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a cessé d’ajouter au nombre toujours croissant de ses crimes. Mais peut-être, direz-vous, peut-être il eût changé de vie. Non ! car Dieu, si ce pécheur avait dû se convertir, ne l’aurait pas enlevé de ce monde. Car, pourquoi le bon Maître qui pour notre salut prépare tout, fait tout, ne l’aurait-il pas laissé vivre, si ce pécheur un jour avait dû redevenir en état de lui plaire ? S’il supporte et attend ceux qui ne se convertissent pas, combien plus ceux qui se convertissent ? Nous avons donc raison de supprimer les pleurs dans les deux cas. Quoi qu’il arrive, remercions Dieu de toutes choses ; faisons tout sans murmurer ; réjouissons-nous et sachons en tout lui plaire, afin de gagner l’éternelle palme, par la grâce et bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc., etc.

HOMÉLIE IX.

J’ESPÈRE, DANS LE SEIGNEUR JÉSUS, QUE JE VOUS ENVERRAI BIENTÔT TIMOTHÉE, AFIN QUE JE SOIS CONSOLÉ MOI AUSSI, EN APPRENANT DE VOS NOUVELLES. (II, 19, JUSQU’À LA FIN DU CHAP)

Analyse.

  • 1-3. Pour se rassurer au sujet des Philippiens, il envoie Epaphrodite, et bientôt aussi Timothée, un autre lui-même. – Éloge d’Epaphrodite, qu’il veut leur rendre, et que Dieu a guéri. – Le retour à la santé est une grâce de Dieu, et la vie présente n’est pas un mal. – Détails sur Epaphrodite, auxiliaire dévoué ; heureux qui peut ainsi aider les apôtres : transition à l’exhortation.
  • 4-6. Obligation de subvenir aux besoins des ministres des autels : dette d’honneur et non de justice. – Iniquité de ceux qui les accusent. – Pourquoi le prêtre s’est fait pauvre. – Réponse à l’objection : Ne possédez ni or, ni argent, etc. – Pourquoi Dieu nous laisse-t-il les prêtres à secourir ?

1. Paul avait dit : Les événements qui « m’ont frappé ont contribué aux progrès de l’Évangile ; mes chaînes ont été glorieuses jusque dans le palais impérial ». (Phi. 1,13) Il ajoutait : « Quand même je répandrais mon sang sur le sacrifice et l’oblation de votre foi » : autant d’encouragements qui rendaient la force à ses chers Philippiens. Mais peut-être aussi auraient-ils soupçonné ces premières paroles de n’être simplement qu’une consolation qu’il leur adressait. Pour écarter ce nuage, que fait-il ? Je vous envoie Timothée, leur dit-il. Il voulait ainsi contenter l’ardent désir qu’ils avaient de connaître parfaitement l’état présent de l’apôtre. Mais pourquoi ne dit-il pas : Je l’envoie pour vous faire savoir ce qui me concerne, mais plutôt pour m’instruire de vos affaires ? C’est que l’état de Paul leur devait être auparavant révélé par Epaphrodite, qu’il leur envoyait avant même le départ de Timothée, comme le prouvent les paroles qui suivent : « J’ai cru nécessaire de vous renvoyer mon frère Epaphrodite. », qui vous dira mes affaires ; mais je veux aussi savoir les vôtres. Il est vraisemblable, en effet, que celui-ci, à cause de sa propre maladie, avait dû rester longtemps près de l’apôtre. Je tiens donc absolument, disait saint Paul, à savoir ce qui vous concerne. Or, voyez comme il soumet toutes choses à Jésus-Christ, tout, jusqu’à l’envoi de Timothée : « J’espère », dit-il, « dans le Seigneur Jésus », c’est-à-dire, j’ai confiance que Dieu m’accordera cette grâce, et qu’ainsi mes vœux pourront aboutir.

« Afin que moi aussi je sois consolé en apprenant de vos nouvelles… » Comme vous avez été consolés, quand je vous ai appris que, selon vos vœux et vos prières, l’Évangile était en progrès, que le déshonneur était retombé sur nos ennemis, que la joie m’était venue des efforts mêmes qu’ils avaient faits pour me nuire ; ainsi je veux savoir à mon tour l’état actuel de vos affaires, afin que moi aussi je sois consolé en apprenant de vos nouvelles. C’est assez leur dire qu’ils avaient dû se réjouir de ses liens et ambitionner de l’y suivre eux-mêmes, puisqu’il y trouvait son plus grand bonheur.

En disant : Pour que « moi aussi » je sois consolé, il sous-entend : comme vous l’êtes vous-mêmes. Dieu ! comme il aimait ses chers Macédoniens ! Il tient, au reste, le même langage aux Thessaloniciens, quand il écrit : Nous sommes désolé d’être séparé de vous,