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plus rien, puisqu’ils mouraient. Pour le nôtre, c’est l’opposé, il sauve à tout jamais. Qu’est-ce à dire : « À tout jamais ? » Ceci donne à entendre quelque grand mystère. Ce n’est pas ici-bas seulement, nous répond saint Paul, c’est dans l’autre vie aussi qu’il sauve tous ceux qui par lui s’approchent de Dieu. Comment les sauve-t-il ? C’est qu’il est toujours vivant afin d’intercéder pour eux. Remarquez-vous l’humilité de sa très-sainte humanité ? Car il ne dit pas qu’une fois par hasard il remplira ce rôle ; mais toujours, mais tant qu’il sera besoin, il prie pour eux à tout jamais. Que signifie encore « à tout jamais ? » non seulement dans le temps présent, mais jusque dans la vie future. Il a donc toujours besoin de prier ? Et par quelle convenance s’y soumet-il ? Souvent des justes, par une seule prière, ont tout obtenu : et lui doit toujours prier ? Pourquoi donc est-il assis sur un trône ? Voyez-vous que c’est par condescendance que l’apôtre tient ce langage humble ? Voici ce que saint Paul veut nous faire comprendre : Ne craignez pas, dit-il ; et ne dites pas : Certainement il nous aime, et il a toute liberté de parler à son Père, mais il ne peut pas toujours vivre. Au contraire, il vit toujours.
« Car il était convenable que nous eussions un « pontife comme celui-ci, saint, innocent, sans tache, séparé, des pécheurs (26) ». Vous voyez que tout cela est dit de son humanité. Mais quand je dis l’humanité, je parle d’une humanité qui possède la divinité ; ne partageant pas Jésus, mais vous donnant facilité de mieux comprendre ce qui convient. Avez-vous vu la différence de pontifes ? Il résume ce qu’il a dit plus haut. « Il a été éprouvé de toutes manières, sauf par le péché, pour nous ressembler ». Tel convenait-il que fût notre pontife, saint, innocent. Qu’est-ce à dire, « innocent ? » Ni méchant, ni trompeur ; ce qu’un autre Prophète exprime ainsi : « Le mensonge n’a pas été trouvé sur ses lèvres ». Qui parlerait ainsi de Dieu, et ne rougirait de dire qu’un Dieu n’est ni menteur ni fourbe ? Mais de Jésus selon la chair il convient de déclarer qu’il est saint. « Sans tache » : vous ne direz rien de pareil de Dieu, parce que sa nature est telle qu’elle ne peut être souillée. « Séparé des pécheurs », Ceci n’indique-t-il qu’une différence, et ne rappelle-t-il pas son sacrifice ? Oui, son sacrifice aussi, et comment ?
« Qui ne fût point obligé, comme les autres prêtres, d’offrir tous les jours des victimes, premièrement pour ses péchés, et ensuite pour ceux du peuple ; ce qu’il a fait une fois en s’offrant lui-même (27) ». Ces paroles sont comme l’introduction à ce qu’il dira touchant l’excellence du sacrifice spirituel. Déjà il u marqué la différence de prêtre et la différence de testament. Il ne l’a pas traitée entièrement : mais il l’a indiquée déjà cependant. Ici, il donne en quelque sorte le prélude du sacrifice même. N’allez pas croire, quand vous entendez parler de Jésus comme prêtre, qu’il remplisse toujours la fonction du sacerdoce. Il a rempli cette charge dé sacrificateur une fois, et maintenant il s’est assis pour toujours. Ne pensez pas que parmi les habitants de la cour céleste,.il soit debout, agissant comme ministre. C’est là l’œuvre de l’incarnation. En devenant esclave, il devint aussi prêtre et ministre. Mais de même que devenu esclave, il n’est pas demeuré esclave ; de même s’il s’est fait ministre, il n’est pas resté ministre : la marque du serviteur, eu effet, ce n’est pas d’être assis, mais debout. Ces paroles marquent donc la grandeur de son sacrifice qui, bien qu’unique, a suffi cependant ; et bien qu’offert une seule fois, eut une valeur que n’ont pas eue tous les sacrifices du monde. Mais nous n’avons pas encore à traiter ce sujet.
« Il l’a donc fait une fois », ce sacrifice, dit saint Paul. Lequel ? Le sacrifice « nécessaire », nous répond-il encore ; il lui a fallu trouver une offrande aussi ; « non pas pour lui-même » : comment offrirait-il pour lui, étant impeccable ? Mais « pour le peuple ». Que dites-vous, ô Paul ! Il n’a pas besoin d’offrir pour lui-même, et telle est sa puissance ? Certainement, nous répond-il. Car pour vous empêcher de croire que cette affirmation : « Il l’a fait une fois », s’applique aussi à lui, écoutez ce que l’apôtre ajoute : « Car la loi établit pour pontifes des hommes faibles », c’est pourquoi ils offrent toujours pour eux-mêmes ; mais celui-là, qui est si puissant, qui n’a pas même de péché, pourquoi offrirait-il pour lui-même ? Donc ce ne fut pas pour lui-même, mais pour le peuple qu’il offrit, et qu’il n’offrit qu’une fois.
« Mais la parole de Dieu, confirmée par le serment qu’il a fait depuis là loi, établit pour pontife le Fils qui est parfait à jamais ». Parfait, qu’est-ce à dire ? Paul n’établit pas d’antithèses rigoureuses. Il disait des autres prêtres qu’ils sont faibles, il ne dit pas que le Fils est puissant, mais « parfait », ce qui comprend la puissance ; et vous pourriez ajouter : Voyez-vous que le nom de Fils est ici rappelé par opposition à esclave ? Par faiblesse, ici, il entend ou le péché ou la mort. – Mais que veut dire : « A jamais parfait ? » Inaccessible à tout péché, non seulement maintenant, mais toujours. Si donc il est parfait, s’il ne pèche jamais, s’il est toujours vivant, pourquoi offrirait-il pour nous plusieurs sacrifices ? Mais il n’insiste pas sur ce point ; il s’appesantit seulement sur cette vérité : qu’il n’offre pas pour lui-même.
Puis donc que nous avons un tel pontife, imitons-le, marchons sur ses traces. Plus d’autre sacrifice que le sien : un seul nous a purifiés ; au-delà, il n’y a plus que l’enfer et le feu. C’est pour cela que Paul remue ciel et terre pour nous répéter que nous n’avons qu’un prêtre, qu’un sacrifice ; de peur que s’imaginant qu’il y en a plusieurs, quelqu’un ne pèche avec assurance.
4. Nous tous donc qui avons été admis à la dignité de chrétiens, et qui avons reçu le caractère baptismal, nous tous qui avons eu part au sacrifice, nous tous qui avons participé à la table immortelle ; conservons intacte notre noblesse et notre honneur : car une chute ne serait pas sans u' immense danger. Quant à ceux qui n’ont pas été ennoblis par de semblables honneurs, qu’ils n’aient pas pour cela une triste confiance. Quand un homme pèche, en effet, avec l’idée de recevoir le baptême au dernier soupir, souvent il ne reçoit