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emparé par fraude du champ d’un tel, songeons à ce que nous faisons nous-mêmes et nous ne condamnerons pas les autres, et nous admirerons Dieu pour sa patience, et nous ne nous indignerons pas de ce que le jugement de Dieu ne fond pas sur eux aussitôt, et nous-mêmes nous serons moins prompts à faire le mal. Nous voyant sujets aux mêmes péchés que les autres, au lieu de nous indigner de leur conduite, nous nous éloignerons nous-mêmes des péchés et nous obtiendrons les biens futurs en Jésus-Christ Notre-Seigneur, à qui, en même temps qu’au Père et au Saint-Esprit, gloire, empire, honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.




HOMÉLIE IV.

FORTIFIEZ-VOUS DONC, Ô MON FILS, PAR LA GRÂCE QUI EST EN JÉSUS-CHRIST ; ET LES CHOSES QUE VOUS AVEZ APPRISES DE MOI, AVEC DE NOMBREUX TÉMOINS, CONFIEZ-LES AUX HOMMES FIDÈLES QUI SERONT CAPABLES D’EN INSTRUIRE D’AUTRES. POUR VOUS, SOUFFREZ COMME UN BON SOLDAT DE JÉSUS-CHRIST, CELUI QUI EST ENRÔLÉ DANS LA MILICE NE S’EMBARRASSE POINT DANS LES AFFAIRES SÉCULIÈRES POUR NE S’OCCUPER QU’À PLAIRE À SON GÉNÉRAL. CELUI QUI COMBAT AUX JEUX, N’EST COURONNÉ QUE S’IL COMBAT SUIVANT LA LOI. LE LABOUREUR QUI TRAVAILLE DOIT LE PREMIER AVOIR PART À LA RÉCOLTE DES FRUITS. COMPRENEZ BIEN CE QUE JE VOUS DIS, QUE LE SEIGNEUR VOUS DONNE L’INTELLIGENCE EN TOUTES CHOSES. (II, 1-7)



Analyse.
  1. Garder le dépôt précieux de la foi. – Comparaisons du soldat, de l’athlète, du laboureur.
  2. La parole de Dieu n’est pas enchaînée.
  3. et 4. Sur la terre ne se trouvent ni la vraie gloire ni les vrais biens. – Parallèle de saint Paul avec Néron.

1. Une chose qui donne beaucoup de confiance dans la tempête à un disciple, c’est que son maître ait fait naufrage et se soit sauvé du péril. Il comprendra désormais que les orages n’arrivent point par le fait de son ignorance, mais par la nature même des choses ; ce qui est très-important pour savoir se conduire dans ces rencontres. À la guerre, l’officier d’un rang inférieur s’encourage aussi à la vue de son général qui, après avoir été blessé, reprend ses forces avec le commandement. De même c’était une consolation pour les fidèles de voir l’apôtre souffrir tant de maux sans en être aucunement ébranlé ; autrement il n’aurait pas ainsi raconté ses souffrances. Timothée, en apprenant que celui qui avait tant de pouvoir et qui avait conquis le monde, était dans les fers et dans la tribulation, et qu’il ne s’aigrissait ni ne s’indignait point même lorsque les siens l’abandonnaient, Timothée aurait beau souffrir lui-même des maux semblables, il ne pourrait plus les attribuer à la faiblesse humaine ni à son propre état de disciple, et à son infériorité à l’égard de saint Paul ; puisque son maître y était lui-même sujet, il devait nécessairement croire qu’ils étaient inhérents à la nature des choses. D’ailleurs l’apôtre agissait de la sorte et racontait ses souffrances pour affermir son disciple et relever son courage. Aussi après avoir raconté ses tribulations et ses épreuves, il conclut en disant : « Vous donc, mon fils, fortifiez-vous dans la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Que dites-vous, saint apôtre ? Vous nous avez fait trembler de crainte, vous nous avez dit que vous étiez dans les fers et dans la tribulation, et que tous se sont détournés de vous ; et comme si vous aviez dit au contraire que vous n’avez point souffert, que personne ne vous a délaissé, vous concluez : « Vous donc, mon fils, fortifiez-vous » ; est-ce conséquent ? Certainement, car ces épreuves de l’apôtre sont de nature à fortifier son disciple plus encore que l’apôtre même. Si je souffre ces choses, pourrait dire saint Paul, à plus forte raison devez vous les souffrir. Le maître les souffre, et le disciple en serait exempt ? Et cet encouragement, il le lui donne avec beaucoup de tendresse, en l’appelant fils et même « mon fils ». Si vous êtes mon fils, imitez donc votre père ; si