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Quand un puissant veut écraser un faible, n’avons-nous pas coutume de dire : Vous ferez, en vérité, une noble action en détruisant ce malheureux, en le tuant ! vous y gagnerez gloire et profit ! Et cette réflexion suffit pour calmer sa colère. Contre les riches, au contraire, l’envie se lève, et poursuit son œuvre sans paix ni trêve jusqu’à l’accomplissement de tous ses désirs, jusqu’à l’effusion de tout son venin.

Voyez-vous comme le bonheur ne se trouve ni dans la pauvreté, ni dans les richesses, mais dans notre cœur et dans ses désirs ? Sachons seulement le dominer ; formons-le aux leçons de la sagesse. S’il est bien disposé, ni les richesses ne pourront nous exclure du céleste royaume, ni la pauvreté ne nous amoindrira : notre courage à la supporter empêchera qu’elle ne puisse nous nuire soit dans la conquête des biens futurs, soit même dans ceux de la vie présente. Celle-ci ne sera pas sans jouissance, et la possession des éternelles joies nous sera garantie. Puissions-nous en devenir dignes, etc.

HOMÉLIE III.

JE M’EN RÉJOUIS ET JE M’EN RÉJOUIRAI TOUJOURS. – CAR JE SAIS QUE L’ÉVÈNEMENT M’EN SERA SALUTAIRE, PAR VOS PRIÈRES, ET PAR L’INFUSION DE L’ESPRIT DE JÉSUS-CHRIST. – SELON LA FERME ESPÉRANCE OÙ JE SUIS QUE JE NE RECEVRAI PAS LA CONFUSION D’ÊTRE TROMPÉ EN RIEN DE CE QUE J’ATTENDS ; MAIS QUE PARLANT AVEC TOUTE SORTE DE LIBERTÉ, JÉSUS-CHRIST SERA ENCORE MAINTENANT GLORIFIÉ DANS MON CORPS, COMME IL L’A TOUJOURS ÉTÉ, SOIT PAR MA VIE, SOIT PAR MA MORT. (CH. 1,18-20)

Analyse.

  • 1 et 2. Charité et fermeté de saint Paul. – Des différentes espèces de vie.
  • 3. Sagesse de saint Paul.
  • 4. Exhortation au mépris de la mort, à la décence dans les funérailles, à la prière pour les trépassés.

1. Une âme grande et amie de la sagesse chrétienne ne peut être blessée par les misérables chagrins de cette vie, inimitiés, accusations, calomnies, périls, pièges, rien ne l’atteint. Réfugiée comme au sommet d’une haute montagne, elle est inaccessible à tous les traits qui partent de cette terre vile et abaissée. Telle était l’âme de Paul, qui avait pris position sur les plus hauts sommets, au faîte d’une sagesse toute spirituelle, d’une philosophie seule véritable. Les prétentions des sages du dehors ne sont que vains mots et jeux d’enfants. Mais nous n’avons pas à en parler nous-même : les oracles de Paul doivent seuls nous occuper.

Le bienheureux avait donc pour ennemi Néron, et, avec lui, d’autres âmes haineuses qui le poursuivaient par tous les traits les plus divers, les plus envenimés d’atroces calomnies. Que dit-il cependant ? « Loin d’en gémir, je m’en réjouis et m’en réjouirai, non pour un temps, mais pour toujours, car je sais qu’il en sortira pour moi le salut. Et comment la persécution ne me serait-elle pas salutaire, puisque les inimitiés et le faux zèle, en s’armant contre moi, favorisent la prédication ? »

« Grâce à vos prières », ajoute-t-il, « et par l’infusion de l’Esprit de Jésus-Christ selon mon attente et mon espérance ». Voyez l’humilité de ce grand saint. Au milieu des combats, après des bonnes œuvres sans nombre, tenant déjà la couronne, Paul, car c’était Paul, et n’est-ce pas tout dire ? Paul écrit aux Philippiens : Grâce à vos prières, je puis être sauvé, lorsque déjà des milliers d’actions saintes lui méritaient le salut. Il ajoute : « Par l’assistance de l’Esprit de Jésus-Christ », c’est-à-dire, si vos prières me méritent cette grâce. Car ce mot « assistance » signifie, si cet esprit m’est accordé pour aide et soutien, si l’esprit m’est donné plus abondamment, « pour le saint », pour la délivrance : ainsi pourrai-je échapper au danger présent comme au précédent