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commencé sa fortune. Il faut en effet faire d’abord ce que nous pouvons, Dieu agit ensuite. Quant à là compassion et à la sollicitude dont il a fait preuve, en voici un exemple : Il vit, dit l’Écriture, les eunuques mis dans les fers par Pharaon, c’étaient le grand échanson et le grand panetier. « Pourquoi », leur demanda-t-il,« vos visages sont-ils tristes ? » (Gen. 40,7) Leur conduite à son égard non moins que ses paroles, prouve sa vertu. Ils ne l’ont ni méprisé parce qu’ils étaient serviteurs du roi, ni repoussé parce qu’ils étaient tristes et affligés, mais ils lui ont raconté toute leur histoire comme à un véritable frère qui savait compatir à toutes les souffrances. Si je suis entré dans ces développements, c’est pour montrer que l’homme vertueux, quand il serait esclave, quand il serait prisonnier, quand il serait dans les fers, quand il serait sous la terre, ne trouvera jamais rien qui puisse triompher de lui.
Voilà ce que j’avais à dire aux esclaves, pourquoi ? Parce que, eussent-ils pour maître une bête sauvage comme l’Égyptien, féroce comme le gardien d’une prison, il leur sera cependant possible dé les fléchir. Quand leurs maîtres seraient des gentils comme ceux-ci, ils trouveront toujours le moyen de les adoucir. C’est qu’il n’y a rien de plus avenant que les bonnes mœurs, rien de plus agréable et de plus doux qu’un caractère facile, obéissant et ami des convenances : quand on a ces qualités on plaît à tout le monde ; quand on a ces qualités, on ne rougit ni de l’esclave ni de la pauvreté, ni de l’impuissance, ni de la maladie ; car la vertu triomphe de tout, est supérieure à tout. Que si les esclaves ont ainsi tant de force, combien plus encore n’en auront pas les hommes libres l Appliquons-nous donc à mener une telle vie que nous soyons libres ou esclaves, hommes ou femmes. Par là nous serons aimés de Dieu et des hommes, non des hommes vertueux seulement, mais encore des méchants, et de ceux-ci surtout ; car ce sont ceux-ci qui honorent et respectent Le plus la vertu. Les esclaves ne tremblent-ils pas davantage sous des maîtres modérés ? Il en est de même des méchants à l’égard des bons, car ils voient de quels biens ils se privent eux-mêmes. Puis donc que la vertu offre de si grands avantages, suivons-la. Si nous l’acquérons, nous ne trouverons plus rien de pénible, tout nous sera facile, tout nous sera léger. Quand nous devrions passer soit au milieu des flammes, soit au milieu des flots, tout cédera à la vertu, jusqu’à là mort elle-même. Qu’elle excite donc notre émulation et nos efforts pour que nous obtenions les récompenses futures en Jésus-Christ Notre-Seigneur.

HOMÉLIE V.

CAR LA GRACE DE DIEU, SALUTAIRE A TOUS LES HOMMES, A ÉTÉ MANIFESTÉE. NOUS ENSEIGNANT QUE, EN 8ENONÇANT A L’IMPIÉTÉ ET AUX PASSIONS MONDAINES, NOUS VIVIONS DANS CE PRÉSENT SIÈCLE SOBREMENT, JUSTEMENT ET RELIGIEUSEMENT ; EN ATTENDANT LA BIENHEUREUSE ESPÉRANCE ET L’AVÈNEMENT DE LA GLOIRE DU GRAND DIEU ET NOTRE SAUVEUR JÉSUS-CHRIST, QUI S’EST DONNÉ LUI-MÊME POUR NOUS, AFIN DE NOUS RACHETER DE TOUTE INIQUITÉ ET DE NOUS PURIFIER, POUR LUI ÊTRE UN PEUPLE QUI LUI APPARTIENNE EN PROPRE, ET QUI SOIT ZÉLÉ POUR LES BONNES ŒUVRES. (II, 11, 12, 13, 14, JUSQU’A III, 7)

Analyse.

  1. Effets de la grâce de Dieu. – Passions mondaines.
  2. Contre la cupidité et l’avarice. – Contre ceux qui soutiennent que le Fils est moindre que le Père.
  3. Qu’il ne faut pas user de propos injurieux.
  4. État du monde avant Jésus-Christ, et à ce propos, histoire d’Androgée et de Minos.
  5. Nous devons porter tout le monde à la vertu, quelque outrage qu’on nous fasse. – On doit être plus soigneux des maladies de l’âme que de celles du corps.

1. Après avoir exigé des serviteurs une grande vertu (car c’est une grande vertu que d’être en toutes choses un ornement pour la doctrine de Dieu notre Sauveur, et que de ne donner à ses maîtres aucune occasion de se plaindre même pour les plus petites choses), l’apôtre donne