Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/137

Cette page n’a pas encore été corrigée

aucun temps Dieu ne cessa de leur donner des preuves de sa puissante protection. – « Les œuvres de ses mains sont la vérité et la justice. »
Après avoir parlé de la puissance de Dieu, le Prophète nous entretient aussi de l’équité de ses jugements, car les actions du Seigneur témoignaient non seulement de sa puissance, mais encore de sa justice. Il ne se contenta pas de chasser les nations des territoires où il voulait établir les Juifs, il se montra juste même en cela. Aussi Moïse dit-il autre part : « Les péchés des Amorrhéens n’ont pas encore comblé la mesure. » (Gen. 15,16) On peut dire cela non seulement des Juifs et des événements qui les concernent, mais aussi de tous les autres événements en général. En toutes choses, Dieu procède suivant la vérité et avec discernement, c’est-à-dire avec justice. Bien souvent l’Écriture célèbre son esprit de vérité et de bonté. Par là, elle veut dire que sa conduite à notre égard est un mélange de bonté et de justice. Car s’il n’eût fait que ce qui était juste, toutes choses auraient péri.
6. Aussi le même Prophète dit-il ailleurs : « N’entrez pas en jugement avec votre serviteur, car nul homme, vivant ne sera justifié en votre présence (Ps. 142,2) », et ailleurs encore : « Si vous tenez compte de toutes nos iniquités, Seigneur, Seigneur, qui subsistera devant vous ? » (Ps. 129,3) Justice et bonté, tels sont les deux principes, qui guident le Seigneur dans tout ce qu’il fait. S’il s’en fût tenu à la stricte justice, tout eût péri : s’il n’eût employé que la bonté, les hommes se seraient, pour la plupart, encore plus relâchés. Et c’est afin de varier nos moyens de salut, et de nous mener au bien qu’il s’inspire à la fois de sa justice et de sa bonté. « Tous ses commandements sont fidèles (8). » Ici le Prophète, comme il l’a déjà fait souvent, part de la sagesse et du soin qui éclatent dans les merveilles si, diverses de la création, pour nous entretenir des lois que Dieu a établies et pour traiter encore de sa providence sous cet aspect particulier. Car ce n’est pas seulement par la manière dont il a disposé cette création si belle et si grande qu’il a fait le bonheur du genre humain, mais aussi par les lois qu’il lui a données. Dans le psaume XVIII, le Prophète, parlant du Seigneur à ces deux points de vue, commence par dire : « Les cieux racontent la gloire de Dieu ; » arrivé au milieu du psaume, et après avoir décrit les splendeurs de la création, il ajoute : « La loi du Seigneur est irréprochable, elle convertit les âmes les commandements du Seigneur portent au loin la lumière, ils éclairent les yeux. » (Ps. 18,8, 9) De même après avoir, dans le présent psaume, dit les prodiges, les merveilles et les œuvres de Dieu, il en vient à parler de ses commandements, et s’exprime ainsi : « Tous ses commandements sont fidèles, ils sont affermis à jamais, ils sont le résultat de la vérité et de la droiture. » Ce n’est pas sans intention qu’il se sert du mot « tous », s’il emploie cette expression, c’est qu’il veut peindre les commandements du Seigneur dans toute leur variété. Car, parmi ces commandements, on peut distinguer ceux auxquels obéissent la création, le soleil et la lune, la nuit et le jour, et les étoiles, et la terre et la nature, ceux qu’il a imposés dès l’origine à la nature, lorsqu’il forma le genre humain, et c’est de ceux-là que saint Paul dit : « Lorsque les Gentils qui n’ont pas la loi, font naturellement les choses que la loi commande, n’ayant point la loi, ils se tiennent à eux-mêmes lieu de loi (Rom. 2,14) », et qu’il dit ailleurs : « Car je me plais dans la loi de Dieu selon l’homme intérieur. » (Rom. 7,22)
Il y a de ces commandements qui sont écrits. Et tous ces commandements subsistent. S’ils ont changé, ce n a pas été en mal, mais en mieux. Ce commandement : « Tu ne tueras point » n’a pas été supprimé, mais étendu ; et cet autre : « Tu ne commettras pas l’adultère » n’a pas été effacé, mais affirmé avec plus d’énergie. C’est ce qui a fait dire au Sauveur : « Je ne suis point venu pour détruire la loi ou les prophètes, mais pour les compléter. » (Mt. V, 17) Car celui qui s’abstient de se mettre en colère, s’abstiendra encore plus du meurtre, et celui dont les regards ne sont pas impurs est encore plus éloigné de commettre l’adultère. Le caractère essentiel de la loi de Dieu c’est l’éternelle durée, qu’il s’agisse de la création, de la nature, de la sagesse ou du Nouveau Testament. Aussi le Christ a-t-il dit : « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront point (Mt.V, 17) », montrant par là qu’elles sont inébranlables. Car tout ce que le Seigneur veut faire subsister subsiste sans interruption et sans que rien en interrompe la durée. « Ils sont le résultat de la vérité et de la droiture. » Qu’entend le