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mettre en garde non seulement contre l’hypocrisie, mais contre la paresse et la fainéantise. D’esclaves, il les rend libres, puisqu’ils n’ont pas besoin de la présence du maître. C’est ce que veulent d’ire ces mots « de bon cœur » ; ils signifient « avec bienveillance », non parce que l’esclavage vous y oblige, mais agissant en vertu de votre libre arbitre et de plein gré.
Et quelle sera leur récompense ? « Sachez », leur dit-il, « que c’est du Seigneur que vous recevrez l’héritage du ciel pour récompense ; c’est le Seigneur Jésus-Christ que vous devez servir ». C’est lui qui vous donnera votre salaire. Et voici la preuve que c’est Dieu que vous servez : « Celui qui agit injustement recevra la peine de son injustice ». Il confirme là ce qu’il a dit plus haut : Pour que ses paroles n’aient pas un faux air de flatterie, il recevra la peine de son injustice, dit-il ; c’est-à-dire, il sera châtié ; « car Dieu ne fait point acception de personne ». Qu’importe que vous soyez esclave ? Vous n’êtes point, pour cela, déshonoré devant Dieu. C’est aux maîtres que l’apôtre devait adresser ce langage, comme dans l’épître aux Éphésiens ; mais dans cette épître-là on dirait qu’il parle pour les maîtres qui étaient gentils. Qu’importe, en effet, que vous soyez chrétien, tandis que votre maître est païen ? Ce n’est pas ici une question de personne ; c’est une question de conduite. C’est donc avec bienveillance et de bon cœur que le serviteur doit faire son service.
« Vous, maîtres, rendez à vos serviteurs ce que l’équité et la justice demandent de vous ». Or, qu’est-ce que demandent la justice et l’équité ? Elles demandent que vous ne laissiez manquer de rien vos serviteurs ; elles demandent que vous ne les forciez point à avoir recours aux autres et que vous les récompensiez selon leurs travaux. On a dit qu’ils recevraient leur récompense de Dieu ; mais ce n’est pas une raison pour que leur maître les prive de leur salaire. Dans un autre endroit, saint Paul dit : « Ne les traitant point avec menaces ». (Eph. 6,9) Il voulait rendre les Éphésiens plus doux ; car, sous d’autres rapports, il n’y avait rien à dire contre eux. Ces mots : « Dieu ne fait point acception de personne », ont été dits pour les esclaves ; mais, en les leur adressant, il veut aussi que les maîtres les prennent pour eux. Quand nous disons, en effet, à une personne quelque chose qui s’appliquerait bien à une autre, c’est sur cette dernière personne principalement que tombe la réprimande. Vous êtes comme eux, dit-il aux maîtres. Vous avez, comme eux, un maître : « Sachez que vous avez aussi bien qu’eux un maître qui est dans le ciel ».
« Persévérez et veillez dans la prière, en « l’accompagnant d’actions de grâces ». Comme la persévérance dans la prière engendre parfois la lassitude, il leur recommande de veiller, c’est-à-dire, d’être attentifs à eux-mêmes et de ne pas se permettre les distractions et les divagations ; car le démon sait bien quels sont les fruits de la prière : il se tient donc là toujours aux aguets, et saint Paul sait, du reste, quelle froideur et quelle nonchalance on apporte souvent dans la prière. « Persévérez dans l’oraison », comme si l’oraison était un travail. « Veillez dans la prière, en l’accompagnant d’actions de grâces ». Regardez, dit-il, comme votre tâche et votre devoir de rendre grâces à Dieu par la prière, pour ses bienfaits évidents et cachés, pour ceux qu’il vous a prodigués sur votre demande et malgré vous, pour obtenir le royaume des cieux, pour éviter la géhenne, quand il vous afflige et quand il vous soulage. C’est ainsi que prient les saints ; c’est ainsi qu’ils rendent grâces à Dieu pour les bienfaits dont il comble tous les hommes.
3. Je me rappelle la prière d’un saint. Voici cette prière : Nous vous rendons grâces, Seigneur, pour tous les bienfaits dont vous n’avez cessé de nous combler, nous vos serviteurs indignes ; nous vous rendons grâces pour ces bienfaits, pour ceux que nous connaissons et pour ceux que nous ignorons, pour vos bienfaits visibles ou invisibles, pour le bien que vous nous avez fait par votre coopération ou par votre parole, pour celui que vous nous avez fait même malgré nous, pour celui que vous nous avez fait quoique nous en fussions indignes, pour les maux dont vous nous avez affligés, pour les consolations que vous nous avez données, pour les périls dont vous nous avez frappés, pour le royaume des cieux, notre héritage. Nous vous prions de nous conserver la pureté du cœur, la paix de la conscience, et de nous donner une fin digne de votre clémence. Vous, qui nous avez aimés au point de nous sacrifier votre Fils unique, daignez nous rendre dignes de votre amour, mettez la sagesse