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qu’il juge qu’il doit nous suffire de connaître peu à peu les événements.
2. Il ne faut donc pas trop chercher à pénétrer en foules choses la Providence divine, ce serait prétendre à dés choses infinies et infiniment au-dessus de toute nature créée. Quant à ceux qui veulent la comprendre sur certains points il faut qu’ils soient exempts de ces passions dont nous venons de parler, et alors ils la verront plus clairement que le soleil, quoique partiellement, et le peu qu’ils en verront leur apprendra à rendre grâces pour le tout. « J’ai invoqué le Seigneur du milieu de l’affliction, et le Seigneur m’a exaucé, et m’a mis au large (5). » Quelle miséricorde ! quelle bonté de la part du Seigneur : Le Psalmiste ne dit pas : j’étais digne, il ne dit pas : j’ai montré mes bonnes œuvres, mais simplement : « J’ai invoqué », et ma prière a suffi pour éloigner de moi le malheur. C’est ainsi que parle Dieu à propos des Égyptiens : « J’ai vu l’affliction de mon peuple et je suis descendu pour le délivrer. » (Ex. 3,7-8) Il ne dit pas : J’ai vu la vertu de mon peuple ou son retour a de meilleurs sentiments, mais son affliction, et j’ai entendu ses cris de détresse. Qui ne reconnaîtrait, à ces traits, le père bienfaisant et miséricordieux qui s’empresse dé secourir par le seul motif qu’on est malheureux ? Les hommes ne regardent pas comme digne d’être sauvé quiconque est : affligé, et s’il leur arrive de voir torturer et battre de verges des esclaves, ils ne volent pas à leur, secours, mais ils sont arrêtés par la considération de leurs fautes. Dieu a pardonné par cela seulement qu’on était affligé, et non content d’avoir délivré de l’affliction, il a procuré une grande sécurité. « Il m’a exaucé », dit le Psalmiste, et il m’a mis au large. Il y a plus : l’affliction n’a été permise qu’afin de rendre meilleurs et plus sages ceux qu’elle a frappés. « Le Seigneur est mon soutien et je ne craindrai point ce que l’homme pourra me faire (6). ».
Quelle grandeur d’âme ! quel esprit élevé ! Comme il sait monter au-dessus de la, faiblesse humaine pour mépriser toute, la nature ! Ne nous contentons pas de constater le fait, ruais apportons des preuves à l’appui. Le Psalmiste rie dit pas : Je ne souffrirai plus, mais : « Je ne craindrai point ce que l’homme pourra me faire. » C’est-à-dire, quoique je souffre, je ne craindrai rien, exprimant la même pensée que saint Paul quand il s’écrie : « Si Dieu est, pour nous qui sera contre nous ? (Rom. 8,31). Pourtant les ennemis des Juifs étaient innombrables, mais rien ne les accablait. Ne faudrait-il pas en effet, une âme bien pusillanime et bien basse pour craindre ses semblables quand elle a la protection et l’amitié du Seigneur ? Ici au contraire elle est supérieure à toutes les craintes qui l’assaillent de toutes parts. Agissons nous-mêmes de la sorte de peur que nous rie nous privions du secours de Dieu en redoutant trop les obstacles humains, car cette crainte serait une insulte envers l’assistance divine. Telle fat ta cause des malheurs qui fondirent sur la maison d’Ézéchias. En effet, le soleil avait rétrogradé et était revenu sur ses pas, et ce miracle aurait suffi pour remplir d’effroi ceux qui étaient venus pour le constater ; mais le roi craignant d’être un jour assailli par ses visiteurs voulut les effrayer et exciter leur admiration non par les prodiges dont il avait été l’objet, mais par des choses humaines : c’est pourquoi il leur montra ses trésors dans lesquels il plaçait toute sa confiance. (2R. 20,14, et suiv) Aussi, Dieu irrité lui dit par son prophète : « Tout cela te sera ravi (Id) », c’est-à-dire, ces objets dans lesquels tu te confies et tu mets tes espérances. Israël, à son tour, est accusé de se confier dans ses trésors et dans ses chevaux. Que fait le prophète ? Il les avertit de se hâter d’apaiser le Seigneur par une conduite tout opposée et de dire : « Nous ne monterons pas sur nos chevaux. » (Os. 14,4) Dieu vous honore et vous le méprisez. Dieu vous honore en vous offrant son secours et vous vous abandonnez aux, espérances Humaines, prétendant trouver le salut dans l’argent qui, n’est qu’une vile matière. non seulement il veut nous sauver, mais il veut nous honorer en mémé temps. Il nous aime ardemment, voilà pourquoi il veut nous séparer de tout pour nous attacher à lui seul : il nous retranche tout pour nous amener à lui et chacun de ses actes semble nous dire : « Espérez en moi » et demeurez-moi, constamment attachés. « Le Seigneur est mon soutien et je mépriserai mes ennemis (7). »
Il ne se venge pas, il ne punit pas ses ennemis, mais il remet ce soin à Dieu. « Il est bon de se confier au Seigneur plutôt que de se confier dans l’homme (8). Il est bon d’espérer au Seigneur plutôt que d’espérer dans les princes (9). Il ne s’agit pas ici d’une comparaison, mais l’Écriture