bouches, dites-vous à vous-même que celui qui a pu tant de choses, a fait des promesses qui se réaliseront.
Si vous voulez une preuve tirée d’un fait particulier, demandez-vous pourquoi de tous les points de la terre habitée les hommes accourent en foule pour voir un tombeau vide, quelle est cette puissance qui attire les voyageurs des extrémités du monde pour voir le lieu où il est né, le lieu où il a été enseveli, le lieu où il a été mis en croix : représentez-vous cette croix elle-même, et demandez-vous de quelle puissance elle est le signe. Car avant que le Christ y pérît, on regardait la croix comme un instrument de supplice abominable, comme le plus ignominieux, comme le plus infâme. Mais voilà que ce genre de mort est devenu plus honorable que la vie elle-même, voilà que cette croix est devenue plus glorieuse que les diadèmes, voilà que tous les hommes en portent le signe sur leur front, et qu’ils s’en parent, bien loin d’en rougir. Et ce ne sont pas seulement les simples particuliers qui en agissent ainsi, ceux-là même dont le front est couronné portent la croix au-dessus de leur diadème, et ce n’est pas à tort : la croix en effet ne vaut-elle pas mieux que dix mille diadèmes ? Car si le diadème pare notre tête, la croix sauve notre âme. Voilà notre défense contre les démons, voilà le diadème qui préserve notre âme de la maladie du péché, voilà notre arme invincible et notre rempart inexpugnable, voilà ce qui nous protège infailliblement contre tous les assauts, et qui non seulement nous met à l’abri des invasions des barbares et des incursions des ennemis, mais encore nous défend contre les phalanges des démons acharnés à notre perte. – « Au milieu des splendeurs des saints », un autre, « au milieu de la gloire du saint », un autre « au milieu de la gloire des saints. »
Ici encore le Prophète parle du jour de la puissance, et de celui que nous voyons, et de celui qui viendra plus lard : pour lui la splendeur des saints, c’est leur beauté. Quelle splendeur peut rivaliser avec celle de saint Paul, quelle gloire, avec celle de saint Pierre ? Les hommes qui ont parcouru la terre, en jetant plus d’éclat que le soleil, en semant les germes de la piété ! Comme des anges descendus du ciel, ils intimidaient les hommes qui n’osaient, les approcher. C’est ce que nous fait entendre celui qui a composé le livre des Actes des Apôtres, quand il dit : « Nul n’osait se joindre à eux. » (5, 13) Leurs vêlements mêmes étaient pleins d’une grâce efficace, et l’ombre de leur corps faisait des miracles. » (Act. 5,15 ; 19, 12) Si sur cette terre ils se révélaient avec tant d’éclat, représentez-les vous tels qu’ils seront, quand viendra le grand jour, quand ils auront an corps incorruptible, un corps immortel, et d’un éclat supérieur à tout ce qu’on voit ici-bas, représentez-les-vous eux et ceux qui leur ressemblent, prophètes, apôtres, justes, martyrs et confesseurs, et tous ceux qui se sont conformés à la vraie loi en vivant dans la foi du Christ. Représentez-vous ces peuples de bienheureux, ces clartés, ces rayons, cette gloire, ces belles et sereines et solennelles magnificences. Qui peindra ce tableau ? La parole ne le peut, ceux-là seuls qui sont dignes de le contempler pourront se figurer toutes ces splendeurs. Selon moi, ce sera quelque chose de pareil à ce qui arriverait si le ciel était illuminé par plusieurs soleils ou par de continuels éclairs : ou plutôt, pour en revenir à ce que j’ai dit, j’ai beau m’efforcer de peindre avec la parole cet imposant spectacle, je ne pourrais jamais le faire en termes dignes du sujet. Toutes ces images sont prises dans le monde sensible, mais cette splendeur, cette gloire qui doivent alors éclater dans le ciel, seront d’une beauté bien supérieure à tout ce que je viens de décrire, car le corps des bienheureux ne sera pas seulement incorruptible et immortel, il sera aussi revêtu d’une gloire ineffable. « Au milieu des splendeurs des saints. » Pour ne pas se borner à nous représenter le Christ dans ce qu’il a de terrible, il nous le montre doux et bienfaisant, et dit : « Au milieu de la splendeur des saints. » Ceci est encore une marque de sa puissance, que de donner une telle splendeur aux saints, et c’est aussi ce que signifient ces paroles de saint Paul : « Qui transformera notre corps, tout vil et abject qu’il est, afin de le rendre conforme à son corps glorieux » (Phil. 3,21).
7. Puis, après avoir signalé cette grande et sublime métamorphose, il ajoute : « Selon cette « vertu efficace par laquelle il peut s’assujettir toutes choses. » (Id) Ne cherchez point, dit-il, comment, ni de quelle manière. Car il peut tout ce qu’il veut. Pourquoi le Prophète n’a-t-il pas dit au milieu de la splendeur, mais : « Au milieu des splendeurs des saints ? » Parce que les récompenses éternelles, en quoi consistent
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