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que bien peu ; c’est un compagnon de service qui le chérit. Mais vous, en aimant ce compagnon de service, vous y gagnez beaucoup ; vous vous rendez pareil à Dieu. Voyez-vous que le bénéfice est à vous et non pas à votre prochain ? Car Dieu vous propose la couronne, et non à lui. – Mais qu’arrivera-t-il, si c’est un méchant ? – Votre récompense n’en sera que plus grande ; vous serez donc reconnaissant à votre ennemi pour la malice qu’il montre encore après vos innombrables bienfaits. Car s’il n’avait été profondément méchant, votre trésor au ciel n’aurait pas si merveilleusement augmenté. Sa malice, qui vous autorisait à ne l’aimer point, est donc vraiment un motif pour l’aimer davantage. Faites disparaître votre adversaire votre antagoniste, vous détruisez l’occasion que vous avez d’être récompensé. Ne voyez-vous pas comme les athlètes s’exercent avec des corbeilles pleines de sable ? Vous n’avez pas besoin de vous imposer ce labeur ; la vie est pleine d’occasions qui vous tiennent en haleine et nourrissent en vous la force et le courage. Ne remarquez-vous pas que les arbres sont d’autant plus vigoureux et plus solides, qu’ils sont plus fortement battus des vents ? Chez nous aussi, avec l’épreuve et la patience, grandira la vigueur. « Car », dit le Sage, « l’homme patient et longanime abonde en prudence ; le pusillanime au contraire n’apprend ni ne sait rien ». (Prov. 14,29) Comprenez-vous ce magnifique éloge de l’un, cette grave accusation de l’autre ? Il est fort ignorant, le paresseux ; il ne sait rien. Gardons-nous donc de porter cet esprit étroit et petit dans nos rapports mutuels ; car notre malheur ne viendrait pas de ces inimitiés qu’on rencontre toujours, mais bien de notre propre cœur, faible et rancunier. S’il est fort, ce cœur, il supportera aisément tous les orages ; aucun ne pourra le faire sombrer ; ils contribueront même à le conduire au port tranquille. Puissions-nous y toucher et aborder un jour, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel soient au Père et au Saint-Esprit, gloire, empire et honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XX.


SI NOUS PÉCHONS VOLONTAIREMENT APRÈS AVOIR REÇU LA CONNAISSANCE DE LA VÉRITÉ, IL N’Y A DÉSORMAIS PLUS D’HOSTIE POUR NOS PÉCHÉS ; IL NE NOUS RESTE QUE L’ATTENTE EFFROYABLE DU JUGEMENT ET D’UN FEU ARDENT QUI DOIT DÉVORER LES ENNEMIS DE DIEU. (X, 27, JUSQU’À 32)

Analyse.

  • 1. Après les motifs d’honneur, les raisons de crainte. Toutefois saint Paul n’enseigne pas l’erreur des Novations et ne proscrit pas la pénitence, mais seulement l’anabaptisme.
  • 2. L’enfer a un véritable et redoutable feu pour les prévaricateurs, et surtout pour les communions indignes. – La vengeance réservée et patiente n’en est que plus à craindre.
  • 3 et 4. La richesse est une lourde chaîne, un préjugé. – Un mot aux femmes luxueuses et avares tout à la fois. – La cupidité est un esclavage comparable à celui des Israélites courbés sous le joug de Pharaon. – Ceux-ci emportèrent l’or d’Égypte ; nous n’emportons que les verges. – La ruine n’est qu’un mot, pour qui conserve l’action de grâces. – Exemple de Job ; sortie contre les femmes. – Pourquoi la richesse n’échoit pas à tous. – Malheur à qui la reçoit et n’en est pas meilleur !


1. Tout arbre dont la plantation et la culture auront demandé la main et les sueurs du laboureur, doit rapporter son fruit, sous peine d’être déraciné et jeté au feu. Cette comparaison s’applique aux âmes qui auront reçu la lumière, c’est-à-dire le baptême. Après avoir été plantés par Jésus-Christ et avoir reçu sa rosée spirituelle, si nous ne donnons aucun fruit, le feu de l’enfer nous attend, avec ses flammes qui ne peuvent s’éteindre. Et c’est pourquoi non content de nous exhorter à pratiquer la charité et à produire les fruits des bonnes œuvres, par les motifs les plus saints et les plus doux, tels que notre entrée assurée dans le ciel et la voie nouvelle que Jésus-Christ nous y a ouverte, saint Paul recommence à nous y exciter, en faisant appel aussi à des motifs plus terribles et plus redoutables. Il venait d’écrire : Ne délaissez pas nos saintes réunions, comme c’est l’habitude de quelques-uns ; mais consolez-vous mutuellement, d’autant plus que vous voyez approcher le grand jour, qui suffit, en effet, à lui seul, pour vous consoler de tout. Maintenant il ajoute « Si nous péchons volontairement après avoir « reçu la connaissance de la vérité », tremblons, car il faut, entendez-le, il nous faut absolument des bonnes pauvres ; autrement, « il ne nous reste a plus désormais de victime pour nos péchés ». Comprenez donc. Vous voilà purifié, délivré de vos crimes, monté au rang de fils. Si vous revenez à votre ancien vomissement, il ne vous reste que l’anathème, le feu, et tout ce que rappelle cet arrêt. Car vous n’avez pas une seconde victime.
A ce propos, nous sommes attaqués par l’hérésie qui déclare la pénitence impossible, et par ceux qui diffèrent à recevoir le baptême. Ceux-ci prétendent qu’il y a danger à recevoir le baptême, puisqu’il n’y a point de second pardon ; ceux-là déclarent qu’il y a péril à admettre les pécheurs aux saints mystères, puisque le second pardon est impossible. Aux uns comme aux autres, que