Partout luxure, partout incontinence, partout des représentations d’amours illicites et furieuses. Images, fêtes, solennités, mystères, toutes ces choses attestent, rappellent, enseignent des infamies, et non pas seulement des ordures, mais encore des homicides. C’est ainsi que l’on s’y prend pour apaiser ces démons. Là on ne trouve qu’incontinence, orgies, cruauté, barbarie, homicides : tels sont les seuls éléments des fêtes. Après avoir raillé, en conséquence, l’insensibilité des idoles, et l’aveuglement de ceux qui s’y confient, il en revient aux louanges de Dieu, en disant : « La maison d’Israël a espéré dans le Seigneur, il est leur auxiliaire et leur protecteur (17). La maison d’Aaron a espéré dans le Seigneur, il est leur auxiliaire et leur protecteur (18). Ceux qui craignent le Seigneur ont espéré dans le Seigneur, il est leur auxiliaire et leur protecteur (19). » Par là, il proclame à la fois la puissance de Dieu et son élévation incomparable au-dessous de tous les êtres. En mettant sous nos yeux ce que Dieu a fait pour le peuple Juif, il nous rappelle un double ou plutôt un triple bienfait. En premier lieu, Dieu a délivré les Juifs des démons ; en second lieu, il s’est fait connaître ; en troisième lieu il a prêté son assistance.
Le Psalmiste parle ensuite séparément d’Israël, de la race sacerdotale, et de ceux des Gentils qui vinrent se joindre au peuple de Dieu. Ce n’est pas la même chose, en effet, qu’un prêtre et un simple particulier : le prêtre a un titre de plus. La division est donc en ce point justifiée par la prérogative de l’ordre sacerdotal.
5. Ensuite, voulant montrer que la Providence divine ne s’étendait point seulement sur la Judée, il fait mention également des étrangers, des païens réunis, et dit que le secours et la bénédiction sont devenus choses communes à tous. « Le Seigneur s’étant souvenu de nous, nous a bénis. Il a béni la maison d’Israël ; il a béni la maison d’Aaron (20). Il a béni ceux qui craignent le Seigneur (21). » Qu’est-ce à dire : « Il a béni ? » C’est-à-dire il a comblé de biens. L’homme peut aussi bénir Dieu, en disant, par exemple bénis, mon âme, le Seigneur. Mais celui qui bénit Dieu ne rend service qu’à lui-même ; il ajoute à sa propre gloire sans obliger Dieu en aucune façon. Dieu, au contraire, en nous bénissant, nous rend plus glorieux sans y rien gagner lui-même. Rien ne manque, en effet, à la divinité : de sorte que, dans les deux cas, le profit est pour nous-mêmes. Mais comment les a-t-il bénis ? Il leur a envoyé du pain du haut du ciel, il a fait jaillir pour eux l’eau d’un rocher, il a protégé leur entrée, leur sortie ; il a multiplié leur bétail, leurs troupeaux, il les a nommés son peuple, il a fait de la prêtrise une royauté, il a donné la loi, il a envoyé ses prophètes. De là, ces assurances qu’on lit ailleurs : « Il n’a pas fait ainsi pour chaque peuple, et il ne leur a pas manifesté ses jugements. » (Ps. 147,9) Et encore : « Quelle nation est assez sage pour que le Seigneur Dieu s’en approche ? Les petits avec les grands. » (Deut. 4,7) C’est-à-dire qu’aucune race n’était privée de bénédiction, et que les mêmes grâces étaient répandues sur tous. « Que le Seigneur vous multiplie, vous et vos fils (22). » Encore une espèce de bénédiction, l’accroissement de la race. Le contraire est représenté par un autre comme un châtiment, en ces termes : « Nous avons diminué de nombre, et nous sommes bien peu par rapport à tous ceux qui habitent la terre. » (Dan. 3,37) Même en Égypte, ils jouissaient de cette bénédiction ; malgré la foule des obstacles, les travaux, la misère, la barbarie de leurs tyrans, rien ne pouvait arrêter l’accomplissement de la parole divine, et la bénédiction produisit de tels effets qu’en deux cents années ils devinrent six cent mille. En cela consistait alors la bénédiction ; aujourd’hui, sous le règne de la nouvelle loi, elle produit des effets bien plus relevés. Paul a dit : « Béni Dieu, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle, des dons célestes dans le Christ ! » (Eph. 1,3) Et ailleurs : « Mais à celui qui est puissant pour tout faire bien au-delà de ce que nous demandons ou concevons, à lui gloire dans l’Église ! » (Id. 3,20, 21) Les prophètes de l’ancien temps, quand ils voulaient faire du bien à quelqu’un, avaient recours à la bénédiction qu’on a vue. Élisée fit présent d’un fils à la femme qui l’avait accueilli. Sous la nouvelle loi, les bienfaits sont autres et incomparablement plus grands. Ce n’est pas là ce que la marchande de pourpre demandait aux apôtres. Qu’était-ce donc ? « Si vous n’avez pas jugé que je suis indigne devant le Seigneur, entrez et restez chez moi. » (Act. 16,15)
Voyez-vous la différence, la diversité des
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