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vertu, et c’est ce que voulait dire le Christ, quand il s’exprimait ainsi : « Si votre justice n’est pas « plus abondante que celle des scribes et des pharisiens ». (Mt. 5,20) C’est ce que l’apôtre lui-même veut dire par ces mots : « Si vous ne connaissez pas le langage de la justice ». Cela signifie : Si vous ne connaissez pas la philosophie d’en haut, vous ne pouvez pas tendre à la perfection. Peut-être à ses yeux la justice n’est-elle autre chose que le Christ, et la parole élevée et sublime de l’orateur qui parle du Christ. Il les a traités d’esprits faibles et bornés. Pourquoi ? Il ne s’est pas expliqué là-dessus. Il leur permet de deviner et il ne veut pas les choquer. Dans son épître aux Galates, au contraire, il a l’air d’être surpris et d’hésiter, et cette forme de style est plus consolante elle est d’un homme qui ne s’attend pas au mal. Voyez-vous la différence qui existe entre l’enfance de l’âme et sa perfection ? Tâchons donc d’atteindre à cette perfection. Tout enfant, tout jeune que nous sommes, nous pouvons y atteindre ; ce n’est point ici l’œuvre de la nature, c’est l’œuvre de la vertu. – « La nourriture solide est pour les parfaits, pour ceux dont l’esprit, par l’habitude et par l’exercice ; s’est accoutumé à discerner le bien du mal (14) ». Eh quoi ? Leurs sens n’étaient-ils pas exercés ? Ne savaient-ils pas ce que c’est que le bien, ce que c’est que le mal ? C’est que, quand il parle de discerner le bien et le mal, il ne parle pas de ce discernement appliqué aux choses ordinaires de la vie. Ce discernement-là, le premier venu en est capable ; saint Paul parle ici de ce discernement qui distingue les hautes et sublimes doctrines des croyances fausses et abjectes. Le petit enfant ne sait pas distinguer les aliments bons ou mauvais, souvent il avale de la poussière, il prend une nourriture malsaine, il agit en tout sans discernement. Il n’en est pas ainsi de l’homme fait. Oui. : ce sont des enfants, ces hommes qui croient sans réfléchir à tout ce qu’on leur dit, qui prêtent indifféremment l’oreille à tous les discours ; saint Paul reproché ici à ses auditeurs dé tourner à tout vent, de prêter l’oreille tantôt à l’un, tantôt à l’autre. – C’est-ce qu’il finit par faire entendre, lorsqu’il dit : « Ne vous laissez pas séduire par toutes sortes de doctrines étranges ». Et il sous-entend : « Si vous voulez distinguer le bien du mal » ; car c’est le palais qui juge des mets, et c’est l’âme qui juge des paroles.
4. Et nous aussi, instruisons-nous, En apprenant que cet homme n’est ni gentil, ni juif, n’allez pas en conclure qu’il est chrétien. Car les manichéens et les hérétiques de toutes sortes ont pris le masque du christianisme pour tromper les âmes simples. Mais, si nous sommes exercés à distinguer le bien du mal, nous pourrons appliquer ici notre discernement. Or quels moyens avons-nous de nous exercer ? Nous n’avons qu’à écouter sans cesse la parole de Dieu, et qu’à nous fortifier dans la connaissance de l’Écriture sainte. Quand nous vous aurons mis devant les yeux l’égarement de ces hérétiques, quand aujourd’hui vous aurez entendu parler de leurs erreurs, quand demain vous serez convaincu de la fausseté de leurs doctrines, il ne vous restera plus rien à apprendre, il ne vous, restera plus rien à connaître, et si aujourd’hui, vous ne comprenez pas ; vous comprendrez demain. « Ceux », dit-il, « dont les sens sont exercés ». Voyez-vous comme nos oreilles doivent s’habituer à ces enseignements divins, pour se refuser à entendre des doctrines étrangères ? « Nous devons être exercés », dit l’apôtre, « à discerner le bien et le mal » ; c’est-à-dire, que nous de vous être habiles à distinguer l’un de l’autre. L’un ne croit pas à la résurrection ; l’autre ne croit pas à la vie future ; un autre dit qu’il y a un autre Dieu ; un autre dit que Jésus-Christ tire son principe de Marie. Voyez comme tous ces hérétiques sont tombés dans l’erreur, faute de garder une ; juste mesure. Les uns ont été trop loin ; les autres se sont arrêtés en route. En voulez-vous un exemple ? C’est Marcion qui a donné le signal de l’hérésie. Il a introduit un autre Dieu qui n’existe pas ; il est allé trop loin. Voici venir après lui Sabellius qui prétend, que le Père, le Fils et le Saint-Esprit rie font qu’une seule et même personne. Puis c’est l’hérésie de Marcellus et de Photin qui prêchent la même doctrine. Puis c’est l’hérésie de Paul de Samosate qui avance que Dieu n’a commencé à exister qu’en – sortant du sein de Marie. C’est ensuite l’hérésie des manichéens, qui vient après toutes les autres. Et puis c’est Arius ; et puis ce sont d’autres hérésies encore.
C’est pour cela que nous avons reçu la foi, c’est afin que nous ne soyons pas obligés de nous jeter dans ces hérésies saris nombre ; c’est afin que, nous n’en soyons pas le jouet et les victimes ; c’est afin que nous regardions comme faux tout ce qu’on pourrait ajouter ou retrancher aux articles de la foi. Ceux qui admettent les mesures légales ne sont pas obligés de recourir laborieusement à une foule de poids et de mesures arbitraires ; ils veulent que l’on s’en tienne aux mesures établies ; il en est de même pour nos dogmes. Mais on ne veut pas faire attention aux saintes Écritures. Si nous y faisions attention, non seulement, nous ne tomberions point dans l’erreur, mais nous délivrerions les hommes abusés et nous les tirerions du péril. Un brave soldat, en effet, n’est pas bon pour lui seul ; il sait défendre le camarade qui est près de lui et le soustraire aux coups de l’ennemi. Mais aujourd’hui on ne connaît pas les saintes Écritures, malgré toutes les précautions prises par le Saint-Esprit pour que ce dépôt conservé. Remontez jusqu’aux premiers temps, et apprenez à connaître l’ineffable bonté de Dieu. C’est lui qui a inspiré Moïse, qui a fait graver ses commandements sur les tables de la loi, qui l’a retenu à cet effet quarante jours sur la montagne ; qui l’y a retenu quarante jours encore pour publier sa loi. (Ex. 23) Puis il a envoyé des prophètes qui ont subi des épreuves sans nombre. Voilà la guerre allumée, les prophètes morts ; les livres brûlés ! Dieu inspire un autre législateur admirable Esdras. pour exposer sa loi et pour en rassembler les débris. Puis il l’a fait interpréter par les Septante.
Le Christ arrive, il prend les tablettes de la loi, les apôtres vont la publier partout. Le Christ fait