ensuite à l’armée des justes, et tire de là une nouvelle preuve de la faiblesse de leurs ennemis. – Servons-nous également de cette mesure pour apprécier la force et la faiblesse et n’allons point nous effrayer de ce qui est un sujet de crainte pour le sot vulgaire. – Qu’entendons-nous dire en effet ? C’est un homme redoutable et sans scrupules, armé d’opulence et de pouvoir. Raison de plus pour que je le brave : ce sont là des principes de faiblesse. Mais il sait ourdir une trame, dira-t-on. – Ce n’est qu’un nouveau principe d’affaiblissement.
Comment se fait-il donc que de pareils hommes restent si souvent vainqueurs ? C’est que vous ne savez pas lutter : c’est que vous combattez pour ces mêmes avantages prétendus qui font leur faiblesse, la gloire et la puissance. Fuyez ces causes de guerre et recourez à d’autres armes, à la modestie contre l’orgueilleux, à la pauvreté contre l’avare, à la tempérance contre le voluptueux, à la bonté contre l’envieux : par là vous vaincrez sans peine. Pour revenir à ce que je disais, voyons maintenant comment David, après avoir fait ressortir la faiblesse de ses adversaires, décrit l’armure du juste. Qu’« a fait le juste ? » poursuit-il. Vous savez à quels ennemis il avait affaire : vous voulez maintenant savoir comment il s’arma ? Écoutez. – « Le Seigneur est dans son saint temple : le Seigneur, dans le ciel est son trône (5). »
Voyez-vous avec quelle brièveté il fait mention de cette alliance. Qu’a fait le juste ? demandez-vous : il s’est réfugié auprès du Dieu qui est au ciel, du Dieu qui est partout. Au lieu de tendre son arc, de préparer son carquois, à l’exemple de son adversaire, de ranger son armée dans les ténèbres, il s’est retranché derrière son espoir en Dieu, comme derrière un rempart contre toutes les attaques ; il a opposé à l’ennemi celui qui n’a besoin de rien de pareil, ni circonstances, ni lieux favorables, ni armes, ni argent, et qui, d’un signe, accomplit toutes ses volontés. Voyez-vous quelle invincible et commode assistance ? – « Ses yeux regardent vers le pauvre, ses paupières examinent les fils des hommes. – Le Seigneur examine le juste et l’impie ; celui qui aime l’injustice, trait son âme (6). » Suivant d’autres : « Ses paupières éprouvent » ou : « le Seigneur est un examinateur équitable ; » ou « il éprouve le juste et l’impie, et celui qui aime l’injustice est haï de son âme. »
Tel est l’allié, l’auxiliaire prêt à secourir David : un être qui est partout, voit, tout, considère tout, qui a pour principal office, qu’on le prie ou non, de veiller sur nous, de pourvoir à nos intérêts, de réprimer l’injustice, de secourir les opprimés, de donner aux uns la récompense de leurs bonnes œuvres, d’infliger aux autres les supplices dus à leurs péchés. Rien.: e lui échappe ; car ses regards s’étendent sur toute la terre. Et ce n’est pas assez pour lui de savoir ce qui s’y passe, il veut encore y remettre l’ordre. De là ce nom de juste qui lui est donné ailleurs. S’il est juste, il ne se résignera pas à laisser aller ainsi les choses. Il se détourne des méchants, il approuve les justes. Le Psalmiste poursuit en montrant la même chose qu’il a déjà fait voir dans le précédent psaume, à savoir qu’il suffit de leurs vices mêmes pour perdre les méchants. « Celui qui aime l’injustice hait son âme. » – Le vice, en effet, est une chose hostile à l’âme, funeste et pernicieuse : de telle façon que le méchant est puni avant d’être livré au supplice. Vous voyez comment il montre que tout conspire contre ses ennemis, et l’allié qui le secourt, et leurs armes, à eux, qui se retournent contre eux-mêmes, leurs boucliers qui les surchargent et les écrasent. Vous voyez de plus avec quelle facilité il s’est assuré l’assistance de son allié. Il n’est pas besoin de sortir de cirez soi, de courir, de dépenser de l’argent : Dieu est partout, il voit tout. « Il fera pleuvoir des pièges sur les pécheurs : le feu, le soufre et le souffle de la tempête seront leur part de breuvage (7). Parce que Dieu est juste, et « qu’il a pris en affection la justice ; son visage a vu la droiture (8). » Un autre dit : « Il fera pleuvoir les charbons sur les coupables. » Un autre : « Leur visage verra la droiture ; » entendez la droiture des justes ou celle de Dieu lui-même.
Après avoir fait connaître la punition que le vice trouve en lui-même, sachant que beaucoup la méprisent, il ébranle maintenant le cœur des méchants par la crainte des châtiments d’en haut, en se servant pour cela d’un langage expressif et de termes propres à inspirer l’effroi. Il les menace du feu, du soufre, du souffle de la tempête, de charbons tombés du ciel, voulant indiquer par ces mots figurés, ce que le, châtiment a d’inévitable, le supplice d’effrayant, les coups, de subit et de désastreux.
Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/16
Cette page n’a pas encore été corrigée