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Ne voyez-vous pas combien chaque jour Dieu est blasphémé ? - Combien il est outragé par les infidèles et par les chrétiens, en paroles et en actions ? Eh bien ! a-t-il pour cela éteint le soleil, voilé la lune, brisé le ciel, bouleversé la terre, desséché la mer, fait disparaître les sources des eaux, troublé les airs ? Nullement, mais il fait au contraire lever le soleil, tomber la pluie, pousser les fruits, et il nourrit chaque année les blasphémateurs, les insensés, les criminels, les persécuteurs, non un jour ni deux ou trois jours, mais durant toute leur vie. Imitez-le, efforcez-vous de le faire suivant l’humaine puissance. Vous ne pouvez pas faire lever le soleil ? Ne dites pas de mal de vos ennemis. Vous ne pouvez leur donner la pluie ? Ne les injuriez pas. Vous ne pouvez les nourrir ? Ne les insultez pas dans l’ivresse. De votre part ces bienfaits suffiront. En Dieu, la bienfaisance envers les ennemis se manifeste par des actes ; manifestez-la du moins par des paroles : priez pour votre ennemi, et ainsi vous serez semblable à votre Père qui est dans les cieux. Mille fois nous avons parlé de ce sujet, et nous ne cessons point de le faire ; que seulement il s’opère quelque progrès. Nous ne nous engourdissons point, nous ne nous lassons point de parler, nous ne nous décourageons point, vous seulement ne paraissez pas vous dégoûter de nous entendre. Or, on paraît se dégoûter quand, on ne tient nul compte des discours que l’on entend, car celui qui s’y conforme, veut les entendre encore, n’y trouvant point un sujet d’ennui, mais des éloges. Le dégoût ne vient que de ce qu’on n’observe point ce qu’on entend ; c’est ainsi que le prédicateur devient à charge.
Dites-moi, si un homme fait l’aumône et entend un sermon sur l’aumône, non seulement il n’hésite pas à venir l’écouter, mais il s’y plaît comme si l’on racontait et publiait ses bonnes actions. De même, nous aussi, c’est parce que nous n’avons nulle patience, parce que nous ne pratiquons point cette vertu, que nous montrons de l’aversion pour de tels discours ; si notre pratique y était conforme, ne nous déplairaient pas. Si donc vous ne voulez pas que nous vous soyons à charge et odieux, conformez-vous à nos avis, montrer le par vos actions, car nous ne cesserons poil de revenir sur le même sujet jusqu’à ce que vous soyez convertis. Oui, c’est par zèle et te dresse pour vous que nous agissons ainsi c’est aussi à cause du péril qui nous mena nous-même. Le trompette doit sonner : quand nul ne marcherait à l’ennemi, il remplit son devoir. Ce n’est donc pas pour aggraver votre châtiment que nous agissons ainsi, mais pour dégager notre responsabilité. Ensuite notre charité pour vous nous anime ; nos entrailles sont saisies et déchirées, quand de tels péchés se produisent. Mais qu’il n’en soit point ainsi. Ce que nous vous demandons là n’exige ni dépense, ni longue route, ni sacrifice de richesses ; il ne faut que vouloir, qu’un mot, qu’un acte de volonté. Gardons notre bouche, mettons-y une porte et un verrou, afin de ne pas prononcer une parole qui déplaise à Dieu. C’est notre intérêt même plutôt que l’intérêt de ceux pour qui nous prions. Réfléchissons que celui qui bénit son ennemi se bénit lui-même, et que celui qui le maudit se maudit lui-même ; que celui qui prie pour son ennemi prie pour soi plutôt que pour lui\x + \xt Lc. 6,28\x*. C’est ainsi que nous pourrons réaliser ce progrès et obtenir les biens promis, que je souhaite à tous, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui soient au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, à présent et toujours, et aux siècles des siècles, Ainsi soit-il.

HOMÉLIE VII.


AFIN QUE NOUS MENIONS UNE VIE PAISIBLE ET TRANQUILLE, EN TOUTE PIÉTÉ ET RETENUE. CAR VOILÀ CE QUI EST BEAU ET DIGNE, AUX YEUX DE DIEU NOTRE SAUVEUR, QUI VEUT QUE TOUS LES HOMMES SOIENT SAUVÉS ET ARRIVENT A RECONNAÎTRE LA VÉRITÉ. (II, 2-4 JUSQU’À 7)

Analyse.

  • 1. II y a trois sortes de guerres, celle que nous font les étrangers, celle que les concitoyens se font entre eux, celle que nées nous faisons à nous-même : celle-ci est la pire des trois.