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salut, la parole que le Seigneur a d’abord laissé tomber de sa bouche et qui nous a été confirmée par ceux qui l’ont entendue ? » Pourquoi donc devons-nous nous attacher davantage à ce que nous avons entendu ? Est-ce que les deux doctrines ne viennent pas de Dieu ? Est-ce une attention plus grande que jamais, ou une grande attention qu’il faut ici ? Il n’y a pas là de comparaison, à Dieu ne plaise ! Mais comme l’Ancien Testament devait à sa longue existence une grande autorité, tandis que l’autre était dédaigné comme nouveau, il montre surabondamment qu’il faut être surtout attentif au Nouveau Testament. Comment fait-il pour cela ? Ce qu’il dit revient à ceci Les deux doctrines viennent de Dieu ; mais non de la même manière. Cette vérité, il nous la démontre plus tard. Pour le moment il ne fait qu’y toucher superficiellement et il nous prépare à l’entendre ; mais plus tard, il devient plus clair et il dit : « Si la première loi eût été sans défaut », puis encore : « Ce qui est ancien et vieux est bien près de périr » et beaucoup d’autres choses semblables. Mais il n’ose encore rien dire de tel en commençant son épître ; il s’empare d’abord à l’avance de son auditeur et le captive, à force de préparations. Pourquoi donc devons-nous nous attacher davantage à ce que nous avons entendu ? Il nous le dit : « C’est pour que nous ne passions pas comme l’onde » ; c’est-à-dire, pour que nous ne périssions pas, pour que nous ne tombions pas. Et il nous montre ici le danger de la chute, quand elle arrive par notre négligence, en nous mettant sous les yeux cette eau qui coule et qui remonterait difficilement à sa source. Il emprunte son expression au livre des Proverbes : « Mon fils », y est-il dit, « ne passez pas comme l’onde ». Il nous montre combien il est facile de glisser et combien il est dangereux de tomber, c’est-à-dire combien la désobéissance est périlleuse.
En raisonnant ainsi, il nous montre la grandeur du châtiment. Ce châtiment il le livre à nos recherches sans tirer de conclusion expresse. C’est un moyen de faire accepter sa parole que de ne pas toujours porter soi-même un jugement et de laisser à l’auditeur le soin de prononcer : c’est là un moyen de se concilier sa bienveillance. C’est ce que fait dans l’Ancien Testament le Prophète Nathan ; c’est ce que fait le Christ dans l’Évangile selon saint Matthieu, en ces termes : « Que fera-t-il aux cultivateurs de cette vigne ? » Il force ainsi les auditeurs à prononcer eux-mêmes. Voilà le triomphe de la parole ! Puis, après avoir dit : « Si la parole des anges a été confirmée », il n’ajoute pas : A plus forte raison celle du Christ le sera. Il omet cette conclusion et se contente de dire : « Comment éviterons-nous le châtiment, si nous négligeons un tel moyen de salut ? » Et suivez la comparaison dans ses détails. Là, c’est la « parole des anges » ; ici c’est ce qui est annoncé par le Seigneur. Là c’est « la parole » ; ici c’est le « salut ». Et, pour qu’on ne vienne pas lui dire : Ces paroles, ô Paul, sont-elles bien celles du Christ ? il prévient l’objection et montre qu’il est digne de foi. Il le prouve, en disant qu’il a entendu lui-même ce qu’il rapporte ; il le prouve, en s’appuyant sur Dieu lui-même dont il est l’écho et qui parle non seulement avec sa voix retentissante qui traverse les airs, comme du temps de Moïse, mais en se manifestant par les prodiges et par les événements.
4. Mais que veulent dire ces mots : « Si la parole transmise par les anges a été confirmée ? » Dans l’épître aux Galates aussi, il dit : « Donné par le ministère des anges et par l’entremise du médiateur », et ailleurs : « Vous avez reçu la loi par l’intermédiaire des anges et vous ne l’avez pas gardée ». (Gal. 3,19 ; et Act. 7,53) Et partout il est dit que c’est par le moyen des anges qu’elle est donnée. Il y en a qui disent qu’il est fait ici allusion à Moïse ; mais cette assertion n’est pas fondée, car il est ici question de plusieurs anges, et ces anges sont ceux qui habitent le ciel. Que dire ? Serait-il ici purement et simplement question du décalogue ? Là c’était Moïse qui parlait et Dieu qui répondait. Veut-on dire que les anges étaient là par l’ordre de Dieu ? Serait-il question de tout ce qui se dit, de tout ce qui se passe dans l’Ancien Testament, comme si les anges y avaient pris part ? Mais pourquoi lisons-nous ailleurs que la loi a été donnée par Moïse, tandis qu’ici elle est donnée par les anges ? Car il est dit : Et Dieu est descendu dans une nuée.
« Si la parole transmise par les anges s’est enfermée ». Que veut dire « confirmée ? » Fidèlement vérifiée, parce que tout ce qui a été dit est arrivé en son temps. Cela pourrait signifier encore que la puissance de cette parole s’est révélée, et que les menaces de Dieu ont eu leur plein et entier effet. Peut-être encore « parole » a-t-il ici le sens de commandements. Car, en dehors de la loi, un grand nombre d’ordres émanés de Dieu ont été transmis par les anges, à l’époque du deuil par exemple, au temps des Juges et de Samson. Voilà pourquoi c’est le mot « parole » et non le mot « loi » qui est ici employé. Mais, selon moi, Paul entend peut-être ici ce qui s’est fait par le ministère des anges. Partant, que devons-nous dire ? Il y avait alors des anges commis à la garde de la nation tout entière qui était avertie par leurs trompettes retentissantes ; à eux de susciter les flammes et d’évoquer les ténèbres. « Toute » transgression, « toute » désobéissance recevait « sa juste récompense ». Il ne dit pas telle ou telle transgression, mais « toute » transgression. Ici nulle injustice ne restait impunie et « juste « récompense » veut dire ici châtiment. Mais pourquoi dit-il récompense ? C’est une habitude de Paul de ne pas faire grand cas des paroles, et d’employer en mauvaise part celles qui se prennent d’ordinaire en bonne part et réciproquement. Ainsi il dit ailleurs : « Asservissant toute intelligence à la parole du Christ ». Ailleurs encore il a substitué le mot de récompense à celui de châtiment, et dans le passage suivant, le châtiment devient une rétribution. « S’il est juste », dit-il, « aux yeux de Dieu qu’il rétribue ceux qui vous affligent en les affligeant, et vous qui êtes affligés, en vous donnant la paix ! » (2Thes. 1,6-7) C’est-à-dire, la justice n’a pas perdu ses