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pense qu’aux égards que vous devez à vos frères, il vous est également défendu de posséder les femmes des autres, et les femmes qui se trouvent non mariées, défendu d’avoir des femmes en commun. Toute espèce de fornication est interdite ; aussi ajoute-t-il : « Parce que le Seigneur est le vengeur de tous ces péchés ». Il leur a d’abord adressé une prière, il les a touchés par le sentiment de l’honneur, en disant : « Comme les païens » ; il entreprend ensuite de démontrer tout ce qu’il y a là de dérèglement ; c’est ce à quoi tend l’expression : « Ni n’augmente sa part, aux dépens de son frère ». Il ne reste plus qu’à dire le plus important, c’est ce que fait l’apôtre de cette manière : « Parce que le Seigneur est le vengeur de tous ces péchés, comme nous vous l’avons déjà déclaré et attesté ». En effet, nous ne commettrons pas impunément de pareilles actions, les plaisirs que nous goûterons ne compenseront pas les châtiments qui nous attendent. « Car Dieu ne nous a pas appelés pour être impurs, mais pour être saints (7) ».

Après avoir dit : « Aux dépens de son frère », il ajoute que le Seigneur punit ces outrages ; pour montrer que, quoique la personne lésée soit infidèle, Dieu punit l’impudicité, il ajoute, de plus, cette dernière raison qui revient à ceci : Ce n’est pas pour venger l’infidèle, que Dieu vous punira, mais parce que c’est lui-même que vous avez outragé ; c’est lui qui vous a appelé, et vous avez outragé ce Dieu qui vous appelle. Voilà pourquoi l’apôtre continue ainsi : « Donc l’outrage n’est pas un outrage à un homme, mais au Dieu qui nous a donné son Saint-Esprit (8) ». Par conséquent, soit que vous corrompiez, dit-il, une reine, soit que vous outragiez votre servante mariée, le crime est égal. Pourquoi ? parce qu’il ne venge pas les personnes qui ont été outragées, c’est lui-même qu’il venge ; quant à vous, vous vous êtes également souillé, vous avez également outragé Dieu. Car, des deux côtés, il y a adultère, puisque, des deux côtés, il y a mariage. Dans le cas même où vous ne commettriez pas d’adultère, quand vous vous livrez à la débauche, quoique la courtisane n’ait pas de mari, peu importe, Dieu exerce également la vengeance, parce qu’il se venge lui-même. Car vous montrez moins de mépris pour la personne outragée que pour Dieu. Ce qui le prouve, c’est que, dans ces moments-là, vous vous cachez de l’homme que vous offensez, tandis que vous ne pouvez dire que Dieu ne vous voit pas.

Répondez-moi : supposez un homme décoré de la pourpre par l’empereur, comblé d’honneurs par son souverain, un homme à qui sa dignité fait un devoir de mener une vie qui convienne à son rang, et cet homme s’en irait déshonorer une femme ; qui aurait-il outragé ? Cette femme ou l’empereur qui l’a fait ce qu’il est ? Sans doute cette femme aussi est outragée, mais quelle différence entre les outrages ! Aussi, je vous en conjure, gardons-nous de ces dérèglements. Nous punissons l’épouse qui habite avec nous et se livre à d’autres qu’à nous ; de même sommes-nous punis, nous aussi, non par les lois de Rome, mais par celles de Dieu. Car la débauche est un adultère. Il n’y a pas adultère seulement dans le cas d’une femme mariée, mais lorsque l’homme impudique est soumis au lien conjugal. Faites bien attention à mes paroles : je sais bien que mon discours est pénible à entendre pour le grand nombre, mais il est nécessaire pour que vous vous corrigiez. Ce qui constitue l’adultère, ce n’est pas seulement l’outrage que nous faisons à une femme mariée, mais quand nous nous adressons à une femme libre de tout engagement, et que nous sommes nous-mêmes liés à une femme, nous commettons un adultère. Pourquoi, puisque la femme impudique n’est pas enchaînée ? Mais vous êtes enchaîné, vous : vous avez transgressé la loi ; vous avez outragé votre propre chair. Car pourquoi, répondez-moi, punissez-vous la femme, dans le cas même où elle se livre à l’impudicité avec un homme libre de tout engagement, non marié ? C’est qu’il y a adultère. Cependant, l’homme impudique n’a pas de femme, mais c’est que la femme est enchaînée à un mari. Eh bien, vous, de votre côté, vous êtes enchaîné à une femme. De sorte que votre fait est également un adultère. « Quiconque aura », dit le Seigneur, « renvoyé sa femme, si ce n’est en cas d’impureté, la rend adultère ; et qui épouse la femme renvoyée, est adultère ». (Mt. 5,32) Si l’homme qui épouse la femme renvoyée est adultère, n’est-il pas vrai que l’homme marié, qui se livre à une courtisane, est bien plus adultère encore ? Voilà, certes, une vérité évidente pour tout le monde.

Que ces paroles vous suffisent, ô hommes car c’est pour de pareils dérèglements que le Christ dit : « Leur ver ne mourra point, leur