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vie éternelle, secouons notre lourd assoupissement, notre long sommeil. Il y a un jugement, il y a un châtiment, il y a une résurrection, il y a un examen des actions qui ont été faites. Le Seigneur vient au milieu des nuages. « Le feu s’enflammera en sa présence, et autour de lui éclatera une tempête violente ». (Ps. 49,3) Un fleuve de feu s’allonge devant lui, le ver qui ne meurt pas, le feu qui ne s’éteint pas, les ténèbres extérieures, le grincement de dents. Vous aurez beau vous récrier mille et mille fois encore, je continuerai ces discours. On lapidait les prophètes, ils ne se taisaient pas ; à bien plus forte raison ne devons-nous pas craindre de nous rendre odieux, ni rechercher les paroles qui vous plaisent, ni vous tromper, pour être nous-mêmes déchirés. Il y a là-bas un châtiment immortel, sans consolation possible ; nul pour nous protéger. « Qui aura pitié », dit l’Écriture, « de l’enchanteur mordu par le serpent ? » (Sir. 12,13) Si nous n’avons pas nous-mêmes pitié de nous, qui donc, je vous en prie, nous prendra en pitié ? À la vue d’un homme se frappant lui-même d’une épée, pensez-vous pouvoir jamais le ménager ? Non, sans doute ; et à bien plus forte raison quand nous pouvons nous bien conduire, et que nous nous conduisons mal, qui nous ménagera ? Personne. Ayons pitié de nous-mêmes ; quand il nous arrive d’adresser à Dieu cette prière : Ayez pitié de moi, Seigneur, n’oublions pas de nous dire à nous-mêmes aussi : Ayons pitié de nous-mêmes. Il ne tient qu’à nous de faire en sorte que le Seigneur ait pitié de nous, c’est un pouvoir que nous avons reçu de sa grâce. Si nous méritons sa pitié par nos actions, si nous méritons sa bonté, Dieu aura pitié de nous ; mais si nous n’avons pas pitié de nous-mêmes, qui donc nous ménagera ? Ayez pitié de votre prochain, et Dieu lui-même aura pitié de vous. Combien y en a-t-il qui vous disent chaque jour : Ayez pitié de moi, sans que vous vous retourniez seulement ? Combien de malheureux qui sont nus, manchots, mutilés, et nous sommes insensibles ; et de combien d’infortunés repoussons-nous les prières suppliantes ! Comment pouvez-vous espérer d’être pris en pitié, vous qui ne faites rien pour mériter la pitié ? Devenons donc miséricordieux, devenons donc doux et compatissants, afin d’être ainsi agréables à Dieu, et d’obtenir les biens promis à ceux qui l’aiment, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE X.


NOUS VOUS DEMANDONS, MES FRÈRES, DE RECONNAÎTRE CEUX QUI SE FATIGUENT PARMI VOUS, QUI VOUS GOUVERNENT SELON LE SEIGNEUR, ET QUI VOUS AVERTISSENT, ET D’AVOIR, POUR EUX, UNE AFFECTION SINGULIÈRE, À CAUSE DU TRAVAIL QU’ILS FONT ; CONSERVEZ LA PAIX AVEC EUX. (V, 12-18)


Analyse.

  1. Sur les difficultés que rencontre toujours celui qui gouverne, qui contrarient surtout l’action du prêtre. – De la dignité du prêtre, et des sacrifices auxquels il se soumet. – Droits du prêtre à la reconnaissance. – De la réprimande, quel en doit être le caractère. – Différentes espèces de dérèglements et de vices.
  2. Il faut toujours chercher le bien, rendre le bien, même pour le mal, se maintenir dans la joie, prier. – Les afflictions ne sont rien, c’est nous qui nous frappons nous-mêmes.
  3. Contre l’avarice, source de tous les maux. – Contre les vains prétextes qu’on allègue pour la justifier. – Désintéressement de Jacob, d’Abraham. – La sollicitude paternelle, le besoin d’assurer des ressources à ses enfants ne saurait en rien excuser l’avarice. – Ne profanons pas l’admirable institution de Dieu, l’amour paternel, en l’appliquant à la défense de la cupidité.
  4. Contre la rapine, le vol, le brigandage. Contre le mépris de l’homme pour l’homme. – L’avarice, plus effrontée, plus criminelle que le brigandage – Texte d’une verve admirable de vérité et de naturelle indignation.

1. Celui qui commande est nécessairement exposé à une multitude de petites rancunes ; de même que les médecins nécessairement chagrinent plus d’une fois les malades, en leur donnant et des aliments et des médicaments, désagréables sans doute, mais d’une