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3. Qu’est-ce à dire « leur part de breuvage ? » c’est-à-dire leur lot, leur propriété ; c’est de cela qu’ils vivront, c’est là qu’ils trouveront la mort : le motif vient ensuite : c’est que celui qui voit tout ne consentira pas à laisser de pareils crimes impunis. De là, ces paroles d’un autre prophète : « Votre œil est pur, afin de ne pas voir les iniquités ; et vous ne pourrez regarder les maux. » C’est ce que David lui-même exprime en disant : « Parce que le Seigneur est juste et qu’il a pris en affection la justice. » Tel est, en effet, le caractère le plus sensible de la divinité ; approuvez la justice, la droiture ; pour ce qui est contraire à ses vertus, elle ne saurait jamais en soutenir la vue.
Voilà pourquoi il disait, en commençant ce psaume : « C’est en Dieu que je me confie, comment direz-vous à mon âme. Passe sur les montagnes ainsi qu’un passereau ? » En effet, ceux qui placent leur confiance dans les biens de ce monde sont tout pareils au passereau qui dans la solitude où il doit trouver la sécurité, est aisément pris par le premier venu. Tel est l’homme qui se fie à ses richesses. Ainsi que le passereau se laisse attraper par les petits enfants, par la glu, les pièges, et de mille façons ; de même le riche est victime, soit des siens, soit de ses ennemis ; et son salut est encore plus menacé, à cause du grand nombre d’embûches que lui tendent les hommes, et, par-dessus tout, ses mauvaises passions ; c’est un nomade que la crainte chasse de chez lui à tous moments devant des licteurs furieux, un roi irrité, des courtisans perfides, des amis infidèles ; s’il voit surgir des ennemis, il est dans d’inexprimables alarmes ; et, jusqu’au sein de la paix, il redoute encore les attaques ; car la richesse qu’il possède est éphémère et périssable. Aussi ne cesse-t-il de voltiger, de changer de place, de chercher les déserts, les montagnes, de vivre dans l’obscurité ; que dis-je ? le jour même n’est pour lui qu’une obscurité profonde où il ourdit des ruses. Mais il n’en est pas de même du juste. « Car les voies des justes resplendissent comme la lumière. » (Prov. 4,18) Ils ne songent ni à nuire, ni à conspirer contre autrui ; leur âme est dans la paix. Au contraire, les hommes artificieux sont toujours dans les ténèbres et dans les alarmes comme les voleurs, les brigands, les adultères ; en plein jour même, ils ne voient que ténèbres, dans la crainte qui agite leur âme. Comment s’y prendre pour dissiper ces ténèbres ? Il faut s’affranchir de toutes ces pensées et s’attacher uniquement à l’espoir en Dieu, de quelques péchés qu’on puisse être chargé. « Regardez vers les anciennes générations, et voyez qui a espéré dans le Seigneur et a été confondu. » Il ne dit pas quel juste ? mais « Qui ? » juste ou pécheur. La merveille est, en effet, que les pécheurs mêmes, s’ils savent se cramponner à cette ancre, résistent désormais à tous leurs ennemis. C’est que rien n’indique mieux l’amour de Dieu que de se fier à sa bonté quand on succombe sous un pareil fardeau. Autant est maudit celui qui met son espoir dans l’homme, autant est bienheureux celui qui place en Dieu son espérance. Renoncez donc à tout, pour vous affermir sur cette ancre. En effet, Dieu voit tout ; il juge les actions des justes, et, non content de les juger, il les fait encore réussir. C’est pourquoi David, après avoir parlé de la justice divine, fait intervenir aussi le châtiment par ces expressions « feu, tempête » s’il le fait, c’est pour leur bien, c’est pour les rendre plus sages par la considération des supplices. Par tous ces motifs, allons à lui, et ne cessons de diriger vers lui nos regards. Nous obtiendrons ainsi tous les biens en Jésus-Christ Notre-Seigneur, à qui gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.