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  • 4. Contre l’avarice. – Les richesses et les épines ; les riches et les chameaux. – Il faut, par tous les moyens, extirper de nos âmes l’amour des richesses. – Contre les riches qui viennent s’étaler dans les églises. – Texte d’une verve admirable sur les riches qui croient faire grand honneur à Dieu. – De la lecture de l’Écriture sainte.


1. Grand nombre d’hommes ont bon espoir ; ce n’est pas qu’ils s’abstiennent du péché, mais c’est qu’ils regardent la géhenne comme moins rigoureuse qu’on ne le dit. Ils la croient plus douce que les menaces ne l’annoncent ; temporaire, non éternelle, et ils font là-dessus beaucoup de dissertations. Quant à moi, non seulement je ne la crois pas plus douce que les menaces ne nous l’annoncent, mais je la crois beaucoup plus terrible, et j’en puis donner un grand nombre de preuves, et conclure ce qui en est, des paroles mêmes qui nous annoncent la géhenne. Toutefois, je n’en veux rien faire, quant à présent ; il suffit de la crainte, inspirée par les seules paroles, quand même nous n’en expliquerions pas le sens. Non, l’enfer n’est pas temporaire : écoutez ce que dit Paul de ceux qui ne veulent pas connaître Dieu, qui ne croient pas à l’Évangile. Ceux-là seront punis d’une mort éternelle. Ce qui est éternel peut-il être temporaire ? « Confondus », dit l’apôtre, «, par la face du Seigneur ». Il indique par là la promptitude irrésistible du supplice. Ces riches si orgueilleux, il ne faut pas, dit l’apôtre, déployer contre eux un grand effort : il suffit que Dieu se présente et se montre, et les voilà tous eu proie aux châtiments, au supplice. La présence du Seigneur sera, pour les uns, la lumière ; pour les autres, le supplice.
« Et par la gloire », dit l’apôtre, « de sa puissance, lorsqu’il viendra pour être glorifié dans ses saints, et pour se faire admirer dans tous ceux qui auront cru en lui ». Que dites-vous ? Dieu sera glorifié ? Sans doute ; « dans tous ses saints », dit l’apôtre. Comment cela ? Quand ces orgueilleux, dit-il, verront ceux qu’ils frappaient, qu’ils méprisaient, qu’ils raillaient, se tenir auprès de Dieu, c’est alors qu’apparaîtra la gloire de Dieu, ou plutôt, et la gloire des élus, et la gloire de Dieu ; du Dieu, qui ne les a pas abandonnés, qui les a rendus glorieux et illustres ; et la gloire des élus, qui auront été jugés dignes d’un si grand honneur. Comme ils composent sa richesse, parce qu’ils sont fidèles, de même ils sont sa gloire parce qu’ils vont entrer dans la possession de ses biens. La gloire du bien suprême, c’est de pouvoir se répandre et se communiquer. « Et pour se faire admirer dans tous ceux qui auront cru en lui » ; c’est-à-dire, par le moyen de ceux qui auront cru en lui. Voici encore une fois le mot « dans », signifiant « par le moyen de ». C’est par le moyen de ces fidèles que Dieu se rend admirable. En effet, quand ceux qui étaient dans la misère, dans l’abjection, éprouvés par des maux innombrables et qui ont gardé la foi, sont élevés par lui à une gloire si éclatante, c’est alors que sa puissance se montre. Ils paraissaient abandonnés, et les voilà dans la jouissance, dans la plénitude de la gloire. C’est alors surtout que se montre toute la gloire de Dieu et sa puissance. Comment cela maintenant ? Écoutez les paroles qui suivent : « Puisque le témoignage que nous avons rendu à la parole a été reçu dans l’attente de ce jour-là. C’est pourquoi nous prions sans cesse pour vous ». Ce qui veut dire Quand on voit apparaître des fidèles qui ont souffert des maux sans nombre pour ne pas abandonner leur foi ; quand ils ont résisté ; quand ils ont cru, Dieu est glorifié, et c’est alors que se montre aussi la gloire des fidèles. Un grand nombre simulent la foi, aussi ne dites de personne qu’il est bienheureux ; attendez la mort ; car c’est en ce jour que se montrent ceux qui ont cru : « C’est pourquoi nous prions sans cesse pour vous, et nous demandons à notre Dieu qu’il vous rende dignes de sa vocation, qu’il accomplisse, par sa puissance, tous les desseins favorables de sa bonté sur vous et l’œuvre de votre foi (44) ».
« Qu’il vous rende dignes », dit l’apôtre, « de sa vocation », montrant par là qu’un grand nombre ont été rejetés. Voilà pourquoi il ajoute : « Qu’il accomplisse tous les desseins favorables de sa bonté ». Car celui qui était recouvert de bâillons, a été, lui aussi, appelé, mais il n’est pas resté fidèle à sa vocation. D’où il résulte que ce malheureux ne s’est trouvé que plus écarté de la chambre de l’Époux. Il y avait cinq vierges qui furent appelées. « Levez-vous », dit l’Écriture, « voici l’Époux » (Mt. 25,6) ; et elles s’apprêtèrent, mais elles ne sont pas entrées. Donc, pour bien faire entendre la vocation dont il parle, l’apôtre ajoute : « Et qu’il accomplisse tous les desseins favorables de sa bonté sur vous et l’œuvre de votre foi par sa puissance ».