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ςῶμα Χριστου, Jésus-Christ en est le corps, c’est-à-dire la réalité. D’autres lisent ainsi la fin de ce verset : « Que personne, en usant de supercherie, ne vous dérobe le prix de la course, qui est le corps du Christ ». Le mot καταβραβευθῆναι, en effet, employé ici, à ce qu’on prétend, et employé ailleurs par saint Paul, se dit d’un prix mérité par un athlète, et décerné à un autre par supercherie et par surprise. Dans votre lutte contre le démon et le péché, vous avez le dessus. Pourquoi donner encore au péché le pouvoir de vous terrasser ? Voilà pourquoi saint Paul disait dans son épître aux Galates : « Tout homme qui se fera circoncire est obligé de garder toute la loi » ; et dans un autre passage : « Jésus-Christ a-t-il donc jamais été un ministre de péché ? » (Gal. 5,3, et 2, 17) Lors donc qu’il a excité leur courage par ces mots : « Que nul ne vous ravisse le prix de votre course », il reprend ainsi : « En affectant de paraître humble par un culte superstitieux des anges, en parlant des choses qu’il n’a point vues », étant enflé par les vaines « imaginations d’un esprit charnel ». Ces expressions, « en affectant de paraître humble, étant enflé », font voir que toutes ces démonstrations sont de la vaine gloire. Mais quel est au total l’esprit de ce passage ? C’est qu’il y avait des gens qui disaient que ce n’était pas le Christ qui devait nous amener à Dieu, mais les anges, parce que la faveur d’être ramené par le Christ est trop au-dessus de nous, pour que nous puissions l’obtenir. Voilà pourquoi l’apôtre s’arrête si souvent sur les bienfaits du Christ, et retourne cette vérité en tous sens : « C’est par le sang du Christ versé sur la croix que nous avons été réconciliés ». (Col. 1, 20) « Parce qu’il a souffert pour nous, parce qu’il nous a aimés ». (Eph. 2,4) Et leur attention était encore fixée sur cette vérité. Il n’a pas dit : En affectant d’être ramenés par les anges ; mais il a dit : En affectant le culte des anges. « En parlant de ce qu’il n’a point vu ». Car il n’a pas vu les anges, mais il affecte l’émotion d’un homme qui les aurait vus. Aussi saint Paul ajoute-t-il, « étant enflé par les vaines imaginations d’un esprit charnel ». Cet imposteur prend le masque de l’humilité, c’est-à-dire qu’il a un esprit purement charnel, et qu’il n’a que des vues mondaines. « Et ne demeurant pas attaché à celui qui est la tête », il a tout ce qu’il faut pour vivre et pour bien vivre. Pourquoi donc négliger la tête pour s’attacher aux membres ? Une pareille négligence, c’est la mort. « La tête d’où dépend le corps entier ». Qui que vous soyez, c’est là que vous pouvez puiser la vie, c’est là que vous pouvez vous rattacher. Tant qu’elle possède cette tête, l’Église tout entière s’entretient et s’augmente. Là, point d’arrogance ni de vaine gloire, point d’invention humaine. « D’où dépend le corps entier ». – « D’où » désigne le Fils de Dieu, « qui, recevant son influence par les vaisseaux qui en joignent et lient toutes les parties, s’entretient et s’augmente par l’accroissement que Dieu lui donne ». Accroissement selon Dieu, progrès résultant d’un bon plan de vie. Si donc vous êtes morts avec Jésus-Christ ; voilà le moyen terme de son raisonnement, et ce moyen terme est doublement fort. « Si vous êtes morts avec le Christ aux premières instructions du monde, pourquoi jugez-vous comme si vous viviez dans le monde ? » La conséquence n’est pas rigoureuse. Il aurait dû dire : Pourquoi vous soumettez-vous à ces instructions, comme si vous viviez dans le monde ? Mais que dit-il ensuite ? « Ne touchez pas à telle chose ; ne goûtez point à ceci ; ne prenez pas cela, parce que l’usage que vous feriez de toutes ces choses vous serait pernicieux ; ils vous parlent ainsi selon des maximes et des doctrines humaines ».

2. Vous n’êtes pas dans le monde, dit-il, comment se fait-il que vous vous soumettiez aux principes du monde, aux observations des hommes ? Et voyez comme il se joue d’eux. Ne touchez pas à telle chose, dit-il, ne goûtez pas de ceci, ne prenez pas cela, comme si c’étaient là de grandes privations, « parce que l’usage que vous feriez de toutes ces choses vous serait pernicieux ». Il rabaisse ici l’orgueil d’un grand nombre de docteurs, et il ajoute : « Selon les ordonnances et les maximes humaines ». Oui : quand même il s’agirait de la Loi cette loi, ancienne, depuis le temps, n’est plus qu’une doctrine humaine. Peut-être aussi tient-il ce langage parce qu’ils altéraient et interprétaient à tort et à travers cette loi. Peut-être encore fait-il allusion aux gentils. Tout cela, dit-il, n’est que croyance et doctrine humaine. – « Qui ont néanmoins quelque apparence de sagesse dans une superstition et une humilité affectée, dans un rigoureux traitement qu’on fait au corps, et dans le