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ailleurs : Ces lois ne devaient durer que jusqu’à un temps meilleur, elles n’étaient que des justifications charnelles, en attendant la vertu de la vie ; c’est-à-dire, en attendant celui qui vit par sa propre vertu. Après avoir dit que la loi subit un changement, et montré la nature de ce changement, il en cherche la cause, satisfaisant ainsi l’esprit humain, qui aime à savoir la cause de tout, et gagnant d’ailleurs ainsi notre confiance, puisqu’il nous apprend la cause et la raison de cette mutation.
« Car la première loi est réprouvée comme étant impuissante et inutile (18) ». Ici les hérétiques s’élèvent contre nous et nous disent : Voilà Paul qui déclare la loi mauvaise ! Mais soyez attentifs et remarquez qu’il ne dit pas : Elle est rejetée comme vicieuse et dépravée, mais comme impuissante et inutile. Il a déjà montré ailleurs cette impuissance, quand il disait par exemple : « Dans cette loi on était infirme par la chair » ; nous étions donc infirmes, et non pas la loi.
« Car la loi n’a rien conduit à la perfection (19) ». Qu’est-ce à dire, elle n’a rien conduit à la perfection ? Elle n’a rendu parfait aucun homme, parce qu’aucun ne lui obéit ; et quand bien même on l’eut écoutée, elle n’aurait pu produire la perfection, la vraie vertu. Pour le moment, il n’affirme pas même cela, et se contente de dire qu’elle n’a pas eu de force. Et c’est' vrai ; c’était la condition des lettres sacrées mêmes : Faites ceci, ne faites pas cela ; elles ne pouvaient que proposer, sans apporter en même temps la force et le pouvoir d’accomplir le précepte. Telle n’est pas la véritable espérance. Pourquoi dit-il « réprouvée ? » Comprenez : Rejetée. Et sur quoi porte ce rejet, il l’indique : « Sur la loi précédente », désignant ainsi la loi [mosaïque] qui a été rejetée à cause de son impuissance. La réprobation, c’est l’abrogation, la destruction de règles qui jusque-là avaient force et vigueur. C’est assez dire que la loi eut dans un temps vigueur et force, mais que plus tard elle fut vouée au mépris, pour n’avoir rien produit. La loi n’a donc servi de rien ? Au contraire, elle eut son utilité, sa grande utilité même, mais elle ne servit aucunement à créer des hommes parfaits ; car elle-même n’a rien perfectionné. L’apôtre dit que la loi n’a rien parfait, parce que sous son règne tout était figure, tout était vaine ombre, circoncision, sacrifice, sabbat. Ces institutions n’ont pu arriver jusqu’aux âmes, et partout elles cèdent et se retirent.
« Mais voici que s’introduit une espérance meilleure par laquelle nous nous approchons de Dieu. Et de plus, ce sacerdoce n’est pas établi sans serment ». Vous voyez qu’ici encore le serment a été nécessaire, et ceci vous explique pourquoi, précédemment, il a discuté avec tant de sagesse cette question du serment de Dieu, et la raison qui le détermine à jurer pour que notre conviction soit plus certaine et plus pleine. – Voici « l’introduction d’une meilleure espérance » qu’est-ce à dire ? La loi aussi avait une espérance, mais non telle que celle-ci,-ses observateurs espéraient posséder la terre et ne pas trop souffrir. Et nous, nous espérons qu’en faisant la volonté de Dieu, nous posséderons non pas la terre, mais le ciel ; que dis-je ? nous espérons bien mieux encore : c’est que nous serons auprès de Dieu, que nous arriverons jusqu’à ce trône de notre Père, et que nous le servirons avec les anges. Car Paul disait plus haut : « Nous entrons jusqu’au-delà du voile » ; mais ici : « Par elle nous approchons jusqu’à Dieu ».
« Et de plus, ce n’est pas sans un serment de sa part ». Qu’est-ce à dire : « Et de plus, ce n’est pas sans un serment ? » C’est cela même : non sans un serment ; et voilà une autre différence ; car nos promesses ne sont pas sans raison, dit-il, « Car au lieu que les autres prêtres ont été établis sans serment, celui-ci l’a été avec serment, Dieu lui ayant dit : Le Seigneur a juré, et son serment demeurera immuable : Vous êtes le Prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech ; tant il est vrai que l’alliance dont Jésus est le médiateur est plus parfaite que la première ; aussi y a-t-il eu autrefois successivement plusieurs prêtres, parce que la mort les empêchait de l’être toujours ; mais comme celui-ci demeure éternellement, il possède un sacerdoce qui est éternel (21-24) ».
L’apôtre établit deux différences le sacerdoce nouveau, contrairement au sacerdoce légal, n’a pas de fin et s’appuie sur, un serment. Il le prouve par Jésus-Christ qui le reçoit et en remplit les fonctions, en effet, selon la vertu d’une vie immortelle. Il démontre le second point par le serment qu’il cite et par la nature même du pontificat ; le précédent a été rejeté pour cause d’impuissance ; celui-ci reste et demeure parce qu’il est puissant et fort ; le prêtre nouveau lui fournit aussi une preuve, et comment ? C’est qu’il est seul et unique ; et il ne serait pas seul, s’il n’était immortel. Car comme les prêtres ne sont nombreux que parce qu’ils sont sujets à la mort, ainsi dans le cas pré sent, le prêtre est unique parce qu’il est immortel. Et Jésus est devenu le garant d’une alliance d’autant meilleure, que Dieu lui a juré de le maintenir prêtre à jamais, serment qu’il n’est point fait, si Jésus n’était vivant.
3. « C’est pourquoi il est toujours en état de sauver ceux qui s’approchent de Dieu par son entremise,.étant toujours vivant afin d’intercéder pour nous (25) ». Vous voyez qu’en parlant ; ainsi, Paul considère Jésus dans son humanité. En le montrant comme prêtre, il le déclaré aussi, tôt notre intercesseur. Nous affirmer qu’il intercède pour nous, c’est sous-entendre qu’alors il agit comme prêtre. Car de celui qui, à son gré, ressuscite les morts et qui donne la vie comme le Père, comment dit-on qu’il intercède, lorsqu’il devrait sauver ? Comment intercède Celui à qui appartient tout jugement ? Comment intercède Celui qui envoie les anges pour jeter ceux-ci dans la fournaise et sauver ceux-là ? Aussi l’apôtre dit : « Il peut sauver », et il sauve, parce que lui-même ne meurt point. Et parce qu’il ne meurt pas et qu’il vit à jamais, il n’a pas, selon l’apôtre, de successeur. Et s’il n’a pas de successeur, c’est qu’il, peut défendre tous les hommes. Car, en Israël, le pontife, bien qu’admirable, ne durait qu’autant que sa vie même ; ainsi Samuel, ainsi tous ceux qui revêtirent cette dignité ; ensuite, ils n’étaient