que le Christ fut adoré là même où il avait été crucifié et que ceux qui le crucifièrent sont dans l’ignominie, tandis que ses adorateurs sont couverts de gloire ? Sa parole se répandit dans tout l’univers, ralliant tous les hommes à la vérité. C’est donc quelque chose d’admirable pour tous, à quelque point de vue qu’on se place, mais surtout et avec beaucoup plus d’évidence pour ceux qui croient, comme le marquent ces mots : « À nos yeux. C’est ici le jour que le Seigneur a fait : réjouissons-nous, et soyons pleins d’allégresse (24). » Le mot jour doit s’entendre ici non du cours périodique du soleil, mais des choses merveilleuses qui ont été accomplies. Car, de même qu’on dit d’un jour qu’il est mauvais, en faisant allusion, non à la marche du soleil, mais aux malheurs arrivés dans ce temps, ainsi on appelle bon le jour où il s’est passé de belles choses. Les paroles du Psalmiste peuvent donc se traduire ainsi : C’est Dieu qui a fait les choses admirables accomplies en ce jour, car sa main seule était capable de les réaliser.
6. Y a-t-il rien qui soit comparable à ce jour ? C’est à pareil jour, en effet, qu’a eu lieu la réconciliation de Dieu avec les hommes ; alors l’antique guerre a été terminée, et la terre a envahi le ciel, et les hommes indignes de la terre ont paru dignes du royaume céleste, et les prémices de notre nature ont été élevées au-dessus des cieux, et le paradis a été ouvert, et nous avons recouvré notre ancienne patrie, et la malédiction a été abolie, et le péché a été détruit, et ceux qui avaient été punis par la loi ont été sauvés sans la loi, et la terre entière et la mer ont reconnu leur souverain, sans parler d’autres prodiges innombrables que notre discours ne suffirait pas à énumérer. Aussi le Prophète, après avoir repassé dans son esprit ces merveilles, les attribue toutes à Dieu, montrant que ce qui a été fait, a été fait par Dieu. « Réjouissons-nous en ce jour et soyons pleins d’allégresse. » Il s’agit ici d’une joie spirituelle, joie de l’esprit, joie de l’âme. « Réjouissons-nous en ce jour et soyons pleins d’allégresse » d’avoir été mis en possession de si grands biens. C’est la marque d’une grande vertu de se réjouir du bien, d’en tressaillir, d’en être rempli d’allégresse, de recevoir avec plaisir les bienfaits de Dieu. « O Seigneur, conservez, je vous en « prie ; ô Seigneur, faites prospérer le règne « de votre Christ, je vous en prie. » En voyant la prospérité de la terre, les changements et les transformations heureuses qui s’accomplissaient, le Psalmiste félicite ceux qui en sont l’objet et il s’écrie : « O Seigneur, conservez, je vous en prie, ô Seigneur, faites prospérer le règne de votre Christ, je vous en prie. » C’est-à-dire, conservez ceux qui jouissent, et pour que leurs désirs soient accomplis et qu’ils produisent des fruits dignes de votre grâce, rendez-leur la voie facile, afin qu’après être arrivés au terme de leurs désirs, ils ne se séparent plus de tels biens. « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur (26) ! » C’est que nos biens ne consistent pas seulement dans ce qui a été fait, mais ils nous conduisent à d’autres biens, infiniment supérieurs : la résurrection, la vie éternelle, l’héritage avec le Christ ; toutes choses que le Psalmiste veut faire entendre par ces paroles : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Notre Sauveur a dit la même chose aux Juifs : « En vérité, en vérité je vous le dis, vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ? » (Mt. 23,39) En effet, comme ils lui jetaient à la face, à tout propos, qu’il n’était pas de Dieu, qu’il était l’ennemi de Dieu, il leur dit : Vous me rendrez vous-mêmes témoignage que je ne suis pas l’ennemi de Dieu, quand vous m’aurez vu venir, sur les nues et que vous vous serez écriés : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Paroles admirables et pleines de louanges qui rendront les Juifs inexcusables ; car les événements qui s’accompliront alors apporteront une telle lumière qu’ils arracheront ce cri qui sera tout à la fois, et la glorification de Dieu et l’accusation la plus terrible contre ceux qui le proféreront. « Nous vous bénissons de la maison du Seigneur. Le Seigneur est le vrai Dieu et il a fait paraître sa lumière sur nous (27). » Il est question ici de tout le peuple fidèle qui a trouvé la bénédiction dans la maison du Seigneur. Partout on entend les prophètes appeler bienheureux ceux qui croiront. Pourquoi les bénédictions dont il s’agit ici et d’où vient ce bonheur ? C’est que « le Sauveur nous est apparu. La grâce de Dieu notre Sauveur a paru, tel