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toutes choses ». (Eph. 1,33) Le mot « corporellement » signifie que Jésus-Christ est à l’égard de l’Église ce que la tête est à l’égard du corps. Mais pourquoi n’a-t-il pas dit : La plénitude de la divinité qui est l’Église ? Quelques-uns prétendent que ces mots : « La plénitude de la divinité », désignent le Père : mais c’est à tort, parce que le mot « habiter », ne peut s’appliquer à Dieu, et parce que la plénitude n’est pas ce qui contient, mais ce qui remplit. « La terre et tout ce qui remplit la terre appartient à Dieu », dit le Psalmiste (Ps. 23,1) « Jusqu’à ce que toutes les nations qui remplissent la terre soient arrivées ». La réunion de toutes les parties, voilà la plénitude. Que veut dire « corporellement ! » Comme dans une tête. Pourquoi donc ces mots qui suivent : « Et c’est en lui que vous en êtes remplis ? » Que veulent dire ces mots ? Que vous n’êtes pas moins bien partagés que lui. Ce qui est venu habiter en lui, est venu habiter en vous. Paul en effet cherche toujours à nous associer au Christ ; c’est ce qu’il fait, quand il dit : « Il est ressuscité comme nous et nous a fait asseoir auprès de lui ». (Eph. 2,6) « Si nous persévérons, nous régnerons avec lui ». (2Tim. 2,12) « Ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ». (Rom. 8,32) Il va jusqu’à nous donner le nom de cohéritiers du Christ. « Et il est le chef de toute principauté et de toute puissance ». (Id. 17) Celui qui est supérieur à tous, celui qui est la source de toute puissance et de toute principauté, ne nous est-il pas aussi consubstantiel ?
Puis il parle des bienfaits du Christ en termes admirables, plus admirables même que dans l’épître aux Romains. Car dans l’épître aux Romains, il dit : « La circoncision est celle du cœur qui se fait par l’esprit et non selon la lettre ». Ici la circoncision se fait « par le Christ ». – « C’est en lui que vous avez été circoncis d’une circoncision, qui n’est pas faite de main d’homme, mais qui consiste « dans le dépouillement du corps des péchés que produit la chair, et qui est la circoncision du Christ (11) » – Voyez comme il serre toujours de près la vérité. Il dit : Le dépouillement « absolu », et non pas « le simple dépouillement ». Ce terme « du corps des péchés » fait allusion à l’ancienne vie que menaient les fidèles avant leur conversion. Il tourne et retourne toujours et de mille manières les mêmes idées. C’est ainsi qu’il disait plus haut.
« Qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres et nous a réconciliés avec Dieu qui s’était détourné de nous, afin que nous fussions saints et sans péchés ». (Col. 1,13) Ce n’est plus par le glaive, dit-il, que se fait la circoncision ; c’est par le Christ lui-même. Ce n’est pas, comme autrefois chez les Juifs, la main de l’homme, c’est l’esprit qui opère la circoncision ; et elle s’opère non sur une partie de l’homme, mais sur l’homme tout entier. Cela est un corps et ceci en est un autre ; mais pour le corps du vieil homme, il y a la circoncision charnelle ; pour vous, il y a la circoncision spirituelle qui n’a pas lieu comme chez les Juifs ; car ce n’est pas de votre chair que vous vous êtes dépouillés, c’est de vos péchés. Quand et comment ? Par le baptême. Et ce qu’il appelle circoncision, il l’appelle aussi sépulcre. Voyez comme il justifie ce qu’il vient de dire. Les péchés de la chair, sont ceux dont leur chair s’est rendue coupable. Cette circoncision nouvelle dont il parle est plus qu’une circoncision. Il ne se sont pas bornés à retrancher et à rejeter loin d’eux leurs péchés, ils les ont détruits, ils les ont anéantis. « Ayant été ensevelis avec vos péchés par le baptême, dans lequel vous avez été aussi ressuscités parla foi que vous avez eue en Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts (12) ». Il n’y a pas là seulement un tombeau ; voyez ce qu’il dit : « Dans lequel vous avez été aussi ressuscités par la foi que vous avez eue en Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts ». Et cela est juste. C’est la foi qui a tout fait. Vous avez cru que Dieu pouvait vous ressusciter et vous êtes ressuscités. Pour prouver que vous aviez raison de croire, il dit : « Qui l’a ressuscité d’entre les morts » ; puis il montre la résurrection baptismale : « Et lorsque vous étiez dans la mort de vos péchés et dans l’incirconcision de votre chair, il vous a fait revivre avec lui ». Car vous étiez soumis à la mort. Et quand même vous seriez morts, votre mort n’eût pas été imméritée. Voyez maintenant ce qu’ajoute saint Paul, pour montrer à ses auditeurs les peines qu’ils avaient méritées.
« Nous pardonnant tous nos péchés, il a effacé la cédule qui s’élevait contre nous par ses décrets, et il l’a détruite en l’attachant à sa croix ; et dépouillant les principautés et les puissances, il les a menés hautement en triomphe, à la face du monde (13-15)». – « Nous pardonnant »,